NON à la constitution Européenne, une réponse libertarienne aux arguments des collectivistes favorables au Non
Une constitution libérale ? Quelle plaisanterie !
J'ai trouvé votre
site en cherchant ceux qui disent NON à la constitution Européenne. Moi-même,
je m'apprête à voter NON à Schengen. Je suis Suisse et nous avons l'habitude
des référendums - des VRAIS, pas des occasionnelles questions dont la classe
politique pense en général déjà connaître la réponse.
Je reste par contre
perplexe face à votre raisonnement :
- La pseudo-constitution proposée est diamétralement à l'opposé des idées libérales.
Comment pouvez-vous lui reprocher ne serait-ce qu'une seconde qu'elle serait
"libérale" ??? Dans la pensée libérale, la constitution LIMITE le
pouvoir de l'Etat de manière très stricte et doit être connue de tous. Celle
qu'on vous propose est un monstre, qui accorde le droit au gouvernement de faire
à peu près tout et n'importe quoi, tout en imposant de nombreux choix politiques
qui n'ont rien à faire dans une constitution.
- La
constitution américaine est plutôt libérale, pourtant les VRAIS penseurs libéraux
de l'époque y étaient opposés, craignant que tout état central deviendrait un
jour ce monstre illibéral que l'on connaît - Washington aux EU, Paris pour la
France et Bruxelles maintenant pour l'UE.
- La constitution Suisse était largement inspirée par son modèle américain,
sauf qu'elle réduisait encore la concentration des pouvoirs, en remplaçant le
président par 7 conseillers fédéraux devant décider de manière collégiale. Depuis
fort longtemps, ils sont issus des 4 à 5 partis majeurs, dont aucun n'a jamais
dépassé les 28% des voix. Le gouvernement Suisse n'a donc à aucun moment pu
imposer quoi que ce soit de manière arbitraire, chaque question devant trouver
des alliances variables et toute loi pouvant toujours être censurée par référendum,
ne devant donc pas déplaire ne serait-ce qu'à une forte minorité.
Les limites de la démocratie permanente
Ca,
c'est assez libéral, sauf qu'évidemment, une démocratie en soi est illibérale
: on peut décider de l'utilisation de ressources volontairement mises en commun,
mais rien de plus, sauf si on laisse tomber le masque de moralité et qu'on interprète
le gouvernement comme le droit du plus fort - qu'on admette que le groupe le
plus nombreux a le droit d'imposer sous la menace ses choix arbitraires au groupe
plus faible. C'est ce qui se passe actuellement et c'est intolérable. Cela explique
la constante lutte entre groupes divers et l'appauvrissement de la société.
De nombreux groupements qui cherchent à imposer certains choix, des interdictions,
des "bonnes causes" obligatoires de toute sorte, peuvent réussir à
obtenir une majorité passagère. On finit par imposer la totalité des restrictions
imaginables, limitant partout les droits de nos concitoyens tout en voyant nos
propres choix limités par autrui. Souvent, celui qui était avec vous pour imposer
un choix X est contre vous pour imposer également le choix Y, qui ne vous convient
pas. On finit dans une société ou tous les choix de vie sont interdits ou obligatoires
et où l'Etat gère tous nos revenus - petit à petit, ce sera une nouvelle URSS,
ensemble avec la misère qui accompagne tout Etat aussi puissant.
Si au lieu de cela on se basait sur les principes libéraux - respect pour la
personne et les biens d'autrui - les conflits se réduiraient rapidement et la
société dans son ensemble serait beaucoup plus prospère. Chaque individu serait
plus heureux, puisqu'il serait maître de sa vie dans une société sans répression
inutile.
L'exemple classique de la stupidité des interdits arbitraires sont évidemment
les drogues. Ce n'était pas l'affaire de l'Etat de décider qui pouvait ingurgiter
quoi. Mon voisin n'a pas le droit de m'interdire de prendre la substance X.
Même en se regroupant avec 100 autres personnes, il n'obtient pas ce droit,
même s'il peut m'obliger à lui obéir par la force. Puisque personne ne possède
ce droit, personne ne peut le déléguer à l'Etat, comme on peut déléguer le droit
d'auto-défense et le règlement des conflits en général. Les membres de l'Etat
sont à 100% des citoyens comme tous les autres qui ne se distinguent en RIEN
des autres, ni par leur compétences, ni par leur moralité (qui n'est, vous en
conviendrez, en aucun cas supérieure aux communs des citoyens). Ils s'arrogent
donc des droits dont ils ne disposent pas.
