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La démocratie est en danger !
Nous vivons tous un drame et nous ne le savions pas ! Nous, je veux parler des enseignants, syndiqués ou non comme le dit et le répète l’UNSA depuis le début de l’année scolaire 2003-2004. Ce drame ce n’est rien moins qu’un attentat contre la république et la démocratie, perpétré par Jean-François Mayet, maire de Châteauroux. Au-delà des profs il nous concerne donc tous en tant que … heu … citoyens.
« Il a osé » a titré Marie Thérèse Caumon de l’Humanité, oui, il a osé réclamer aux organisations syndicales de sa ville de payer à partir du 1er mars 2004 un loyer pour les locaux mis à leur disposition. Mais aussi, dans son odieuse mesquinerie, il a commis l’attentat d’exiger, oui d’exiger le règlement des charges et des impôts liés à l’utilisation desdits locaux. Dans ce même article elle évoque un maire qui voudrait bien faire table rase des syndicats, elle situe ces agissements dans le contexte « d’une doctrine répressive et régressive chère à bien des réactionnaires », elle en appelle aux « droits et libertés de l’homme … au progrès et aux droits fondamentaux du syndicalisme, … à la démocratie » et cite pour terminer le secrétaire départemental du PCF, Michel Fradet : « après s’être livré à une chasse aux sorcières au sein de la mairie, le maire de Châteauroux s’engage aujourd’hui dans une démarche d’extermination du mouvement syndical, démarche qui relève plus d’une philosophie extrémiste que républicaine ».
Mais le Mayet est un entêté de l’UMP (centre gauche), pas décidé à se laisser impressionner par de si mauvaises manières, il fait évacuer les trublions forçant ses conseils et saisit la justice en référé afin de faire interdire les manifestations syndicales troublant ses réunions. Devant cette résistance inattendue nos syndicats qui pourtant gèrent de forts lucratifs comité d’entreprise, bénéficient de généreuses dotations publiques, contrôlent de multiples organismes paritaires dont la Sécu, s’accaparent le monopole de la représentation des salariés ; nos confédérations syndicales, dis-je, dont certaines ont obtenu le privilège d’embauche, la gestion du seul fonds de pension français, j’en passe et des meilleures … se mettent à crier famine sur les loyers mais aussi les charges. Les caisses de Châteauroux sont plus mal en point que celles de la CGT, de la CFDT, de la FSU et de l’UNSA, mais que diable, on ne touche pas au droit de faire les poches des Castelroussins pour se chauffer les fesses et se bourrer le mou (ou le contraire) à la maison des syndicats, c’est qu’il en va là d’une tradition aussi ancrée et justifiée que la chasse à la palombe … C’est dire.
Il faut donc apitoyer le bon peuple en s’habillant comme Job. L’UNSA, acculée, sort sa calculette (j’évite ici une contrepèterie douteuse) : rien que pour le loyer le maire revendique le versement d’une somme, tous syndicats compris, de 9000 € alors que la ville de Châteauroux a supprimé la subvention de 1450 € et que le Conseil Général n’accordait que 610 €. Les comptes sont vite fait, pas de quoi payer le loyer et encore moins les charges d’entretien, de chauffage et les taxes.
Les syndicats ne désarment pas pour autant : pétitions dans les écoles à l’initiative de l’UNSA, de la FSU, presse syndicale acharnée, militantisme par le net. Tant d’activisme ne peut être que récompensé, dans ce pays la force emporte le droit et justement le tribunal déboute le maire. Assuré d’une bordel grandissant dans ses réunions avec l’aval des autorités, le voilà soumis et tel le premier bourgeois de Calais il fait d’abord cadeau des charges puis propose de faire don de la maison des syndicats à ses tourmenteurs.
Il sera donc dit que pour cette fois les syndicats ont soutenu cette privatisation mais l’affaire est-elle terminée ? Ne serait-il pas comique pour une fois d’inverser les rôles et de faire des Libertariens les adversaires d’une telle aliénation d’une propriété commune au travers d’une action des contribuables … Il ne resterait qu’à demander aux syndicats le remboursement au bénéfice des cochons de payant du montant de l’estimation du cadeau du maire … Ou à simplement bloquer ce don par voie judiciaire.
Xavier PREGENTIL, le 27 mai 2004
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