TERMINALE ES.

Épreuve de Sciences Économiques et Sociales

 

Question de Synthèse

Travail préparatoire (10 points)

À partir des textes et de vos connaissances, répondez aux questions suivantes

1. Pourquoi la croissance n'est-elle pas une condition suffisante du développement ? Que lui faudrait-il de plus ? (document 1 - 2 points)

2. A quoi est due l'amélioration du niveau de vie ? (document  2 - 1 point)

3. Quels phénomènes découlent de la hausse du niveau de vie ? (document 2 - 2 points)

4. La croissance permet-elle de résoudre les problèmes de pauvreté ? (document 3 - 2 points)

5. Comment expliquer vous le rattrapage des pays émergents ? (document 4 - 1 point)

6. La volonté de maintenir l’égalité entre les habitants d’un pays est-elle compatible avec un politique de libéralisation ? (document 4 - 1 point)

7. Dans quelles conditions peut-on admettre les inégalités ? (document 4 - 1 point)

Question de synthèse (10 points)

La croissance économique est-elle facteur d’inégalités ?

Vous traiterez de cette question sous la forme d'un plan détaillé avec introduction et conclusion rédigés.

 

Document 1

 

Le développement implique, en plus de la croissance, une meilleure satisfaction des besoins fondamentaux (alimentation, santé, éducation), une réduction des inégalités, du chômage et de la pauvreté. Ainsi, il s'agit d'un « mouvement vers le haut de tout le corps social » (Gunnar Myrdal). [...]

 

Le développement est  un processus cumulatif puisqu'il permet une amélioration des capacités humaines, et donc une hausse de la productivité favorable à la croissance : « Les premières conditions d'une productivité élevée... sont que les masses populaires soient alphabétisées, en bonne santé, et suffisamment bien nourries » (Jacob Viner). Au contraire, le sous-développement est « un gaspillage, une destruction des capacités humaines... un état auto-entretenu d'insatisfaction des besoins fondamentaux » (Patrick Guillaumont).

 

La croissance économique est une condition nécessaire du développement, puisqu'elle seule permettra d'améliorer les niveaux de vie, d'augmenter « l'étendue des choix humains » (Arthur Lewis), de dégager des ressources en faveur de la santé, de l'éducation, et d'accroître l'indépendance économique nationale en rendant l'aide étrangère moins nécessaire. Mais elle n'est pas une condition suffisante du développement, au moins à court terme, si elle n'est accompagnée de politiques visant à une réduction directe de la pauvreté. En effet, la croissance peut aller de pair avec un accroissement des inégalités, une détérioration des conditions de vie pour les plus pauvres, la misère et la répression politique et sociale. On parlera alors de «croissance sans développement». Il serait abusif, cependant, d'imputer la responsabilité du « mal développement » (René Dumont) à la croissance économique, les divers aspects de la dégradation sociale que l'on vient d'énumérer se produisant également, et étant probablement pires, dans des pays où la croissance a été faible ou nulle. À long terme une croissance continue s'est toujours accompagnée d'une amélioration pour toutes les catégories sociales.

 

J. Brasseul, Introduction à l'économie du développement, 1989.

 

Document 2

 

En 1900, la consommation d'un Américain était à peine supérieure à celle d'un citoyen moyen vivant aujourd'hui au Mexique ou aux Philippines.

L'espérance de vie était faible, en partie parce qu'un certain nombre de maladies comme la variole, la diphtérie, la typhoïde et la coqueluche étaient encore très répandues. Les chances d'attraper la rougeole en 1900 étaient quinze fois plus élevées qu'aujourd'hui.

Du fait de l'abondance de terres, peu d'Américains mourraient de faim, mais les articles de luxe étaient rares. Les gens travaillaient le plus longtemps possible et, quand ils ne pouvaient plus le faire, ils étaient pris en charge par leurs enfants. Personne ne jouissait d'une retraite tranquille. [...]

 

Une augmentation du niveau de vie se traduit non seulement par une hausse du revenu et un allongement de l'espérance de vie, mais aussi par une réduction du nombre d'heures travaillées et par un meilleur niveau d'éducation. Cette amélioration de l'éducation est à la fois le résultat et la cause de la progression du niveau de vie. L'amélioration générale du niveau de vie provient d'un accroissement de la production pour chaque heure travaillée, qu'on définit comme la productivité du travail.

 

 J E. Stiglitz, Principes d'économie moderne, 2000

 

 

Document 3

 

La planète est quarante fois plus riche aujourd'hui qu'en 1900. Mais les inégalités se creusent. Et l'aggravation des pauvretés relatives se double d'un nouveau processus : l'émergence de la pauvreté absolue.