Une constitution qui donne des droits au super-Etat
Le problème de la constitution de l'UE est qu'elle fait semblant d'accorder de tels droits à l'Etat avec le consentement des gouvernés. Mais même si 50.5% des citoyens Européens étaient réellement d'accord, cela n'implique qu'eux - toute personne n'ayant pas voté, ayant voté NON ou n'étant pas encore né n'est clairement pas lié par leur choix.
Selon
vos écrits, vous estimez que cette constitution serait "trop libérale",
parce que pas assez socialiste. Votre volonté, c'est donc d'imposer des choix
économiques à vos concitoyens. Vous semblez penser que cela améliore le bien-être
des pauvres et de la classe moyenne face aux personnes "riches", mais
c'est évidemment faux : vous abolissez simplement la possibilité d'obtenir fortune
et influence par le travail. Au lieu de rendre service à ses concitoyens, il
faut donc faire de la politique. C'est comme ça qu'on pourra obtenir richesse
et pouvoir dans une société très politisée. Et un pouvoir immensément supérieur
à celui du simple entrepreneur:
Bill Gates n'a AUCUN pouvoir sur vous, autre que de vous proposer des produits
que vous pouvez acheter ou refuser. Le moindre homme politique, par contre,
même un simple maire, a d'immenses pouvoirs sur vous en tant que citoyen Français.
Et puisqu'il est attiré plus par le pouvoir que l'argent, il exercera ce pouvoir
autant qu'il pourra et peu importe les idées qu'il affiche publiquement ou ses
promesses électorales.
Je suis moi-même indépendant depuis 20 ans. Je n'ai aucun pouvoir sur personne,
mais je suis maître de ma vie: je choisis mon activité, mon lieu de résidence
(sauf dans les pays à pouvoir politique fort, où il faut que je demande la "permission"
de m'établir) et je détermine moi-même si je veux plus de revenus en travaillant
plus ou moins de revenus en travaillant moins. Je ne vais pas demander à un
pouvoir politique de fixer le nombre d'heures que je dois ou que j'ai le droit
de travailler.
Je sais, vous allez me dire que tout le monde n'a pas la possibilité de faire
de tels choix, mais c'est faux : je connais de très nombreuses personnes qui
ont fait ce choix avec toutes sortes de professions, y compris de nombreux artisans
et même des artistes (tatoueur, acteur, danseurs de ballet, si, si - prenez
www.linga.ch que j'avais aidé à démarrer en 1992).
Choix suisse ou choix européen
Ils font
facilement ce choix dans la Suisse libérale, mais c'est infiniment plus difficile
dans la France jacobine (qui à mon avis est hyper-socialiste, mais je sais que
vous n'allez pas être d'accord). En Suisse, le système (encore, pour quelque
temps) plus libéral a créé une société beaucoup plus riche. Ca n'a rien à voir
avec les banques ou les multinationales, qui ont leur rôle, mais très limité
: 75% des entreprises en Suisse ont entre 5 et 50 employés et 7% sont indépendants
comme moi et ce sont ces 82% des travailleurs qui créent l'immense majorité
des richesses dans le pays. Ils travaillent beaucoup, c'est vrai, mais ils sont
contents de leur choix, tout comme moi-même.
Et je peux vous dire que je ne crains qu'une chose: une plus grande emprise
de l'Etat, qui réduira ma liberté, qui m'obligera encore plus à faire du travail
administratif stupide et qui réduira mes choix et mes revenus. Depuis 15 ans,
la part de l'Etat en Suisse a augmenté sans cesse (de 32 % à 40 % environ).
Le pire, c'était l'introduction de la TVA - ça me vole 4 jours de ma vie chaque
année, en plus de l'argent.
Pour quel bénéfice alors ? Dans le même temps, le chômage a augmenté, de 0.9%
(si, si) depuis 1989 en passant de 2.5 à 4.5% et depuis quelque temps, on entend
parler de "working poors" dans les médias. Leur solution ? Plus d'interventions
de l'Etat, des règlements etc. Résultat qu'on peut en attendre ? Le même qu'avant
- plus de chômage, plus de pauvreté. Ce sera la même spirale infernale que partout
ailleurs - l'Etat promet une "solution", ça foire, les gens tombent
dans la misère et appellent à l'Etat pour les en sortir et on repart pour un
tour. On finit avec des millions de chômeurs comme
en Allemagne et en France.
