Enchères inversées
Les nouveaux marchés du travail sur Internet ne concernent pas seulement les free-lances, pour les mercenaires de la feuille de paie et les chômeurs des couloirs des agences d'emploi il est possible de trouver un meilleur poste ou tout simplement un boulot par des sites Internet dédiés…que ce soit en Allemagne ou aux États-Unis.
Mais si les salariés recherchent
le travail le plus valorisant et le mieux payé, les entreprises, naturellement
jouent les enchères inversés en recherchant des salariés qui acceptent les rémunérations
les plus faibles.
Qu'ils affichent la couleur par des sites comme " job-dumping " ou " jobDealer.net
" en mettant aux enchères un poste à pourvoir dont le profil est précisé, ou
qu'ils recueillent les prétentions des candidats lors d'entretiens, le résultat
est le même et évite bien souvent de faire perdre du temps aux recruteurs comme
aux postulants.
Pourtant le principe exprimé crûment des enchères inversées a le tort de mettre explicitement en avant ce qui, socialement correct oblige, doit n'être valable qu'implicitement. En France c'est l'absence d'hypocrisie qui ne passe pas, et pourtant ce principe y existe déjà pour les sites de free-lance, c'est à dire pour le travail indépendant. Les enchères inversées permettent aussi aux salariés souhaitant se faire embaucher ailleurs de faire valoir leur expérience, tant il est vrai que les employeurs ne jouent pas systématiquement le jeu dans la mesure où ils tiennent compte des qualifications des candidats et leur choix ne s'arrêtera donc pas sur celui qui réclame le moins. Les candidats à un poste, souhaitant mettre en avant expériences et qualifications peuvent donc surenchérir sur ce critère plutôt que de baisser les salaires.
Si le principe ne choque que les
pucelles collectivistes on se doute bien que les syndicats franchouillards et
soviétophiles allaient se joindre au chœur des Tartuffes. Qu'ils allaient ressortit
leur lutte des classes avec les vieilles icônes du gros capitaliste exploiteur,
le cigare entre les dents.
Ils ont trouvé une oreille attentive à leurs vertueux arguments au nom de valeurs
communes partagées avec la copine de Bové, Nathalie Kosciusko-Morizet. La distinguée
dame patronnesse de l'UMP a sorti de sa petite cervelle un amendement dans le
cadre du projet de loi pour l'égalité des chances afin d'interdire les contrats
de travail conclus à l'issue d'enchères inversées : " cette pratique qui déshumanise
la proposition d'embauche ".
Dans le sillage d'une loi aussi
conne on ne peut que s'attendre à ce que le salarié non retenu à la suite d'un
entretien puisse contester une discrimination fondée sur les prétentions salariales.
Il pourrait par exemple se prévaloir d'une jurisprudence autour de la loi Kosciusko-Morizet
afin de saisir la HALDE.
L'avantage de telles lois c'est
qu'elles dissuadent le recours au salariat au profit de la conclusion de contrats
de prestation de services free-lance. Espérons donc une perte de vitesse du
salariat car il faudra bien finir par scier la branche sur laquelle trônent
les syndicats.
Xavier COLLET, le 18 novembre 2008