Le produit mondial a connu au cours de ce siècle une croissance exceptionnelle : en dollars de 1975, il est passé de 580 milliards en 1900 (360 dollars par tête) à 6000 milliards en 1975 (environ 1500 dollars par tête); au milieu des années 90, il dépasse 25000 milliards de dollars courants (environ 4500 dollars par tête). Les actifs financiers mondiaux ont plus que quadruplé depuis le début des années 80.  Jamais autant d'argent n'a circulé, jamais autant de richesses n'ont été produites dans le monde. Et, selon les critères du développement humain du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), un nombre croissant d'hommes voient leur situation s'améliorer. Mais, en même temps, il n'y a jamais eu autant de pauvres et de pauvreté.

 

En 1988, le cinquième le plus pauvre de la population mondiale disposait de moins d'un demi­dollar par personne et par jour; aujourd'hui, c'est à un dollar par jour que la Banque mondiale situe le seuil de la pauvreté monétaire dans le tiers-monde : plus d'un cinquième de la population mondiale est dans cette situation. Mais la pauvreté ne se réduit pas à la seule dimension monétaire. Dans le tiers-monde, la moitié de la population (2,5 milliards d'habitants) n'a pas accès à l'eau potable ; près de 800 millions d'êtres humains ne mangent pas à leur faim et plus d'un tiers des enfants des pays en développement souffrent de malnutrition et d'insuffisance pondérale ; 400 millions d'enfants n'ont pas accès à l'école ; 200 millions de personnes sont gravement touchées par la désertification. Chiffres écrasants, terribles records absolus de l'histoire humaine.

 

En effet, aussi inégales qu'elles aient été, certaines sociétés avaient par le passé laissé s'inventer des formes de vie ou de survie pour les plus pauvres, des modes de redistribution ou des manières de solidarité. La mondialisation capitaliste et la marée des rapports d'argent tendent à détruire ce qu'il en reste.

 

D'autre part, si des paysans ont été chassés de leurs terres et des artisans ruinés lors des premiers développements du capitalisme en Europe, les pauvres d'alors ont fini par trouver des moyens de subsistance soit dans les nouvelles activités de leurs pays, soit dans l'émigration. Mais, aujourd'hui, les destructions d'activités et de cohérences sociales ne s'accompagnent pas toujours, dans le pays même, de processus compensateurs et les migrations sont de plus en plus contrôlées. D'où l'extension, dans notre monde d'opulence, de ces poches de pauvreté absolue.

 

M. Beaud, Alternatives économiques, hors série, janvier 1998

 

Document 4

Vingt pour cent de la population mondiale consomme plus de quatre-vingt pour cent des ressources de la planète, alors que les autres quatre-vingt pour cent en consomment moins de vingt. Les critiques du développement et de la mondialisation ne manquent jamais de nous rappeler cette injustice. Mais il arrive moins souvent que les critiques analysent correctement cet état de chose. Ils se contentent d’en conclure que les pauvres sont pauvres car les riches sont riches, comme si les vingt pour cent favorisés avaient volé les ressources des quatre-vingt pour cent restants. C’est faux. Bien sûr des ressources naturelles furent dérobées pendant la période coloniale, mais ces vols ont joué un rôle négligeable dans la prospérité du monde occidental et dans la pauvreté des PED. Bien que le colonialisme ait produit de grands dégâts dans certains pays, ce n’est pas lui qui peut expliquer les différences de développement entre le Nord et le Sud. Le Nord s’est d’ailleurs développé plus rapidement depuis qu’il a perdu ses colonies et bien des pays développés  comme la Suisse, la Suède, la Norvège, … ne se sont jamais dotées de colonies d’importance. D’autres pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande, Hong Kong et Singapour, étaient des colonies. D’un autre côté, des pays parmi les plus pauvres comme l’Afghanistan, le Libéria, le Népal, n’ont jamais été colonisés (...).

(...) Non, la véritable raison pour laquelle vingt pour cent de la population consomme quatre-vingt pour cent des ressources est qu’ils produisent quatre-vingt pour cent des ressources mondiales, alors que les autres quatre-vingt pour cent ne produisent que vingt pour cent des ressources (...)

