Privatiser l'armée !

Les idées Libertariennes progressent en France. Non, je ne plaisante pas, je me permets de vous renvoyer à un article publié sur le site de la très officielle et très gouvernementale Fondation pour la Recherche Stratégique.

La solution du mercenariat

Dans ce texte intitulé " Vers la privatisation des forces armées ", l'auteur nous explique que la privatisation de la défense est un concept porteur d'avenir, tant pour des raisons économiques que pratiques. C'est ainsi qu'il faut réhabiliter le concept de mercenaire, dont l'intervention a permis par exemple de trouver des solutions à plusieurs conflits africains. Les armées officielles n'ont pas nécessairement une éthique ou une valeur opérationnelle supérieure à des troupes professionnelles aguerries, même privées. D'ailleurs la participation des États à des opérations de maintien de la paix pour le compte de l'ONU s'apparente elle-même à du mercenariat.

Comme notre auteur ne doit pas oublier qui le finance, à moins qu'il ne s'agisse d'un reste de pensée étatiste, il estime nécessaire que les États fixent des règles du jeux (si l'on peut dire), définissent un cadre éthique et se servent de ces armées privées à leur profit.

Remettre en cause le monopole régalien

Néanmoins un pas conceptuel majeur est franchi. Nous sommes ici au cœur de la pensée Libertarienne. Les fameuses fonctions régaliennes dont on nous rebat les oreilles sont battues en brèche. Ce que ne dit pas l'auteur de l'article, c'est que l'État se définit comme ayant le monopole de l'emploi " légitime " de la force. Dès lors que la force est privatisée (sur délégation d'abord, mais bientôt dans son essence même, c'est une loi de la nature que la privatisation avance ainsi par vagues), le concept d'État perd toute autorité, et ne va plus tarder en entrer en totale déshérence. A mon sens la privatisation de la force entraîne la disparition de l'État. Certes il n'est question ici que de défense extérieure mais l'évolution qui affecte l'extérieur ne saurait rester sans impact sur les affaires domestiques.

Nous sommes loin ici du débat sur la baisse des impôts ou de l'excès de réglementation. Les choses sont beaucoup plus graves, plus stratégiques. C'est le centre même de la politique tout entière. Puisqu'un tabou vient de tomber, les libertariens seraient bien inspirés de concentrer leurs coups sur ce sujet sensible, et tout le reste viendra par surcroît : la chute de la pierre d'angle entraîne l'effondrement de tout l'édifice. Comme nos forces restent encore inférieures à celles des Étatistes mais que l'endroit stratégique est maintenant vulnérable, il nous faut nous concentrer sur cette zone vitale, et nous remporterons la lutte, finale cette fois.

Thibaut MOURGUES, le 14 janvier 2000

Pour aller plus loin, voir la solution mercenaire.