Si toutes les cultures n'ont pas le même degré d'achèvement, se valent-elles toutes moralement ou notre jugement moral découle-t-il de notre culture ?
Une piste de réflexion. Les droits naturels doivent être respectés pour permettre l'épanouissement social, toute société légitimant le développement d'une classe de parasite ou de pratiques attentatoires aux libertés individuelles se condamne d'elle-même. La réprobation du meurtre et du vol est un jugement moral qui découle d'une conception rationnelle de la société.
Une
partie de cette lâcheté intellectuelle provient d’une crainte irrationnelle
à l’égard de toute responsabilité, il s’agit alors de s’abstenir de tout jugement
et ainsi ne pas avoir à reconnaître la moindre erreur. Dans ce monde compliqué
qui est le nôtre, les valeurs auxquelles nous tenons le plus sont souvent contradictoires
: nous devons faire cohabiter notre tolérance envers toutes les idées alors
que certaines pratiques culturelles nous sont monstrueuses. Difficile. La vie
est remplie de choix difficiles à faire, rien ne garantit que la vie soit simple
et facile.
La meilleure façon de s’en tirer est
le relativisme complet, interdit de considérer qu’une valeur soit supérieure
à une autre. On évacue ainsi le problème à bon compte.
Bon, maintenant il faut bien comprendre
que ces gens là n’étaient pas de simples voleurs et assassins. La plupart étaient
capables de mener des vies exemplaires dans leur village. Il semble qu’ils ne
souffraient pas de remords, certains qu’ils étaient d’accomplir des actes de
foi et non de simples crimes. Quand ils furent mis en prison par les Anglais,
ils crurent endurer une juste pénitence pour avoir violé un des éléments de
leur structure complexe de tabous religieux.
Finalement on me dit de laisser ces
pauvres Thugs tranquille. La première fois qu’on me l’a demandé, j’ai pensé
avoir acculé un prof dans ses raisonnements et l’avoir fait sortir de ses gonds.
J’admirais beaucoup mes profs et j’ai pas mal appris d’eux, mais le problème
fut, qu’au nom de l’objectivité scientifique, ils en sont venus à soutenir des
obscénités morales et à les enseigner comme des idéaux valables. Il s’agit d’un
exemple extrême mais si nous ne sommes pas capables de le traiter comment allons
nous nous prononcer sur la mutilation du clitoris des petites filles africaines,
cette interdiction là donne-t-elle droit à asile pour persécution des mutilateurs ?
Quant aux pratiques vaudoues de la Santeria en Floride avec ses sacrifices d’animaux
sur les bords des routes, ne doit on plus considérer que l’étalage d’entrailles
sanguinolentes est un danger pour la santé publique ?
Steven BROWNE
1. Citer des pratiques culturelles que vous désapprouvez.
2. A votre avis d'où provient votre désapprobation ?
3. Le relativisme culturel nous interdit-il de fonder des règles morales ? Voir chapitre de Simonnot sur la Justice.
4. La réprobation du meurtre et du vol est-elle culturelle selon le sens sociologique ? Selon le sens courant ?
Oui, donc selon le sens sociologique admettre meurtre et vol est donc aussi une conception propre à certaines cultures. Le sens courant considère comme culturel ce qui est partagé par les êtres humains, il lui donne une dimension universelle, or ce qui relève d'une conception rationnelle de la société est alors culturel.
5. Mettez en évidence la différence entre culture et cultures au sujet de l'excision.
Chaque évocation de la dérive sociologique du mot culture devrait être une remise de pendules à l'heure. L'excision est-elle un fait culturel ? Toute définition conduisant à mettre un s à culture oblige à répondre oui, que çà plaise ou non. On nous dira que tant pis si çà ne plaît pas à nous. Mais dans la réalité toutes les femmes qui peuvent y échapper s'enfuient loin des lieux où l'excision est la "culture" et demandent notre aide pour ne pas y retourner sous la pression socio-familiale. C'est qu'elles ont entrevu la différence entre culture (sans s avec sa dimension universelle) et cultures (avec s en tant qu'oppression intériorisée).