Les critiques du développement capitaliste aiment aussi à souligner que le PIB par habitant est plus de trente fois plus élevé chez les vingt pays les plus riches que chez les vingt pays les plus pauvres. Ils ont raison de dire que c’est le développement capitaliste qui en est la cause mais pas de la façon dont ils le croient. La différence vient du fait que certains pays ont choisi un mode de développement capitaliste et qu’en conséquence les habitants de ces pays sont parvenus à atteindre un niveau de prospérité inégalé, alors que les pays qui ont préféré un mode de développement socialiste, empêchant leur population d’avoir accès à la propriété privée et à la liberté du commerce, sont restés enfermés dans une autarcie de sous-développement. Des facteurs comme le climat et les éléments naturels ne sont pas négligeables, mais une partie du fossé de développement peut être comblé par le choix de politiques de libéralisation plutôt que de politiques du tout Etat. Les vingt pays dans lesquels la liberté de l’initiative individuelle est la mieux respectée possèdent un PIB par habitant vingt-neuf fois plus important que les vingt pays dans lesquels l’économie est la plus encadrée par l’Etat. Ainsi, si nous voulons vraiment combler le fossé du développement, nous devrions diriger nos efforts vers une libéralisation de l’économie des pays du Sud et vers leur ouverture à la libre circulation des marchandises et des capitaux. Les PED qui s’étaient orientés en ce sens lors des dernières décennies ont vu le rythme de leur croissance dépasser celui des autres PED mais aussi celui des pays développés (...)

(...) Un quart des investissements directs étrangers, c'est-à-dire les investissements consistant à créer ou acheter des entreprises, des bâtiments, des terres à l’étranger s’est dirigé vers les PED entre 1988 et 1998. Depuis le début de la décennie 80, les investissements se sont dirigés des pays développés vers les PED à un rythme annuel passant de 10 milliards de dollars à 200 milliards de dollars. 85 % des investissements directs se dirigeant vers les PED concernent principalement dix pays seulement, et le plus souvent ceux qui avancent le plus dans la voie de la libéralisation de leur économie. Mais, étant donné que ces investissements se sont accrus au rythme de 12 % par an lors des trois dernières décennie,  d’autres pays en dehors des dix les plus attractifs en profitent aussi.

Au cours des dix dernières années, les investisseurs privés ont consacré mille milliards de dollars en investissements directs vers les PED. Cela représente à peu près dix fois plus que le montant consacré lors des décennies antérieures, et plus que le montant total des aides publiques accordées par les Etats du Nord lors des cinquante dernières années. Bien sûr les investissements privés n’ont pas pour but premier de financer des projets publics de lutte contre la pauvreté, mais ils possèdent un impact bien plus positif sur le long terme dans la mesure où ils développent les forces productives au lieu d’encourager, comme le fait l’assistance publique, le développement de l’emprise centralisatrice des administrations sur le pays.

Les opulents pays de l’OCDE représentaient 80 % du PIB mondial en 1975, ils n’en représentent en 2000 que 70 % . Et comme nous l’avons déjà signalé, les pays pauvres qui ont fait le choix de la libéralisation de leur économie et de l’ouverture à l’international ont rattrapé leur retard économique grâce à des taux de croissance plus élevé que dans les pays développés. La liberté des échanges et le libéralisme sont donc la seule voie pour le développement et le rattrapage. Comme le disait le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, lors de la conférence de Bangkok du 12 décembre 2000 : « Les principaux perdants dans un monde où les richesses sont mal partagées ne sont pas ceux qui s’exposent le plus à la mondialisation. Ce sont ceux qui en sont à l’écart. »

J. Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, 2001

 

 

Correction

 

1. Mettre en évidence au stabylo les passages les plus importants.

Quelque soit le texte que vous étudiez il faut en saisir les éléments cruciaux, c'est en général à leur sujet que les questions vont porter. Il faut s'assurer de bien en comprendre tous les termes.

2. À partir des idées importantes, mobiliser vos connaissances pour les approfondir dans le sens de la réponse aux différentes questions.

Là il faut démontrer que nos connaissances de cours permettent d'apporter des éléments supplémentaires au texte, on pourra utiliser des exemples de l'actualité, il est aussi possible de chercher des arguments contraires, qu'ils soient théoriques ou pratiques.

3. Analyse et délimitation du sujet

Dominante économique, approche sociale sur les inégalités, notions de sociologie sur l'évolution des mentalités induite par le développement.

Thème central de la croissance économique et du développement.

Cadre spatio-temporel : les pays développés mais surtout les PED, la croissance tout au long du vingtième siècle et surtout depuis les années 70-80 avec le phénomène des pays émergents et de la mondialisation.

Bien définir le cadre de l'analyse, questionner le sujet c'est évident un désastreux hors-sujet.

