Antiaméricanisme franchouillard


Je suis, sans trop intervenir, les discussions sur la liste de diffusion des lecteurs du Figaro. Mais quelquefois j'ai l'occasion d'une réaction épidermique à l'encontre de quelques gros cons franchouillards et bien nationalistes s'égayants de saillies navrantes telles que :

"Beaucoup semblent s'identifier aux USA. Pas moi. Que Mr J Parker défende son pays, je l'admets fort bien, pas venant d'un Français qui se prétendrait nationaliste et Européen"  

J’y trouve là, à mon grand déplaisir, quelques bouffées d’un antiaméricanisme viscéral au nom d’un nationalisme français jaloux et guère plus intelligent que les beuglements collectivistes de l'ultra-gauche.

Qu'on en juge, certains y trouvent normal que l’on défende « son pays » quelques soient les errements des dirigeants dudit pays, à vrai dire ce nationalisme borné en revient au fameux adage britannique « right or wrong my country ». Le nationaliste en question se reconnaîtra et je trouve qu’il est bien triste qu’un lieu de naissance tienne lieu d’opinion politique.

J’aimerais donc savoir pour quelles valeurs se bat au juste le nationaliste français, se bat-il pour des valeurs exclusivement françaises à opposer à des valeurs étrangères et quelles seraient alors ces valeurs si exceptionnelles que le monde devrait envier à l’entité géographique voire culturelle appelée « France » ? A partir de là comment le nationaliste peut-il admettre que seul un américain puisse défendre les Etats-Unis, ce que ne pourrait faire un français qui aime son entité géographique ? Cela voudrait-il dire qu’il existe des vérités valables pour les Américains et d’autres valables pour les Français, qu’il n’y aurait pas de valeurs universelles au-delà des frontières érigées par les politiques ?

Le nationaliste français devrait donc approuver toutes ces belles exceptions culturelles à la française, ces valeurs portées haut par un Chirac en pleine forme devant le mémorial de Caen en mai dernier. Un Chirac qui a eu le front de faire la leçon aux descendants de ces GI massacrés sur les plages de Normandie en rétorquant à George Bush que la cause des français va au delà de celle qui les unit aux américains puisque la défense de la liberté s’associe ici à la solidarité ! Alors si c’est cela les valeurs de la France, s’il faut en toute circonstance défendre aveuglément les valeurs d’un pays, je le déclare ici : je choisis d’être nationaliste américain, rappelant au passage que ce nationalisme là ne se base à mon sens que sur des valeurs universelles fondées sur le droit à la vie, celui de jouir de sa propriété et d’aspirer au bonheur individuel.

 

Xavier COLLET, 10 janvier 2003