L’argent va-t-il tuer le travail ?

 


 

 

 

Dans l'hebdomadaire Marianne, l'écrivain Jean-Philippe Domecq met en cause la tolérance à l'inégalité que porte le système capitaliste.

 

Sur quels critères se fondent les disparités de salaires ?

 

Les écarts de salaires permettent-ils la motivation des salariés et sur quoi se fondent ces écarts ? Tels sont les questions que se posent Jean-Philippe Domecq constatant des différences extrêmes de salaires. Il doute du fait que les écarts de salaires puissent rendre plus travailleurs et avance pour cela que beaucoup, parmi les cadres les plus performants travaillent bien et dur sans gagner plus que le salaire moyen.

 

À partir de l'exemple de la fusion entre les groupes automobiles Allemand Daimler-Benz et Américain Chrysler, il constate les différences de salaires entre les cadres supérieurs de ces deux sociétés. En effet les cadres supérieurs Américains sont bien mieux rémunérés que les cadres supérieurs Allemands, et pourtant cette différence de salaire ne peut s'expliquer par des capacités différente de vente des véhicules, on ne peut donc pas dire que les cadres de Chrysler soient plus productifs que ceux de Daimler-Benz.

 

Il passe en revue les causes pouvant expliquer des différences de salaires :

 

- Le critère justifiant les écarts illimités serait-il alors la rareté du travail accompli ? À ce compte, certains petits métiers en voie de disparition ou certains «sales boulots» devraient provoquer des enrichissements de milliardaires.

- Le critère est-il la qualification ? En ce cas, les agrégés de grammaire et les maîtres potiers seraient richissimes.

- Le critère est-il le risque ? Les hauts salaires devraient, dans ce cas, aller aux ouvriers du bâtiment !

- Le critère est-il la responsabilité ? Nous touchons là ce qu'il y a de plus juste dans la pensée néolibérale : le gain individuel serait la clé de la motivation. On pourrait y ajouter le « pouvoir» dans l'entreprise. Mais les ultralibéraux passent volontiers ce thème sous silence parce qu'ils défendent à la fois le haut salaire et le plein pouvoir.

 

Les inégalités injustes 

Domecq en tire qu'en motivant excessivement les uns par de très hauts salaires et beaucoup de pouvoir, on démotive d'autant les autres.

Et il en donne un exemple parlant : si les actionnaires de Peugeot trouvaient bon que le PDG gagne 25 fois plus que les ouvriers les plus qualifiés de l'entreprise, c'est parce qu'ils lui savaient notamment gré de refuser à ceux-ci les 300 F d'augmentation pour lesquels ils firent grève en 1989. Comment veut-on, qu'il ne sente pas méprisé dans son travail, ce cadre de la banque JP Morgan qui apprend, sur un site Internet récemment créé à cet effet, qu'il lui faudra travailler pendant deux cent cinquante­deux ans pour empocher ce que son, PDG a ramassé en 1997 ?

 

Et il fait appel au politique pour diminuer les hauts salaires, argumentant que cela permettrait de créer des marges pour augmenter les bas salaires et préserver l'emploi, donc augmenter la consommation. Sa proposition consiste à appeler de ses voeux la création de deux barèmes d'impôt sur les sociétés. Celui d'aujourd'hui pour les entreprises qui veulent garder la liberté de fixer leur hiérarchie salariale; et un barème allégé pour les entreprises qui justifieraient d'une hiérarchie moins distendue.

café new yorkais avec son mur de dollars

 

               

 

À partir du texte ci-dessous et de votre réflexion, répondez aux questions ci-dessous.

Vous traîterez ensuite de la question suivante : "les inégalités de revenu sont-ils une tare du système capitaliste ?"

 

 

1. Le politique pourrait-il décider de la fortune de chacun, peut-il garantir un même revenu pour tous ?

 

2. Reprenez les critères expliquant les disparités de revenus et tirez-en une approche critique des arguments de l'auteur.

