La
concurrence
La concurrence, naturelle et bienfaisante
La
propriété individuelle permet à toute personne de se réaliser, de pouvoir
atteindre grâce à ses propres moyens les buts qu’elle s’est fixé sans
porter atteinte à la propriété de ses semblables.
Sans
propriété individuelle c’est le vol qui permet l’atteinte d’un objectif,
la propriété collective c’est le vol dont certains profitent sur le dos des
autres.
L’utilisation
de la propriété se complète de l’état de concurrence. Cette concurrence
est naturelle et résulte de la liberté d’entreprendre par l’usage de sa
liberté individuelle, elle est aussi une contrainte qui pousse à
l’excellence. Ainsi la concurrence forme une main invisible qui permet au
consommateur et au producteur de bénéficier mutuellement du marché. Le
producteur, naturellement poussé à proposer ses biens et services de manière
à maximiser ses gains, ne pourra pour autant sacrifier la qualité ou être
trop gourmand sur ses prix, sa cupidité le mènerait tout droit à la faillite.
Le consommateur, de son côté, cherchera toujours mieux et moins cher.
Véritable
système de motivations et de sanctions individuelles, la concurrence laisse
libre cours à la créativité ; stimule l’innovation par
l’encouragement à la découverte et à l’utilisation de nouveaux produits,
de nouveaux procédés, elle oriente ainsi l’entreprise vers une combinaison
plus efficace de ses ressources. Enfin, elle est un moyen d'allocation efficient
par l’orientation qu’elle donne aux facteurs productifs vers leurs usages
les plus utiles à la société.
En un mot la concurrence, réelle ou potentielle en marchés contestables, veille à ce que nous faisions le meilleur usage possible de la liberté d’entreprise. Cette concurrence est naturelle et s'imposera toujours sauf si les hommes de l'État, pour le malheur des peuples, en décident autrement.
Les fiches de l'ADEL, le 10 janvier 1990
Mais existe-t-il une mauvaise concurrence ?
C’est
une habitude que l’on retrouve chez les collectivistes que de considérer que
l’irréalisme des hypothèses de la concurrence pure et parfaite justifie
l’intervention des hommes de l’État dans l’économie. La lecture du numéro
de mars 2001 d’Alternatives Économiques dans un article de l’anti-libéral
viscéral Jacques Généreux, prof à Sciences Po Paris m’étonne donc
particulièrement. Horosco referens, c’est la première fois que je puis
trouver un paragraphe juste dans tous les numéros dont je lis l’indigeste
prose au centre de documentation du lycée, et quand je parle d’indigeste vous
comprendrez que je suis dans un moment de politesse exquise. Je ne résiste donc
pas à l’envie de vous recopier le paragraphe dans son intégralité :
« Dans
une série de textes rassemblés en 1948 sous le titre « Individualism and
Economic Order », Friedrich Von Hayek propose une vision radicalement différente
de la bonne concurrence (comprendre différente des hypothèses de la
concurrence pure et parfaite). Il dénonce l’absurdité méthodologique de
l’analyse néo-classique, qui prend pour modèle du marché concurrentiel un
état parfait et si radicalement irréaliste qu’il n’y a aucune espèce de
chances de s’en approcher concrètement. Les marchés étant caractérisés
par une imperfection insurmontable de l’information, aucun processus idéal de
concurrence ne peut garantir en permanence l’usage le plus efficace des
ressources. Mais, pour Hayek, c’est précisément cette imperfection radicale
du marché qui fait la supériorité d’un processus décentralisé de libre négociation :
les acteurs individuels font circuler l’information sur leurs moyens et sur
leurs désirs et peuvent ajuster leurs plans en continu pour les rendre aussi
compatibles et cohérents que possible. Cela ne permet jamais d’atteindre
l’optimum théorique promis par le modèle néoclassique, mais cela favorise
le meilleur usage possible des ressources. La bonne concurrence n’est donc pas
un état du marché défini par une liste de conditions abstraites, mais un
processus dynamique engendré par la liberté d’entreprendre et de négocier. »
Généreux continue en énonçant la théorie des marchés contestables aboutissant à ce que la concurrence parfaite ne soit plus conditionnée que par la libre entrée et la libre sortie d’un marché.
Ou ce faux concept ne cache-t-il pas une volonté de justifier les interventions aberrantes des étatistes ?
Seulement
voilà, l’article en question s’appelle « la mauvaise concurrence
chasse la bonne ». Il ne s’agit donc pas pour Généreux de dresser des
louages à la concurrence mais de minimiser les conclusions de Hayek au nom
d’une « mauvaise » concurrence dont les effets dévastateurs
impliquent des entorses à toute concurrence par la réglementation.