 

Travail préparatoire

 

1. Pourquoi la croissance n'est-elle pas une condition suffisante du développement ? Que lui faudrait-il de plus ? (document 1 - 2 points)

La croissance de la valeur ajoutée est la condition première du développement, en effet une population capable d'augmenter les richesses produites permet d'en augmenter la part de chacun selon sa contribution à cette augmentation. Ainsi comme il l'est précisé par Brasseul, le développement, que nous définirons comme une amélioration qualitative du niveau de vie de toute la population, résulte immanquablement à long terme de la croissance. Et effectivement l'indicateur de croissance qu'est le PIB par habitant nous montre que les pays en tête de ce classement sont aussi les plus développés.

Mais si cela semble se confirmer sur le long terme, la croissance peut entre-temps être un phénomène ne s'accompagnant pas d'un processus de développement. En effet ce processus permet une augmentation de la productivité et donc une croissance plus forte encore, on parle donc bien d'un phénomène cumulatif dans le sens où la croissance serait la condition du développement, lequel serait la condition d'une croissance accélérée. Pour obtenir ce développement, le niveau de formation de la population dans son ensemble, sa capacité à satisfaire ses besoins primaires, à franchir le pas de la transition démographique et la constitution d'une classe moyenne doivent être obtenus. Ce qui suppose une bonne répartition des fruits de la croissance et une incitation pour chacun à augmenter ses efforts productifs.

 

2. À quoi est due l'amélioration du niveau de vie ? (document  2 - 1 point)

L'amélioration de la productivité du travail suffit à expliquer la hausse du niveau de vie. La capacité de chaque individu à produire davantage s'expliquait par l'organisation du travail (OST), elle passe désormais par une meilleure formation permettant un travail plus qualifié générateur d'une plus grande valeur ajoutée. Créer davantage de valeur ajoutée permet d'augmenter le niveau des rémunérations pour des temps de travail réduit, nous rend à même également de satisfaire des besoins autres que primaires donc d'augmenter notre niveau de vie.

 

3. Quels phénomènes découlent de la hausse du niveau de vie ? (document 2 - 2 points)

La hausse du niveau de vie au sein d'une population est une notion qualitative qui résulte d'une hausse quantitative des revenus, ceci en est la cause plus que la conséquence. Selon Stiglitz elle a aussi pour résultat une vie plus longue car moins précaire donc la capacité de se soigner, une meilleure éducation car la capacité de se l'offrir et d'investir dans sa formation. Mais aussi une capacité d'arbitrer entre temps de travail et temps libre et plus largement la possibilité de répartir son temps de vie en temps de formation, temps de travail et temps de retraite. La période travaillée sera d'autant plus rémunératrice que le niveau de vie des générations antérieures aura permis le financement dans notre capital humain et la capacité de prendre en charge la période de retraite.

 

4. La croissance permet-elle de résoudre les problèmes de pauvreté ? (document 3 - 2 points)

Si l'on raisonne à un niveau global on peut constater la forte croissance de l'économie tout au long du vingtième siècle. Et pourtant cette croissance est mal répartie. On ne peut pas dire que de façon monétaire il y ait eu appauvrissement d'une partie de la population mondiale puisque certains se sont énormément enrichis alors que d'autres ont vu leur situation stagner. Sur un horizon plus étroit le seuil de la pauvreté mondiale touchant le cinquième de la population a été ramené de 50 cents à un dollar entre 1988 et 1998. Mais la pauvreté se révèle autrement : par l'accès à l'eau potable, par la satisfaction des besoins alimentaires. Or dans ces domaines les progrès sont restés modestes en dépit de la croissance mondiale. Juxtaposant richesses des uns et pauvreté persistante, l'auteur suggère une injustice en matière de répartition de la croissance, la mondialisation capitaliste serait la cause de cet état de fait. Même si son accélération depuis les années 80 coïncide avec un recul de la pauvreté monétaire, on pourrait penser que l'accès aux ressources n'était pas seulement question de revenus mais de solidarités familiales et tribales qui tendent à disparaître.

L'approche suggérée ne serait donc pas seulement économique dans la mesure où l'auteur dénonce dans les PED l'abandon d'un modèle culturel (type kula ou potlach en faveur des pauvres, autoconsommation) au profit de la diffusion du désir de réussite personnelle. A cet égoïsme supposé il rajouterait l'égoïsme des gouvernements des pays riches qui n'ouvrent plus leurs frontières aux plus pauvres des PED, donc ne leur donnant plus accès aux richesses là où elles se créent.

