La nouvelle révolution des NTIC
L’innovation
joue un rôle essentiel dans la croissance économique, en contribuant aux progrès
de la productivité de l’ensemble de l’économie et à la création d’entreprises.
A partir de ce credo, André Lévy-Lang souligne que les nouvelles technologies
de l’information et de la communication (NTIC) ont permis une accélération de
ces progrès depuis dix ans. Un mouvement qui, selon lui, se poursuivra et constitue
une nouvelle révolution industrielle.
« Les
NTIC, dit-il, ont été comparées aux révolutions industrielles précédentes, notamment
à celle de l’électricité. (…) Dans le cas de l’électricité, la baisse des prix
a permis une progression de la consommation de plus de 10 % par an pendant plusieurs
décennies. Les NTIC permettent une progression encore plus forte de la
consommation d’information grâce à la baisse des coûts associés. »
Les
NTIC et ce que l’on a appelé la nouvelle économie concernent toutes les entreprises
de l’économie classique qui en sont, avec leurs clients, les principales bénéficiaires.
« Cependant, la création d’entreprises, celle de jeunes pousses, est un
facteur essentiel au développement de la diffusion des innovations techniques,
même si le poids de ces entreprises en terme de production intérieure et d’emploi
reste limité », souligne M. Lévy-Lang.
Les
entreprises nouvelles ont des atouts différents, ajoute-t-il. Ce sont la rapidité
de décision, la souplesse d’organisation, la possibilité d’associer financièrement
une équipe au succès de son projet, et surtout, « le fait que l’existence
d’un portefeuille de produits et de clients dont il faut préserver la rentabilité
peut freiner la mise en œuvre des innovations dans une grande entreprise ».
Ces
atouts des nouveaux entrants font que beaucoup des grandes entreprises du secteur
des NTIC sont récentes et ont démarré comme des jeunes pousses il y a souvent
moins de 20 ans. C’est le cas de Cisco, d’Oracle et de quelques autres fournisseurs
d’équipements et de logiciels pour Internet. Des entreprises plus anciennes
comme IBM ou Alcatel ont su se repenser radicalement et rester dans le groupe
de tête de leur domaine.
« L’importance
des jeunes pousses ne se mesure pas seulement au nombre, nécessairement très
faible, de celles qui deviennent des géants comme Cisco ou Microsoft. En effet,
beaucoup sont reprises par de plus grands groupes, qui leur apportent les moyens
d’un développement industriel et commercial plus rapide. Même les jeunes pousses
qui échouent contribuent au progrès de l’ensemble de leur secteur par leur expérience.
Il est donc essentiel qu’il y ait un flux soutenu de création d’entreprises
pour que les innovations se multiplient et soient diffusées », estime André
Lévy-Lang.
Une
analyse de la situation française « met en évidence nos nombreux atouts
mais aussi nos handicaps », poursuit-il. Ces handicaps expliquent le retard
français par rapport aux Etats-Unis et même par rapport à d’autres pays européens.
S’il est vrai que certaines des grandes entreprises hexagonales ont réussi à
se placer dans le peloton de tête mondial du secteur des technologies de l’information
et de la communication, la performance globale de l’économie française depuis
vingt ans n’a pas été brillante : ainsi en terme de production intérieure
brute par habitant, la France est passée du cinquième au treizième
rang en vingt ans.
La
« matière première » technique et humaine existe bien dans « nos
écoles et nos entreprises », elle est bien adaptée aux besoins de cette
révolution basée sur l’information. « Notre environnement social et culturel
a bien amorcé une évolution vers un système de valeurs plus favorable à l’innovation
et à l’entreprise. Mais nos institutions et notre système législatif, réglementaire
et fiscal restent marqués par une vision méfiante de l’entreprise, des activités
marchandes et du capital », ajoute-t-il.
Ceci constitue un lourd
handicap pour la France, qui, sauf réformes radicales, risque de se retrouver
parmi les « perdants de la révolution de l’information », conclut
André Lévy-Lang.
Baudouin BOLLAERT, le 26/09/2001, Le FIGARO
A partir de ce texte mais aussi en allant au-delà, réfléchissez et répondez aux questions suivantes :
1. En quoi consistent les NTIC ? Comment bouleversent-elles notre quotidien ?
Les NTIC naissent de synergies entre des découvertes telles que les microprocesseurs (dont la capacité de traitement double tous les 2 ans selon la loi de Moore), le laser, les fibres optiques ainsi que les technologies satellitaires. Elles permettent de coupler l'utilisation des technologies numériques et des réseaux (l'Internet notamment), donc le transfert du son, de l'image, du texte sur de longues distances et de façon instantanée. Au quotidien elles ont donné naissance à des outils tels que le téléphone portable, l'ordinateur, les chaînes numériques, les appareils photo numérique, les scanners, des applications telles que la domotique, la PAO, la CAO, ...
