Le Nouveau Bréviaire de la Haine
Quitte à avoir acheté, avec mauvaise
conscience, le torchon Brejnévo-chevènementiste qui parlait de nous, autant
rentabiliser l’investissement. Et il est vrai que cette rentabilisation est
vite assurée tant « Marianne » est riche d’articles sur lesquels
rebondir, c’est que le magazine voue une haine tellement farouche au libéralisme,
que si nous devions faire passer des droits de réponses, les pages de courriers
des lecteurs n’y suffiraient certainement pas.
Je retiens aussi un suivi assez pointu de
l’actualité relative au conflit du proche orient et une inquiétude de plus
en plus forte quant au retournement d’une opinion juive française de plus en
plus libérale et pour partie franchement « réactionnaire » . Ainsi
« le Nouveau Bréviaire de la haine, Antisémitisme et antisionisme »
de Gilles William Goldnadel, paru chez Ramsay, fait évidemment de son auteur un
vilain fasciste. Eh oui, il faut l’oser et sans l’écrire noir sur blanc,
Patrick Girard, journaliste maison, le sous-entend tellement fort qu’il nous
en crève les tympans.
N’oublions pas que, sous couvert d’un
antisionisme de bon aloi, il est devenu politiquement correct de glisser vers
l’antisémitisme depuis la lamentable conférence de
Durban et les attentats du 11 septembre (Oui, humm, enfin je précise
que beaucoup de médias arabes ont fait la lumière sur la tuerie du World Trade
Center : Ben Laden n’est qu’un bouc émissaire chargé par le Mossad,
auteur véritable de l’attentat, bon sang mais c’est bien clair Arte va
reprendre l’information incessamment, cela ne fait pas un pli).
Sur ce fond de politiquement correct, Patrick
Gérard, fier journaliste de la presse bien pensante (et collaborateur
autoproclamé donc interprète autorisé de la pensée de Léon Poliakov, pas
moins !) défend sa propre cause. Il faut bien que Goldnadel appartienne à
cette droite la plus extrême pour qu’il ose s’en prendre dans un réquisitoire
« excessif » aux journalistes, aux intellectuels, à l’Etat républicain,
à tout ou partie de la gauche, aux nostalgiques de mai 68 et aux « organisations
professionnelles antiracistes ». Il faut bien que Goldnagel soit
l’antithèse Poliakov pour qu’il se sente autorisé à coucher sur le papier
ce scandaleux et pourtant si juste : « Il nous arrive parfois de
penser que le juif d’aujourd’hui – entendez la victime -, c’est parfois
l’autochtone, tristement, banalement majoritaire. Incapable d’être plaint,
incapable de se plaindre, faute d’un groupe de pression qui pourrait le défendre,
il est abandonné par des autorités attentives exclusivement à la satisfaction
des revendications des « exclus » et des positions minoritaires ».
Goldnadel ne s’arrête pas en si bon chemin et parle pour « tous ceux
qu’on méprise, tous ceux qu’ont abandonne, les Chrétiens noirs du Soudan,
les Bouddhistes du Tibet, comme les petits vieux de nos banlieues ».
Xavier COLLET, le 19 février 2001