 

5. Comment expliquer vous le rattrapage des pays émergents ? (document 4 - 1 point)

Les pays émergents sont ceux qui se sont le plus ouverts à la libre circulation des marchandises et des capitaux et ont fait le choix de libéraliser leur économie. Dans le cadre de la mondialisation ils ont mis en évidence leur avantage comparatif dans la production de biens intensifs en travail non qualifiés et ont bénéficié de la manne des investissements directs étrangers. On constate effectivement que 85 % des IDE se sont investis dans les économies des 10 PED les plus ouverts à l'initiative privée et au libre-échange. Ces pays devenus pays émergents ont pu ainsi profiter d'un rythme de croissance accéléré supérieur à celui des pays de l'OCDE confirmant la thèse du rattrapage, puisque les rendements de ces investissements y furent plus importants. Effectivement la décroissance des rendements marginaux du capital permet une plus forte croissance induite par les IDE dans les PED. Ces taux de croissance ont permis un phase de développement rapide des pays émergents avec l'amélioration du niveau de vie local.

 

6. La volonté de maintenir l’égalité entre les habitants d’un pays est-elle compatible avec un politique de libéralisation ? (document 4 - 1 point)

Une politique de libéralisation conduit à baisser le niveau de l'intervention publique dans l'économie. Ceci passe notamment par la fin des subventions dont bénéficient certains secteurs, l'ouverture du marché à la compétition internationale et aux capitaux étrangers, des privatisations et donc la baisse du nombre d'employés du secteur public. La libéralisation peut aussi remettre en cause les politiques sociales de redistribution. Les conséquences de telles politiques sont de pousser les agents économiques à une plus grande productivité. Effectivement le producteur non subventionné doit se rendre compétitif dans le cadre de l'ouverture du marché sinon il disparaît. Il en va de même pour les entreprises devenues privées qui ne pourront plus éponger leurs déficits par le budget de l'Etat, mais qui pourront être rachetées ou fusionner avec des entreprises étrangères dans le cadre d'un mouvement de concentration. Appliquée aux PED cette politique de libéralisation dans un contexte qui ne pouvait être celui de l'Etat Providence (par manque de moyens financiers des contribuables) implique la disparition des secteurs protégés et des perspectives d'enrichissement pour les plus entreprenants. L'égalité dans la pauvreté sera donc forcément rompue, non par l'appauvrissement mais par des capacités différentes d'enrichissement.

 

7. Dans quelles conditions peut-on admettre les inégalités ? (document 4 - 1 point)

Les inégalités peuvent être admises dans le cas où elles permettent de maintenir la motivation de l'effort. Nous avons vu à partir de la théorie du capital humain que des inégalités de revenus sont acceptables si elles impliquent un investissement inégal dans notre capital humain. Plus généralement on pourra accepter le principe "chacun selon son utilité sociale", renvoyant à la main invisible, laquelle explique que l'on gagne davantage lorsque l'on satisfait mieux les besoins d'autrui. Au niveau d'une société en phase de développement les inégalités ne sont pas évitables, elles permettent la constitution d'une classe moyenne qui enclenchera le processus d'accumulation d'une épargne locale, condition d'un développement autonome qui bénéficiera ensuite à l'ensemble de la société.

 

Question de synthèse

 

Plan suggéré, ici un plan dialectique convient, mais doit on faire une partie 1 : la croissance est facteur d'inégalités, 2. la croissance n'est pas facteur d'inégalités ? Les textes peuvent nous éclairer et apparemment les textes 3 et 4 s'opposent mais conviennent des inégalités résultant de la croissance. Comme il est difficile de trouver des sources ou de penser à des thèses prétendant le contraire, ce plan ne conviendra pas.

Recherchons donc la problématique qui nous permettra de trouver le plan adéquat. "Les inégalités résultant du phénomène de croissance sont-elles le symptôme d'un mal développement à corriger ?"

À partir de là nous avons :

    - 1. Il faut agir sur la croissance pour plus d'égalité

    - 2. La croissance passe naturellement par le creusement des inégalités

 

Nous pouvons maintenant intégrer chaque partie des documents dans des parties et sous-parties de notre développement, donnons leur des numéros que nous mentionnerons dans le plan détaillé plus bas.

