Les lois économiques


À l'occasion de la préparation des élections législatives, les tracts et brochures de campagnes s'invitent dans nos boîtes aux lettres. Mais c'est le 4 pages de la candidate socialiste Irène Félix pour la première circonscription du Cher qui a attiré mon attention, et plus particulièrement la déclaration de soutien de Catherine Daugu, une conseillère municipale et directrice d'école à Aubigny sur Nère.

 

Cette déclaration de soutien débute par un amer regret : " Ne nous laissons pas anéantir par les dernières élections … ", et enchaîne sur " Il faut que les législatives nous donnent la capacité réelle à décider et ne nous abandonnent pas au pouvoir des lois économiques ou policières. " Nous abandonner aux lois économiques ou policières, rien que cela !

 

Mais quelles sont ces lois économiques, ces lois policières auxquelles le Président Sarkozy et son gouvernement voudraient nous abandonner ? Conviendrait-il de les dénoncer comme le firent aussi les émeutiers anti-Sarkozystes qui cassaient mobilier urbain, vitrines de commerçants et voitures de particuliers en hurlant " non à la loi du fric ", " non à l'État policier ", avant que le premier secrétaire du PS les appelle à être plus constructifs en votant socialiste ?

Certainement pas, tous les démocrates ont été choqués par ces évènements déplorables et n'aimeraient pas mêler leurs voies à celles des casseurs.

 

Il demeure que critiquer est légitime s'il s'agit d'en rester au débat, il faut cependant être responsable de ses propos Madame l'élue inconnue.

Or critiquer les " lois économiques " revient en réalité à remettre en cause la loi de l'offre et de la demande, remise en cause que la plupart des gauches européennes n'osent plus.

En effet la loi de l'offre et de la demande nous a permis de choisir notre opérateur téléphonique, bientôt notre fournisseur d'énergie, elle nous donne le pouvoir de décider chez qui nous irons acheter notre pain, de choisir notre plombier …Cette loi met en concurrence les offreurs de biens et de services qui feront fortune ou faillite selon leur capacité de répondre à nos besoins, donc selon leur utilité sociale. Cette loi pousse les professionnels à chercher notre clientèle en nous servant le mieux possible, cette loi ignore les passe-droits, les subventions, la corruption, le clientélisme.

 

Bref les lois économiques récompensent ceux qui travaillent avec le souci de bien faire, ceux qui innovent, ceux qui ne comptent pas leurs efforts.

Enfin, ces lois sont celles des gens de la base, pas celles des dirigeants politiques qui décident avec nos impôts de se soutenir eux-mêmes et de soutenir souvent les déjà plus favorisés en ayant le culot d'invoquer la solidarité.

 

On peut donc être contre les lois économiques, mais dans ce cas il faut expliquer clairement que l'on trouve juste que le mauvais artisan gagne autant que le bon par l'intermédiaire de l'État qui taxera suffisamment le bon artisan pour permettre au mauvais d'obtenir le même revenu. C'est une conviction qui peut se défendre, elle est celle de la gauche archaïque certainement, mais ce n'est pas la mienne.

 

Quant à dénoncer un abandon au pouvoir des lois policières il faut bien savoir que ces lois policières là consistent à ne pas se contenter de prévention mais aussi de répression. Est-ce vouloir succomber au " tout répressif " que de montrer davantage de considération pour la victime, pour ceux qui souffrent de l'insécurité que pour le délinquant multirécidiviste et impuni ? Non, je ne le crois pas, car ce qui est présenté sous le nom de " lois policières " c'est tout simplement une conception de la justice que partagent la grande majorité des Français qui ne volent, ne violent ou ne cassent, et qui en ont marre d'entendre que le délinquant violent est avant tout une victime de la société.

 

Je m'interroge donc sur la conception du mérite et de la discipline qui serait celle d'une directrice d'école d'Aubigny. En effet il est dans la logique " économique " et " policière " que d'inciter les élèves à travailler du mieux qu'ils le peuvent et de dissuader les plus forts de jouer les caïds de cour de récré. J'espère donc que les considérations sociétales de cette élue s'arrêtent à la porte de son école.

 

 

 

Xavier COLLET, le 2 juin 2007