Haider et le diktat européen


Je n'ai aucune sympathie pour l'extrême droite, ni pour le populisme, ni pour M. Haider en particulier. Ceci étant dit, l'"Europe " offre ces jours-ci un curieux spectacle. Un scrutin tout ce qu'il y a de plus démocratique selon les normes habituelles amène au pouvoir les amis de M. Haider. Avant même que ce dernier ait annoncé son programme, la cause est entendue : il faut isoler l'Autriche, la mettre au ban des nations jusqu'à ce qu'elle rende gorge. Voilà l'Europe des Chirac, Prodi et consorts : la démocratie n'est valable que pour autant qu'elle soit confiée à des " démocrates ", c'est-à-dire à des gens approuvés par eux. Ces grands démocrates, notons-le au passage, n'ont pas les mêmes pudeurs à serrer les mains de leurs alliés communistes, des communistes qu'on n'a guère entendu se démarquer du goulag et des crimes du communisme mondial (comme l'a prouvé la tentative de cabale de notre PC à la sortie du définitif " Livre noir du communisme ").

Nos bons démocrates de la démocratie à sens unique

L'affaire autrichienne éclaire l'avenir : la liberté des petites nations n'existe plus. Cette Europe social-démocrate fonctionne comme un étouffoir, une niveleuse qui tend à tout ramener à sa médiocrité première. En moins sanglant, la situation rappelle beaucoup l'affaire du Kosovo. L'Occident avait cru bon de choisir son camp, comme si la guérilla albanaise incarnait les plus hautes valeurs spirituelles face au pouvoir serbe. Au Kosovo, les capitales occidentales ont joué en fait un nationalisme contre un autre, en provoquant au passage une catastrophe humanitaire et en accélérant les massacres contre lesquels on prétendait lutter. Le même mécanisme est à l'œuvre en Autriche, car il n'est pas de meilleur moyen d'aider l'extrême droite que de prétendre mettre le pays sous embargo. La paranoïa du complot étranger va pouvoir nourrir les pires fantasmes. Ces deux phénomènes - fascisme et social-démocratie - sont comparables en ce qu'ils ne respirent qu'exclusion et haine de la différence, de la particularité. Aplanir à l'intérieur, exclure à l'extérieur, tel est le programme de l'Europe de Bruxelles. Déjà se profile à travers cette affaire le visage de l'Europe de demain, une Europe de plus en plus inquisitoriale qui réduira à néant les libertés locales. L'État européen est en marche, et cela n'annonce rien de bon.

Thibaut MOURGUES, le 05 février 2000

La démocratie vue de gauche

Les élections en Autriche qui mirent fin au règne de la coalition de l’immobilisme social-démocrate déclenchèrent également le tollé d’une partie de la classe politique européenne. Il était alors question de faire des Autrichiens les pestiférés de l’Europe, certains parlaient d’eux comme d’un « peuple méchant ». Et puis ce fut le tour des Italiens avec l’arrivée d’une large majorité pour la coalition de Berlusconi, cette fois heureusement, le précédent accepté, l’opération menée par une partie de la nomenklatura wallonne et française échoua.

Il en reste une démonstration : partout où le libéralisme peut s’imposer par la voie des urnes, les « démocrates » s’opposent à la liberté du scrutin et appellent au boycott des peuples méchants. Certains à l’occasion ont réclamé que l’on ajoute l’isolement artistique à l’isolement politique. Les artistes ne vivent pas seulement des subventions mais aussi de l’affection de leur public. Il faut que nous sachions nous en rappeler pour, à notre tour boycotter les boycotteurs dont les plus connus sont :

Jérôme Clément, président de la Cinquième, de la Sept et d’Arte ; Alexandre Adler, rédacteur en chef de Courrier International ; Laure Adler, directrice de France Culture ; Yves Boisset, cinéaste ; Constantin Costa-Gavras, cinéaste ; Jérôme Deschamps, metteur en scène et célèbre guévariste ; Sophie Duez, comédienne autoproclamée d'extrême gauche, Dan Franck, écrivain ; Romain Goupil, cinéaste ; Guy Konopnicki, écrivain très marxiste ; Bernard-Henri Lévy ; Gérard Mordillat, réalisateur ; Erik Orsenna, membre de l’Académie Française ; Marie-France Pisier ; Patrick Rotman, écrivain et réalisateur ; Daniel Toscan du Plantier, pédantissime président d’Unifrance ad patres.

Les promoteurs du boycott étaient appelés à se signaler à b-calendrier@paris.arte.fr