 

Documents

Idées du document Autres connaissances Exemples et éléments chiffrés

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1. Selon Gunnar Myrdal, le développement passe par la croissance et la réduction des inégalités. Les inégalités tolérables supposent que soit assurés des "droits à" l'éducation, l'alimentation, la santé. 2. La conception de "droits à" n'est concevable que dans des pays riches, sans croissance aucun moyen de les financer.  
3. Le développement permet la hausse de la productivité du travail laquelle permet une croissance plus forte. 4. Mais si le développement permet de qualifier la main d'oeuvre pour une plus grande productivité, la croissance démarre à partir d'une main d'oeuvre non qualifiée et peu chère, dont la productivité maximale est assurée par l'OST (pays ateliers).  
5. Arthur Lewis insiste sur la nécessité de la croissance pour assurer un développement autonome et une augmentation du niveau de vie capable de pourvoir aux besoins fondamentaux. 6. C'est la croissance de la valeur ajoutée produite qui permet le développement car potentiellement elle permet à chacun d'obtenir un accroissement de ses ressources monétaires.  
7. La croissance implique l'enrichissement de certains, elle doit être rendue acceptable par des politiques de redistribution. 8. La rupture de l'égalité de pauvreté doit être acceptée, ceci suppose une évolution des mentalités et l'égalité des chances d'enrichissement par la libre-entreprise, l'incitation à augmenter les efforts productifs. 9. Le développement implique aussi d'autres changements : la transition démographique.
10. Le mal développement, selon l'expression de Louis Dumont, est compatible avec la croissance ou l'absence de croissance, il conduit à une dégradation des conditions sociales pour les plus pauvres. 11. Le bon développement est l'amélioration qualitative du niveau de vie de l'ensemble de la population. Mais il passe aussi par la constitution d'une classe moyenne importante capable d'épargner  
12. A long terme une croissance régulière mène à une  hausse du niveau de vie de l'ensemble des catégories sociales.   13. Les pays ayant le PIB par habitant le plus élevé sont les plus développés.

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14. A l'aube du vingtième siècle, alors que le processus de développement était déjà enclenché dans les pays riches, le niveau de vie n'y était pas supérieur à ceux des pays intermédiaires. Ce qui signifiait que les besoins primaires étaient assurés, mais que le travail était difficile et commençait dès le plus jeune âge. Dans la prise en charge individuelle ou sociale de l'éducation ou de la retraite n'est pas pensable. 15. Les conditions difficiles de travail pour des salaires peu élevés dans les PED peuvent choquer mais ces conditions inégales de salaire par rapport aux nôtres représente une étape du développement et une amélioration des situations individuelles des travailleurs locaux.  
16. L'augmentation du niveau de vie caractérisée par la hausse de l'espérance de vie, des revenus, du temps libre et de l'éducation passe par l'augmentation de la productivité. 17. L'augmentation de la productivité résulte d'une meilleure organisation du travail, des innovations technologiques. Puis au fur et à mesure du phénomène de développement elle passe par une plus grande qualification de la main d'oeuvre donc une prépondérance du capital humain dans la création de valeur.  
  18. C'est la hausse de la valeur ajoutée qui permet sa répartition non seulement en salaires et profits mais aussi en temps travaillé, d'étude et de repos.  

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19. Les inégalités sont de plus en plus importantes dans le monde, alors même que les richesses s'accroissent à un niveau très important. Donc c'est surtout entre pays de l'OCDE et PMA que l'inégalité est la plus criante.

20. L'inégalité résulte de la croissance dans la mesure où certains s'enrichissent alors que d'autres ne s'enrichissent pas.

21. 20 % de la population mondiale consomme 80 % des richesses.

22. Selon l'indicateur IDH du PNUD, la situation d'un plus grande nombre de personnes s'améliore. 23. L'indicateur IDH est un indicateur qualitatif qui évalue la satisfaction des besoins et non seulement  le revenu monétaire par habitant. 24. En 1900 le PIB mondial est de 360 $/h, au milieu des années 1990 il est de 4500 $/h en dollars 1975.
25. La marchandisation des rapports dans les PED fait disparaître les moyens de survie basé sur l'entraide traditionnelle.

26. Ici on peut rappeler la critique de Polanyi sur les enclosures en Grande Bretagne, la disparition de la gratuité devant la volonté de mise en valeur des terres.

Mais l'auteur fait aussi référence à la mondialisation en critiquant l'ouverture des marchés et l'amenuisement induit des cultures vivrières pour l'autoconsommmation. La disparition des pratiques d'échanges non marchands, de prise en charge locale des problèmes de pauvreté.

27. 1988 : 20 % de la population mondiale dispose de moins de 50 cents par jour.

1998 : 20 % de la population mondiale dispose de moins de 1 dollar par jour.

