Mafia syndicale

la grève des fonctionnaires décryptée

L’interdiction de constituer des groupements d’intérêt professionnel, telle qu’énoncée dans la loi Le Chapelier de 1791, a ,au premier abord, le tort de poser une interdiction catégorique. Replacée dans son contexte, cette loi révolutionnaire a le mérite de marquer clairement une rupture avec le corporatisme de l’ancien régime. Au-delà, elle servira à l’interdiction des syndicats posant que la constitution de groupements d’intérêt viole aussi bien les principes supérieurs de la liberté individuelle (de travailler) que la libre disposition de sa propriété et des droits contractuels.  

 

Depuis, sous le prétexte de leur « rôle fondamental de revendication », les syndicats enfreignent effectivement la liberté du travail. Ceux qu’ils appellent péjorativement les « jaunes » sont objets de menaces et de coercitions, le respect de leur droit ne peut souvent être obtenu sans l’usage de la violence. Les rapports au travail deviennent des rapports de force, la loi a choisi son camp en dépossédant les propriétaires de leur outil de travail, toute résistance de leur part pourra être assimilée à un « délit d’entrave », tout absence de résistance également tant un syndicaliste pourra réclamer une promotion et l’obtenir sous peine de préjuger d’une attitude discriminatoire. Le corps de l’inspection du travail veillera bien au maintien des privilèges acquis, les arbitres sont là très partiaux de par leur appartenance politique non dissimulée.

En France, le pouvoir syndical tend à se substituer au pouvoir des propriétaires de l’outil de travail. C’est une réalité qui porte atteinte gravement à la propriété privée. Quel intérêt y a t-il à risquer ses biens dans une entreprise alors qu’un capital placé en SICAV est bien mieux protégé ? L’intérêt est d’autant moindre s’il se porte sur l’imprimerie ou sur le déchargement de navires. Dans ces activités le principe de la liberté syndicale (adhérer ou ne pas adhérer au syndicat de son choix) est battu en brèche. Le syndicat marxiste CGT y détient le monopole de l’embauche : ainsi tout artisan imprimeur devra savoir, non seulement que son imprimerie ne lui est pas acquise mais qu’en plus tous ses salariés devront être adhérents de la CGT et choisis par la centrale syndicale, il en va de même dans le secteur des docks. Ainsi, en 1976, le Monde a du mettre la porte un de ses imprimeurs car celui ci refusait de se syndiquer à la CGT. Pareil problème est survenu au Parisien Libéré qui a tenté de faire face avec plus de dignité.

De liberté syndicale il n’en existe plus guère depuis que la gauche révolutionnaire a obtenu l’élimination de la pluralité syndicale en permettant aux seules 5 centrales syndicales « représentatives » la présentation au premier tour des élections des représentants du personnel. Ces critères de représentativité sont aussi fantaisistes que l’obligation de prouver l’attitude patriotique du syndicat lors de la seconde guerre mondiale (visiblement ce n’est pas un problème pour la CGT !!!) ou la nécessité de prouver son caractère revendicatif vis à vis des employeurs …

Cette politisation des syndicats français est peut être une des raisons de leur désaffection, mais les règles électorales dans l’entreprise sont telles qu’une majorité non syndiquée sera représentée par des éléments politisés et syndiqués qui parleront en son nom. Il ne faut pas oublier que les syndicats, nourris de quelques votes et de la manne de la sécurité sociale dont ils font leurs choux gras, sont des courroies de transmission des partis de gauche et  les plus acharnés défenseurs de leur propres intérêts (défense du statut public, des sévices publics et du principe de répartition qui leur permet de gérer la Sécu). En d’autres temps – France 1947 – la CGT n’hésitait pas à provoquer des troubles civils pour tenter d’instaurer une dictature bolchevique, certains comme SUD ou la FSU ne sont pas loin de ces positions aujourd’hui.

Le rapprochement des centrales CGC et CFTC des partis de droite pas très libérale (normal on est en France) ne leur fait pas renoncer au mythe de la « justice sociale ». C’est un révélateur supplémentaire de la démagogie politicienne, tant il serait difficile de faire admettre à ces syndicats que leur rôle de groupe de pression ne coïncide pas avec la recherche d’un prétendu intérêt général.  Car après tout la revendication satisfaite dans une entreprise publique ne signifie pas autre chose qu’une augmentation des impôts ; dans une entreprise privée elle permet difficilement une baisse des prix pour les consommateurs en cas d’augmentation de la valeur ajoutée. Le partage de la valeur ajoutée se décide sous la pression de la concurrence : les salariés qui ne profitent pas d’une hausse de leur productivité peuvent aller voir ailleurs, il en va de même des actionnaires dont l’augmentation des dividendes ne suit pas celle de la valeur ajoutée, des consommateurs qui sauront passer dans une autre enseigne. Les syndicats, facteurs de rigidités, nuisent en réalité à ces trois catégories qui se recoupent de plus en plus.

 

Xavier COLLET, cahiers de l'ADEL, 1990