3. Si l’utilité sociale n’est pas récompensée par l’enrichissement alors sur quoi risque de se baser l’enrichissement ?

4. En quoi est-il absurde de comparer le marché et le marxisme ?

L’un est une organisation naturelle des échanges donc imposé par personne, l’autre est un système basé sur la contrainte absolue de l’Etat sur l’individu, donc il n’a rien de naturel. On n’impose pas le marché, il est naturellement alors que le communisme s’impose par une dictature.

 

5. « Nous sommes tous acteurs de l’économie », certes, mais qui prétendrait le contraire ?

Certainement pas les « prêtres du marché » puisque chacun par ses actes marchands détermine qui doit développer ses activités ou non, principe de la main invisible. Au contraire ce sont les « prêtres de l’économie administrée » qui infantilisent ce chacun en permettant l’existence de secteurs ou d’activités non rentables (mais subventionnés), en décidant de ce qui nous est utile par le financement ou la taxation de biens tutélaires (suivant le principe des externalités). Le principal acteur du marché devient donc l’Etat au sens large puisqu’il peut financer à partir d’une cagnotte budgétaire représentant plus de la moitié du PIB.

 

6. Si tous les revenus étaient égaux comment évoluerait l’économie ?

Pas d’incitation à augmenter son capital humain, croissance extensive.

 

7. Quelles sont les économies les plus égalitaires ?

Les plus pauvres avec égalité par le bas, la croissance implique répartition de la valeur ajoutée au profit de ceux qui y participent. Or cette participation est inégalitaire.

 

8. Qui décide de la rémunération des grands patrons ?

Ils sont salariés, si les actionnaires ne sont pas contents de leurs résultats ou de leurs rémunérations, ils peuvent les virer. Ce qui peut ne pas être légitime en matière de salaires l’est dans le cadre de revenus du travail indépendant puisque le revenu est directement tiré du succès des marchandises commercialisées.

 

9. Pourquoi les Américains, à situation professionnelle égale, gagnent-ils plus que les Allemands ?

Car le PIB par habitant est plus élevé aux USA qu’en Allemagne. Si on devait comparer le salaire d’un cadre français avec un cadre chinois on se rendrait compte aussi d’une importante différence de revenus même si l’un et l’autre travaillent dans le secteur textile, l’explication serait alors la même.

 

10. « Mais les ultralibéraux passent volontiers ce thème sous silence parce qu'ils défendent à la fois le haut salaire et le plein pouvoir. » Êtes vous d’accord ?

C’est évidemment faux car les « ultralibéraux » comme le dit l’auteur ne sont pas les défenseurs de la technostructure chère à Galbraith, auteur antilibéral. Au contraire c’est aux USA que la technostructure (toute puissance du manager salarié dans l’entreprise) a subi ses premiers coups de boutoirs et qu’elle a été renversée au profit de la « corporate governance », principe qui veut que les actionnaires, c’est-à-dire les propriétaires légitimes, reprennent le pouvoir dans les entreprises.

 

11. Si des différences de salaire ne sont pas justifiées comment peuvent réagir les frustrés du salaire ?

En proposant leurs services ailleurs : toutes les entreprises n’ont pas la même politique salariale et il est dangereux de sous-payer un salarié efficace car il pourrait facilement être débauché. Il n’est pas non plus justifié de surpayer un salarié au-dessus du prix en vigueur sur le marché pour ses qualifications. Des anomalies de rémunération ne sont donc que temporaires et se résoudront par l’offre et la demande de travail à condition que ce marché retrouve sa flexibilité. En réalité les cas de salariés surpayés sont plus fréquents dans des entreprises publiques où la paix sociale est ainsi achetée.

 

12. Les joueurs de football français figurent parmi les plus grosses fortunes du pays, que se passerait-il si l’Etat baissait le barème des impôts des clubs de foot qui diviseraient par dix le salaire de leurs joueurs ?