' On ne fait pas grève de gaieté de coeur

On ne fait pas grève de gaieté de coeur !


 

Bernard Thibault (pas le comique de gauche, celui de la CGT) prétend que :

« les salariés ne font pas grève de gaieté de coeur et contrairement aux mensonges constamment assénés, ils ne sont pas et n'ont jamais été payés en pareilles circonstances. »

 

Pas de travail, pas de salaire ?

 

Ces bonnes paroles doivent nous amener à envisager le rapport coûts-avantages de la grève.

Le coût des grèves pour les grévistes serait donc le non paiement des jours de grève, un principe bien normal puisque la grève suspend l'exécution du contrat de travail. Ainsi faute d'exécuter son travail sous la subordination de son employeur, le gréviste ne saurait prétendre à la contrepartie rémunération.

 

Mais des avances gratuites aux grévistes

 

Pourtant dans la réalité le mensonge consiste bien à prétendre que les jours de grèves n'ont jamais été payés.

Et même si ces journée ne sont pas payées, il importe de rappeler qu'un mois de grève entier n'implique pas la suppression du salaire pour tout le mois, mais bien souvent un étalement des journées non payées sur plusieurs mois, mesure injustifiable qui correspond à une avance déguisée remboursable sans intérêt.

Ainsi lors des grèves de certains enseignants contre les projets de Claude Allègre, seuls 3 à 5 jours par mois de salaire ont été retirés. L'intersyndicale enseignante réclamait même que seuls les jours de grève effective soient décomptés, avec un tel principe, un mois de grève d'affilée pour un enseignant travaillant 4 jours sur 7 lui aurait permis de toucher tout de même les 3/7ème de son traitement sans avoir enseigné une seule heure.

Gonflée l'intersyndicale !

 

Et la négociation du paiement des jours de grève

 

C'est d'ailleurs dans le secteur public que la question du non-paiement des jours de grèves ne va pas de soi.

On ne s'étonnera donc pas d'y trouver les grèves les plus fréquentes et les plus longues, dans ces « sévices publics » qui abritent ce qui reste des troupes syndicales en France.

Ici la reprise éventuelle du travail passe par la mise sur le tapis du paiement des jours de grève. Eh oui, si la grève dure si longtemps chez les fonctionnaires c'est que le gouvernement n'a pas négocié suffisamment tôt.

Et en l'occurence c'est ce que m'écrit la CGT :

"Ensuite et contrairement aux allégations du gouvernement, il n'y a pas eu jusqu'au 13 novembre 2007 de véritables négociations avec les organisations syndicales, mais des séances d'information, de consultation sur une réforme ... Nous mesurons bien la gravité de la crise sociale que traverse notre pays. Celle-ci aurait pu être évitée par un vrai dialogue social, de vraies négociations que la CGT ne cesse de réclamer et pour lesquelles elle a fait au gouvernement une offre le 13 novembre ».

On se demande d'ailleurs pour quelles raisons le gouvernement a tenu bon à consulter les 7 % de ceux qu'il continue à appeler les « partenaires sociaux » pour infléchir une promesse faite et approuvée par 53 % des Français !

 

Négociation ou chantage ?

 

Mais passons ... Ce qui compte c'est que ce vieil argument est sorti habituellement par les syndicats pour considérer que la durée de la grève n'est pas de leur responsabilité mais celle du gouvernement ou du patron qui aurait dû céder aux chantages.

Il devrait donc payer les jours de grèves dans la poche des contribuables ou des actionnaires, ben voyons !

La manip ne marche pas à 100 % mais permet d'obtenir quelque chose, comme par exemple le paiement d'une partie des jours non travaillés.

Dans l'éducation nationale, on n'hésite d'ailleurs pas à suspendre des négociations tant que ce point n'est pas résolu. Ainsi plus la grève sera longue plus les chances d'obtenir le paiement d'une partie des jours de grève est importante, une prime aux jusqu'au-boutisme en somme.

 

Les grèves sortent du cadre légal

 

Il est illégal pourtant de payer ces jours non travaillés, bien évidemment les contribuables pourraient se retourner contre l'État, de même que les actionnaires d'une entreprise comme EDF pourraient attaquer la direction pour abus de biens sociaux. Mais en matière de grève on n'en est pas à une illégalité près, puisque les syndicats demanderont aussi pour faire aboutir les négociations l'abandon des plaintes et poursuites pour piquets de grève et violences, ou encore blocage de voies à la SNCF.

Voila donc pour les coûts, ils ne surpassent pas les avantages arrachés à la pusillanimité des représentants de la direction et au gouvernement.

Ainsi Sarkozy n'a pas fait la preuve de sa détermination, les privilèges repris d'une main devant la galerie sont rendus discrètement de l'autre sous forme de décotes, intégration des primes au salaire pour le calcul des retraites, ….

Ces renoncements répétés sont une véritable incitation à la grève surtout quand le gouvernement n'a pas l'étoffe du cabinet de Thatcher et lâche des avantages que toute la collectivité devra payer.

 

Les coûts de non-grève

 

Mais si on parlait plutôt des coûts pour les non grévistes, intimidés, voire agressés moralement et plus pour participer à ces mouvements.

Dans les écoles par exemple, c'est souvent l'instit non gréviste qui doit faire le travail de ses collègues absents et prendre la responsabilité de la garde d'élèves des autres classes (situation anormale si l'en est, heureusement le ministre Xavier Darcos a réagi aux propositions de nos amis).

Sans compter, qu'une faiblesse de caractère dans de petites structures peut faire préférer à certains la conservation de bonnes relations plutôt qu'un salvateur ostracisme (quel individu normalement constitué aurait plaisir à fréquenter un dinosaure syndicaliste ?) ou la confrontation à d'incessantes cabales constituantes d'un véritable harcèlement moral.

Non franchement le rapport coûts-bénéfices des grèves n'a rien de désincitatif, et c'est bien ce rapport qu'il importe d'inverser.

 

 

Xavier Collet, le 1er décembre 2007