Le
pire est que l’argument porté est celui le plus utilisé dans la population
pourtant peu versée en économie. Ils s’agit donc de considérer que la
concurrence pousse les producteurs à une course à l’efficience menaçant le
facteur humain et environnemental. C’est cette affirmation que nous devons réfuter
et nous devons donner de la publicité à cette réfutation.
Je vous en livre un exemple : la concurrence entre les transporteurs routiers, sous la pression des donneurs d’ordres qui imposent des délais de livraison très courts, les conduit à rouler de plus en plus longtemps au détriment de la sécurité et en infraction avec les lois du travail. L’ambulancier qui me ramenait du Jura n’avait pas de mots assez durs pour condamner la gauche et les 35 heures, mais il n’en restait pas moins choqué de l’exemple de ce camion arrêté par la police pour avoir roulé 72 heures d’affilés sans s’arrêter. En fait le conducteur était un roumain et ses deux frères dormaient à l’arrière du camion pour le relayer. Avec une telle concurrence, dit-il, les transporteurs qui n’en font pas autant se font piquer les marchés, et puis en acceptant de telles conditions ces roumains mettent à mal la profession. Sans compter sur les accidents toujours possibles car ces gars là sont fatigués, et puis ce sont pas des professionnels, ils peuvent pas se rendre compte de l’état mécanique du camion. La conclusion en était que l’État devait réglementer.
Si
mauvaise concurrence il y a, elle est combattue par le marché
Bien
sûr, lois ou pas lois, des transporteurs agissent de la sorte, mais la loi fait
qu’il s’en trouve toujours quelques uns pour dénoncer une « concurrence
déloyale ». Donc elle sert effectivement à décourager ces pratiques. La
question se pose de savoir maintenant si le marché encourage cette « mauvaise »
concurrence ?
Supposons
que tous les camions roulent sans interruption avec un équipage qui se relaie.
Supposons que pour gagner encore en productivité, le chauffeur roule à lui
seul 12 heures sans s’arrêter.
Que
se passerait-il alors ? Le nombre d’accidents mortels ou non augmenterait
avec la fatigue des conducteurs, un accident mortel aurait des répercussions
gigantesques qui souvent ne se limiteraient pas au décès du conducteur, des précédents
sont encore frais dans l’actualité. Les primes d’assurance augmenteraient
donc fortement pour les sociétés de transports, anticipant les dommages et intérêts
à rembourser. En outre la pénibilité des tâches dissuaderait toute la
profession des chauffeurs et aspirants chauffeurs, créant une crise des
vocations qui pousserait les salaires à la hausse. Au total l’augmentation du
chiffre d’affaire des transporteurs serait obérée des frais supplémentaires
d’assurance et de masse salariale.
Ce
à quoi l’ambulancier me répondit, oui mais les roumains ne sont pas
regardants, ils acceptent déjà pour faire ce boulot des salaires que personne
ne veut, des routiers de chez nous il y en a plus, le boulot est trop dur et ils
sont trop exigeants en salaire. La constatation est juste et la crise des
vocations existe déjà, mais tant que le marché profite aux intervenants :
roumains, transporteurs et donneurs d’ordre, les camions rouleront.
Aurait-on quelque chose à reprocher à cela ? La concurrence générera son propre ordre, les roumains travailleront dur jusqu’à ce qu’ils trouvent mieux ailleurs, les transporteurs augmenteront les cadences jusqu’à ce que les primes d’assurances deviennent prohibitives. Le plus malin dans l’affaire sera peut être celui qui fait rouler raisonnablement et paie correctement un personnel qualifié.
Xavier
COLLET, le 27 juin 2003
CQFD
Pour
souligner tes propos, voici un exemple concret:
Il
y a 2-3 ans, j'ai trouvé un article dans le journal vaudois "Le
Matin", qui parlait d'un Suisse émigré au San Salvador et créateur d'une
entreprise fabriquant des briques. Il le montraient avec un Colt à la ceinture,
ce que le Valaisan disait détester, puisqu'il était de
nature pacifique, mais il semblerait qu'il s'était déjà plusieurs fois fait
tirer dessus à l'AK-47. Mais pourquoi donc?
Parce
qu'il avait instauré une concurrence "déloyale": il avait le
meilleur produit du marché et il le vendait MOINS CHER que la concurrence !
Et
pire que ça : ce salopard se permettait de payer ses employés 2 à 3 fois les
salaires usuels, attirant du coup les meilleurs travailleurs et assurant leur
fidélité !
Alors
les producteurs concurrents ne voyaient qu'un moyen de l'éliminer, c'était à
coup de balles, mais heureusement, ils étaient aussi mauvais tireurs que
poseurs de briques. Cohérents dans la nullité !
Stefan METZELZER, le 28 juin 2002