28. Les plus pauvres dans les PED n'ont pas accès aux nouvelles activités. 29. Dans les pays où l'IDE est inexistant la population ne peut avoir accès à des emplois capables d'augmenter leurs conditions de vie. 30. La moitié de la population des PED n'a pas accès à l'eau potable, 800 millions de personnes dans ces pays ne mangent pas à leur faim.
31. L'émigration vers les pays riches est fermée. 32. Mais si les pauvres des PED ne peuvent chercher du travail dans les pays développés, les multinationales des  pays développés peuvent les employer sur place. 33. Exemple des entreprises américaines qui s'installent à la frontière Mexicaine : les maquiladoras.
34. L'inégalité ne se mesure pas par le seul indicateur du revenu monétaire.    

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35. L'inégalité n'est pas le fruit d'une spoliation dans le sens où les pays riches ne le sont pas en raison de la pauvreté des PED. 36. On ne peut pas parler d'échange inégal entre pays riches et pays pauvres car les PMA ne sont pas intégrés au commerce mondial alors que les pays émergents le sont.  
  37. L'inégalité est bien le produit de la croissance dans le sens où la différence de productivité explique une différence de revenus. En réalité c'est une croissance inégale qui explique les inégalités. 38. 20 % de la population produit 80 % des marchandises mondiales.
39. Le choix d'un mode de développement capitaliste basé sur une croissance intensive explique l'enrichissement important des pays de l'OCDE, mais aussi des NPI. 40. La réduction des inégalités dans le monde passerait donc par le choix de la libéralisation des économies pour un mode de développement capitaliste. 41. Les 20 pays respectant le mieux la libre entreprise et l'initiative individuelle ont un PIB/h 29 fois plus important que les 20 pays les plus socialistes.
42. Le modèle de développement socialiste est basé sur l'autarcie et donc est facteur de sous-développement. 43. Effectivement les pays communistes et leurs satellites du Tiers Monde ne se sont pas développés. 44. Modèle autarcique en Albanie (jusqu'en 1990) et en Corée du Nord, illustration des conséquences par les propos de Kofi Annan.
45. Les PED qui se développent profitent de la mondialisation en ouvrant leur marché et en favorisant les IDE. 46. Le rattrapage de certains PED va accroître les inégalités entre PED. 47. Le IDE sont passés de 10 milliards de  $/an en 1980 à 200 milliards de $/an en 2000. Or 85 % des IDE se dirigent vers 10 PED seulement.
48. Les IDE contrairement à l'aide internationale ne visent pas à la résorption de la pauvreté mais développent la productivité. 49. L'aide internationale ne profite pas au peuple, donne bonne conscience aux Occidentaux, nourrit corruption et passivité.  
  50. La décroissance des rendements marginaux du capital permet une plus forte croissance induite par les IDE dans les PED 51. L'OCDE représentait 80 % du PIB mondial, mais seulement 70 % en 2000.
  52. L'égalité dans la pauvreté est rompue par les politiques de libéralisation, ceci n'est pas dû à  l'appauvrissement mais à des capacités différentes d'enrichissement.  
  53. Au niveau d'une société en phase de développement les inégalités ne sont pas évitables, elles permettent la constitution d'une classe moyenne qui enclenchera le processus d'accumulation d'une épargne locale, condition d'un développement autonome qui bénéficiera ensuite à l'ensemble de la société.  

 

Introduction

Accroche : La croissance économique est un processus qui détruit les équilibres des sociétés en remettant en cause les situations de chacun. Longtemps les sociétés traditionnelles ont été basées sur des différences de statuts qui ne reflétaient en rien les capacités de chacun à gagner de l'argent par son travail. Le prestige pouvait être lié à la naissance ou à la faveur du pouvoir politique.

Définition du problème (les termes ne nécessitent pas de précisions sauf à différencier croissances de développements) : L'irruption de la croissance sur la scène mondiale est liée au développement des sociétés capitalistes industrielles. Leur trait caractéristique fut un creusement des inégalités et le critère monétaire comme différenciant les situations de chacun. Des théoriciens ont fait de cette différenciation l'objet de leurs préoccupations premières, les tendances libérales d'un côté les acceptent alors que les tendances socialistes privilégient un retour à plus d'égalité. Au vingtième siècle, celui d'une croissance inégalée dans l'histoire, c'est sur le terrain international que la question de l'inégalité rebondit, alors que 80 % de la population ne dispose que de 20 % des richesses (21).

Problématique : Ce qui nous amène à nous demander si les inégalités résultant du phénomène de croissance sont le symptôme d'un mal développement à corriger ?

