Devons nous copier les Européens ?


Walter Williams

Certains parmi nous regardent du côté des pays européens comme la France, l'Allemagne, la Scandinavie en suggérant que nous devrions adopter une partie des politiques économiques qui y sont menées. Je pense également qu'il est nécessaire que nous regardions du côté de l'Europe afin d'en tirer des leçons.

C'est bien ce qu'a fait le Dr. Daniel Mitchell, chercheur à l' Heritage Foundation, pour son article intitulé “Fiscal Policy Lessons from Europe.” Les dépenses publiques excèdent 50 % du PIB en France et en Suède, elles sont à plus de 45 % en Allemagne et en Italie, ce qui est à comparer avec le total des dépenses fédérales, des États et des dépenses locales aux États-Unis, lesquelles demeurent inférieures à 36 % du PIB.

Les dépenses publiques encouragent le peuple à compter sur la redistribution publique plutôt que sur l'initiative individuelle, ceci génère une très forte pression fiscale qui décourage le travail, l'épargne et l'investissement. Les résultats de l'hypertrophie étatique européenne ne sont donc pas surprenants. Le PIB par habitant en 2003 était de 39 700 dollars, presque 40 % supérieur à la moyenne du PIB par habitant dans les nations européennes qui se chiffre à 28 700 dollars.

Lors des dix dernières années le rythme de croissance de l'économie américaine a été deux fois plus rapide que celui des économies européennes. En 2006 le taux de chômage européen avoisinait les 8 % alors que la moyenne américaine était de 4,7 %. En outre, le pourcentage d'Américains au chômage depuis plus de 12 mois était de 12,7 % alors que ce même pourcentage était de 42,6 % en Europe.

Depuis 1970, 57 millions de nouveaux postes ont été créés aux États-Unis contre seulement 4 millions en Europe. Le Dr. Mitchell fait référence à une étude comparable réalisée par Timbro, un centre d'études suédois qui montre que les pays Européens en terme de niveau de vie sont au niveau des États américains les plus pauvres, tels que l'Arkansas ou le Montana et à peine au-dessus du niveau de la Virginie occidentale ou du Mississippi.

Le nombre moyen de mètres carrés par foyer en Europe est un peu inférieur à 300 m², alors qu'il est de 571 m² aux États-Unis, et que pour les foyers pauvres américains il est de 365 m².

En terme de revenus, de productivité, d'emploi, d'investissement en R&D, l'association européenne des Chambres de commerce et d'Industrie, Eurochambres, estime que deux décennies seraient nécessaires pour rattraper le niveau américaine, en supposant que ce même niveau n'augmente pas en 20 ans.

Nous n'avons même pas besoin de toutes ces statistiques pour souhaiter ne pas vouloir copier l'Europe. Il suffit de constater les chiffres de l'émigration et des flux de capitaux. Quelques 400 000 diplômés européens en science et en technologie vivent aux États-Unis. L'émigration européenne vers les États-Unis a augmenté de 16 % pendant les années 90. En 1980, l'institut d'analyse économique a estimé les investissements directs vers les États-Unis à 127 milliards de dollars, aujourd'hui nous en sommes à plus de 1 700 milliards. En 1980, les investissements de portefeuille investis aux États-Unis étaient de 90 milliards de dollars que ce soit en titres de l'État ou en titres privés. Ils sont aujourd'hui de plus de 4 600 milliards, dont la plus grande partie provient d'Europe, estimant le climat d'affaire plus clément que dans leur continent d'origine.

Quelle est la réponse européenne à ce malaise économique ? Les gouvernements ne prennent pas la peine d'abroger les lois qui créent un climat d'investissement défavorable. Au lieu de cela, ils s'inquiétent, à travers l'OCDE, de la concurrence fiscal des pays qui ont fait le choix du moins d'impôts. Mais pourquoi ? Parce que pour financer leur État-Providence, les nations européennes doivent conserver un fort niveau d'imposition, mais les européens eux-mêmes peuvent faire le choix de s'installer ailleurs, de délocaliser leurs investissements et leur épargne sous des cieux plus sereins. Ce qui implique donc moins d'argent à taxer pour les champions des impôts.

Le Dr. Mitchell s'est intéressé à ce problème dans le cadre de ses recherches au Center for Freedom and Prosperity. Il y révèle que l'OCDE a mis en place une liste noire de pays identifiés comme des "paradis fiscaux". Parmi ces paradis on trouve Hong Kong, Macao, la Malaysie et Singapore. Sont aussi visés Andorre, Brunei, le Costa Rica, Dubai, le Guatemala, le Liberia, le Liechtenstein, les îles Marshall, Monaco, les Philippines et l'Uruguay. Ces pays blacklistés le sont pour leur souci de respecter le secret bancaire et leur niveau d'impositon très faible. Les pays de l'OCDE exigent de ces prétendus paradis fiscaux des réformes destinées à briser le secret bancaire, c'est-à-dire identifier leurs ressortissants détenant des comptes dans ces pays. Plus encore, ils veulent forcer ces pays à augmenter leurs taux d'imposition afin d'éviter l'évasion fiscale.

Suggérer que nous devrions être plus Européens revient donc à suggérer que nous devrions nous appauvrir.

 

Walter E. WILLIAMS, professeur à l'université George Mason de Fairfax, Virginie.

 

Questions

1. Le modèle français est-il plus proche du modèle européen ou du modèle américain, explicitez.
2. En quoi peut-on opposer un modèle américain à un modèle européen.
3. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces deux modèles ?
4. Pourquoi les autorités françaises sont-elles particulièrement remontées contre l'existence même des paradis fiscaux ?