La Suisse avant 1985 correspondait passablement à votre cauchemar de pays "ultra-libéral",
sauf qu'elle était tout le contraire de "sauvage". C'était un pays
incroyablement prospère pour son époque, avec quasiment pas de criminalité,
zéro grève et un pouvoir d'achat 3 à 4 fois plus élevés qu'ailleurs en Europe.
Manifestement, moins de conflits augmentait massivement le revenu réellement
disponible des employés. C'est logique - ce n'est pas le salaire nominal qui
compte, mais la richesse totale créé dont on peut obtenir une part. Si on fait
grève, on arrête de produire et tout le monde est plus pauvre, peu importe combien
de salaire on reçoit. C'est vrai à fortiori avec des grèves qui bloquent le
pays entier. Idem évidemment avec les chômeurs : ils ne produisent rien, mais
ils consomment (peu, ok, mais quand même). Forcément, ils réduisent la richesse
totale disponible pour eux-mêmes et ceux qui ont toujours un travail. C'est
évidemment largement préférable qu'ils travaillent au noir que qu'ils se tournent
les pouces...
Et pour vous dire à quel point la Suisse était le "Far West", voici
un fait peu connu : jusqu'en 1998, on pouvait librement porter une arme à feu,
sans aucun permis dans 60% des Cantons. Et tout le monde a un fusil d'assaut
à la maison (comme moi, qui pouvait le garder après mon service militaire).
Depuis 1999, le port d'arme est soumis à un permis avec "clause du besoin"
(il n'est donc quasiment jamais accordé). Avant 1999, la Suisse était l'un des
pays les plus sûrs du monde. Depuis, les crimes violents dans les lieux
publics ont augmenté de 12 à 15% par année, à présent donc plus que doublés.
A certains endroits, c'est vraiment devenu le "Far West" - depuis
que les armes sont interdites !!!
Ca peut être contre-intuitif, je sais, mais plus on pose d'interdits, moins
ça marche !
Si on pouvait ordonner la prospérité et abolir la pauvreté par décret, ça se
saurait. Toutes les lois du monde ne sont que des mots sur papiers, sauf si
on sait comment les appliquer. Et les seules lois qu'on peut espérer appliquer
de manière universelle et sans oppression, ce sont des lois simples et claires,
connues et acceptées de tous.
Pour vous donner un dernier exemple, je prendrai le fameux salaire minimum :
en Suisse, il n'y en a pas, sauf selon accords sectoriels privés. Pourtant selon
une enquête du gouvernement auprès de 20 000 travailleurs au noir (qui ont été
assurés de ne pas être poursuivis s'ils participaient), surtout du Brésil et
des pays de l'Est, on a constaté que leur salaire net était de l'ordre de 1'500
EUR en moyenne. Je connais personnellement un Polonais qui a travaillé au noir
en Suisse pendant une année et qui est reparti en Pologne, où il a crée une
entreprise avec son épargne !
La moyenne des salaires officiels est de 3 000 EUR pour tous et de 4 200 EUR
si on ne compte que les personnes actives. Ca correspond, selon l'INSEE, à la
moyenne du 1% des salaires les plus élevés de France !!! (chiffres 2003). Même
en tenant compte des prix élevés en Suisse, le pouvoir d'achat d'un employé
moyen à Zürich (la ville la plus chère) est le DOUBLE d'un employé équivalent
à Paris.
Alors à quoi servent des salaires minimums ? Je vais vous le dire : à éliminer
toutes les personnes avec une faible formation ou au début de leur vie active
du marché du travail. Mettez-vous à la place d'un employeur potentiel : est-ce
que vous allez prendre le risque d'engager un employé aux compétences et aux
dispositions inconnues, si 1) vous devez lui verser un salaire minimum obligatoire
et 2) vous ne pourrez plus le virer peu après? Non, évidemment, vous ne prendrez
que des personnes avec des recommandations en or !
Plus le salaire minimum est élevé et plus il exclut de personnes du monde du
travail. L'expérience mentale est d'ailleurs facile: que se passerait-il s'il
était de 10'000 EUR par mois? (en termes actuels). Evidemment seulement un très
petit nombre de personnes pourraient encore trouver un emploi... quoique - à
ce point, l'économie serait déjà passée entièrement dans le marché "noir"
(c.à.d. libre de l'emprise de l'Etat, mais dangereux et sans aucune protection
légale).
Je vous laisse méditer tout cela, puisque je pense que ce n'est pas comme ça
qu'on vous avait présenté les idées libérales. Evidemment, je suis intéressé
par votre réponse...
En souhaitant que le NON l'emporte contre cette constitution profondément anti-libérale
!
Stefan METZELER,
le 17 avril 2005