Annonce du plan : Nous répondrons d'abord par l'affirmative pour nuancer ensuite cette vision couramment répandue.

 

 I. Il faut agir sur la croissance pour plus d'égalité

A. La richesse pour quelques uns, la pauvreté pour la plupart

Tout au long du vingtième siècle, les richesses s'accroissent mais la pauvreté aussi (19, 24).

Le mal développement selon Louis Dumont (10, 30) et donc la notion de pauvreté absolue impliquent l'utilisation de critères qualitatifs, IDH plutôt que PIB/h, car l'augmentation du seul indicateur quantitatif témoigne mal des conditions de vie (23).

B. Le bouleversement des structures traditionnelles accroît la misère

En effet l'enrichissement monétaire (27, 34) cache une pauvreté accrue par l'abandon des liens traditionnels au profit des relations marchandes (25, 26). Tous n'ont pas accès à cette sphère marchande (28, 31).

Or le boom de la sphère marchande est favorisé par le développement des relations de salariat et de la spécialisation dans la mondialisation sous la pression des multinationales dont les IDE ne recherchent pas explicitement le développement (48).

C. Réglementer la croissance au niveau mondial

Les Etats doivent intervenir pour assurer les droits sociaux fondamentaux  y compris dans les pays pauvres (1)

Car si certains s'enrichissement beaucoup plus que d'autres (20), le maintien de la cohésion sociale et des équilibres internationaux impliquent une répartition plus juste des richesses (7).

Idée de la taxe Tobin par exemple.

 

II. La croissance passe naturellement par le creusement des inégalités

A. La pauvreté est l'état naturel de la population sans la croissance

Les sociétés pré-industrielles sont marquées par la pauvreté absolue, il faut donc considérer la phase de démarrage en relativisant (14, 15).

Au niveau des mentalités la rupture de l'égalité doit donc être acceptée pour inciter à l'effort productif (9).

B. Pas de développement qualitatif sans croissance quantitative

La croissance est un préalable au financement de prestations sociales (2), elle permet aussi de financer par soi-même les besoins fondamentaux (5)

La croissance permet le développement par la hausse de la productivité du travail (3, 17). Elle détermine une hausse du niveau de vie (18)  et permet le partage d'une valeur ajoutée plus importante (6)

La croissance est donc un phénomène cumulatif qui permet une croissance encore plus rapide (4).

C. Ce qui compte c'est donc d'amorcer le processus de croissance

Des investissements sont nécessaires pour amorcer la croissance : les IDE (29, 32, 33) sont à favoriser par rapport à l'aide internationale (49). La croissance suppose donc le renoncement à des politiques socialistes de développement dont le souci serait l'égalité plus que la libre-entreprise. Les expériences de développement nous montrent d'ailleurs l'échec des tentatives de croissance autarcique (36, 42) et le succès des NPI nous montre les recettes d'une croissance saine (39, 40, 41).

Croissance saine = libéralisation (52) et ouverture internationale (43, 44, 45), ces conditions sont nécessaires pour rendre les pays attractifs pour les IDE (46, 47) et lancer une processus de rattrapage du retard économique (50, 51)

Le développement autonome s'ensuit, il implique la constitution d'une classe moyenne (11, 53)

À long terme croissance et développement vont de paire (12, 13, 22), les inégalités sont surtout le résultat de niveaux de croissances inégaux (37, 38).

 

Conclusion :

La question sociale de l'égalité de condition se cristallise désormais davantage sur la question du développement du Tiers-Monde, lieu d'une pauvreté absolue qu'aucun Etat-Providence ne serait capable de soulager. La question de l'assistance internationale fait encore l'objet de débats et quelques bonnes âmes, choquées d'une circulation internationale des richesses à la recherche des meilleurs investissements, proposent une taxe internationale sur les capitaux afin de soulager une misère inacceptable (35).

Mais ce n'est pas en s'attaquant aux symptômes de l'absence de croissance que l'on provoquera la prospérité. Il suffit d'observer, à la manière de Walter Rostow, les étapes de la croissance pour vérifier que nous avons tous connu cette inacceptable misère. L'égalité par le bas fut la condition de nos ancêtres et si l'inégalité s'est fait jour c'est entre les pays en croissance et ceux qui n'en connaissent aucun des signes.

Pour le dire simplement, la croissance est un préalable au développement dans le sens où une amélioration quantitative de la production permet seule une meilleure satisfaction des besoins de la population dans son ensemble. Il faudrait donc accepter l'inégalité dans l'égalité des chances comme moyen d'une plus grande égalité des conditions.