C'est le temps des rétrospectives 2008, des bilans et des nominations.

Il serait donc vraiment dommage d'oublier...


"Le Keynesien de l'année"


Bernard MADOFF



Mais oui : Pendant que d'autres glosaient sur la nouvelle "vérité" que prenaient les théories du Grand Economiste , Bernard, lui, agissait, selon les principes immortels de la croissance boule de neige et de la relance par la promesse de gains.


Sa technique, bien connue et classée comme une escroquerie lorsque c'est un particulier qui l'emploie, est exactement celle employée par les Etats les plus Keynesiens : emprunter à de nouveaux prêteurs pour payer les intérêts de la dette contractée auprès des précédents, et reporter cela à l'infini, en se donnant l'air, par quelques distributions de cash bien choisies, de faire dans le "généreux". Mais appliquée par des Etats, ce n'est plus une escroquerie, c'est de la Gestion, voire de la Haute Politique.

On est donc bien injuste avec Bernard, d'autant qu'en période très inflationniste son truc aurait pu fonctionner, en tout cas lui permettre de se dégager un jour sans dégâts (enfin, en les laissant payer à d'autres mais sans pouvoir être accusé de vol ; tiens, là encore on dirait une technique d'Etat).


Il aurait suffi en effet que l'inflation soit du niveau des années 70, l'époque où Valéry Giscard d'Estaing, avec son sens de la formule à la fois obscure et mathématiquement exacte, invitait les Français à se réjouir du "ralentissement de l'accélération de la hausse". Cà plus une gestion dynamique de la dette, revendue pour finir en bonne et légale forme à de puissants acheteurs (Crédit Lyonnais de la grande époque nationalisée ? Banques d'Etat ? on se serait bousculé, les décideurs n'y prennent pas de risque personnel), et le tour était joué.


Evidemment, la période récente ne s'y prêtait pas aussi bien, vu les taux d'intérêts et la politique des banques centrales, et notre Bernard aurait dû y penser ; mauvais "timing" ... Mais il semble que çà n'invalide pas une théorie, puisque les principes de Keynes reviennent en force, après cinquante ans de preuve du contraire. Et de toute façon aller à l'envers de la réalité, n'est-ce pas faire preuve de ce magnifique "volontarisme" qui permet à nos élites de rester fières d'elles-mêmes tout en se trompant tout le temps ? Il n'y a pas vertu plus Keynesienne que le volontarisme, c'est même l'essence de la doctrine.


Oui, vraiment, Bernard Madoff EST le Keynesien de l'année. Soutenons sa nomination !

Par Pascal Titeux