Les NTIC ont bouleversé notre façon de travailler, d'abord parce que notre accès à des flux d'informations est plus rapide et moins coûteux. Les entreprises reliées en temps réel à leurs fournisseurs peuvent désormais travailler en stocks réduits, elles peuvent aussi réagir instantanément en cas de problème de qualité et d'insatisfaction du consommateur grâce aux hotlines. La généralisation des codes barres et la localisation par satellite des convois de marchandises permet de raccourcir les temps d'acheminement des marchandises et de situer à tout moment la marchandise. Ainsi, supposons que le colis que vous avez envoyé n'est pas encore chez son destinataire ? Le service d'envoi pourra le situer et résoudre le problème !
Des métiers ont été chamboulés par les NTIC, les agences immobilières deviennent virtuelles et des particuliers font même visiter à distancer leur appartement à vendre grâce à un système de webcams. Les architectes font découvrir leurs créations en réalité virtuelle, les archéologues nous permettent de visiter des villes antiques disparues. Les diagnostics médicaux sont désormais sûrs et précis ce qui permet des traitements plus rapides, les biotechnologies permettent de créer des organes, de soigner des maladies génétiques, de créer des espèces végétales résistante aux maladies, plus productives et poussant dans des conditions difficiles (OGM)...
Les mutations permises par les NTIC impliquent à moyen terme une augmentation de la productivité, certains effets sont sensibles immédiatement d'autres produiront leurs effets à l'avenir, hâtant le processus de destruction créatrice. Rappelons que ce processus, accompagnant toutes les innovations, a pour effet de diriger le capital des anciennes activités vers les nouvelles, permettant d'évoquer un cycle de vie des technologies. Le développement du capital-risque s'orientant vers ces nouveaux secteurs finance les projets de start-up dont les retombées financières de celles qui n'échouent pas remboursent plus que largement les fonds investis.
Les nouvelles technologies consistent en des investissements facilement adaptable à la demande des consommateurs, il ne s'agit plus d'investir dans de grosses machines destinées à un seul emploi (embouteillage exclusif de boîtes de tel calibre, par exemple) et dont la rentabilisation est incertaine. Ainsi la productivité du capital augmente ce qui économise des investissements.
2. Les NTIC peuvent-elles modifier les habitudes de travail, donnez en des exemples
Il faudra montrer que le travail à domicile va se développer limitant les mètres carrés de bureau mais aussi le rythme de travail et les migrations de travail quotidiennes.
3. Quels sont les autres changements sociaux que l'on peut attendre des NTIC ?
En matière d'aménagement du territoire, elles permettent de travailler à la campagne avec connexion adsl ou câble, mais aussi de faire exécuter une partie du travail par des salariés ou des indépendants travaillant à l'étranger (ex : hot line située à Madagascar, aux Maldives, ...).
En matière de législation du travail, le développement du télétravail remet en cause aussi le contrôle du travail par les inspecteurs, mais aussi la possibilité de travail en réseau au-delà des frontières implique un avantage pour la localisation d'activité dans les pays où les réglementations sont les moins contraignantes (voir plus haut). Globalement les NTIC permettent une plus grande flexibilité du travail.
En matière de taille et de fonctionnement des entreprises, on peut remarquer que les NTIC marquent l'accès à une civilisation post-industrielle. D'un côté face à une clientèle mondialisée les économies d'échelles restent importantes, de l'autre les services liées aux NTIC (on a parlé de secteur quaternaire) n'impliquent pas un fort investissement matériel de départ mais éventuellement un important investissement immatériel (publicité). Le facteur de production déterminant n'est plus tant le capital ou le travail mais la matière grise.
En matière d'emplois par groupes socioprofessionnels on prévoit le développement des professions libérales au détriment du salariat. Le recherche de flexibilité passe par là d'autant que les nouvelles technologies réduisent les coûts d'agence.
L'accès à la connaissance par le net remet en cause toute l'organisation de la formation initiale et continue. Les relations interindividuelles sont aussi modifiées, le net favorise le rapprochement par communautés d'intérêts, d'opinion, de mode de pensées en s'abstrayant des frontières géographiques...