Le multiculturalisme est une utopie !


Comme toutes les utopies, elle est pavée de bons sentiments et…mène à l'enfer.

La société multiculturelle est un fantasme tout droit sorti du cerveau pétri de repentance des universitaires "politiquement corrects" américains, honteux d'une histoire qui s'est bâtie sur le génocide des amérindiens et la déportation puis l'esclavage des africains.

Le multiculturalisme engendre le communautarisme, c'est-à-dire la juxtaposition de communautés très peu ouvertes sur l'altérité (pas ou peu d'exogamie), repliées sur leurs traditions culturelles, leur religion et leurs coutumes. De ce repli naît la méfiance, puis la xénophobie entre les différentes communautés. On en arrive enfin au racisme intercommunautaire, qui dégénère inévitablement en violence. En d’autres termes - et ce n'est pas le moindre de ses paradoxes- le multiculturalisme, qui se définit comme un antiracisme absolu, aboutit à un racisme généralisé et paroxystique !

Qu'on le déplore ou qu'on s 'en réjouisse, le multiculturalisme engendre le communautarisme qui débouche sur...le tribalisme et la guerre civile. Nous en avons eu l'exemple tragique en ex-Yougoslavie. Les pays anglo-saxons, avec leurs ghettos ethniques persistants, en sont un autre exemple, sans doute moins tragique, mais significatif. La plupart des guerres civiles qui ensanglantent l'Afrique sont également dues à un multiculturalisme qui n'est pas accepté par des ethnies trop différentes pour se tolérer. Ainsi le génocide soudanais, dans lequel les janjawids musulmans du nord, se revendiquant arabes (et donc "blancs") massacrent les tribus africaines animistes et chrétiennes "noires" du sud, est encore une conséquence de l'échec du multiculturalisme.

La France, terre d'invasions et d'immigrations, a montré par son histoire que seule l'intégration, suivie de l'assimilation, était garante de la paix civile. Les gaulois et les romains ont fusionné en civilisation gallo-romaine (splendide exemple de métissage ethnique et culturel) avant de réussir à assimiler les barbares francs, ce qui n'était pas gagné d 'avance! Les Républicains de la IIIème République le savaient, qui avaient fait de l'école publique le creuset de l'assimilation: on y apprenait la langue française (parfois de force!) aux petits bretons et aux petits auvergnats; mais aussi aux enfants d'immigrés italiens ou polonais. Tous sont devenus français. Tellement français qu'ils sont morts dans les tranchées pour la France en 14-18... Pourquoi ne ferions-nous pas aujourd'hui pour les français originaires d'Afrique et du Maghreb ce que nous avons fait autrefois pour les régionaux de Provence ou de Bourgogne ? Ne le méritent-ils donc pas ?

Considérer qu'un immigré - maghrébin ou africain - de culture musulmane doit absolument conserver ses coutumes (même si elles sont contraires à l'égalité des sexes et à la laïcité), n'est-ce pas se monter paternaliste ? N'est-ce pas sous-entendre que cet immigré, justement parce qu'il est musulman, serait incapable de s'intégrer et de faire siennes les valeurs républicaines ? N'est-ce pas, même involontairement, faire preuve de racisme ? N'est-ce pas, enfin, laisser le champ libre aux extrémistes de droite, qui en profitent pour dénoncer la soi-disant incapacité des nouvelles vagues d 'immigrés à s'intégrer ?

Le multiculturalisme est en théorie le melting-pot anglo-saxon, c’est-à-dire la cohabitation librement consentie et harmonieuse de peuples ayant des origines, des cultures, des religions diverses. Le problème c’est qu'en réalité ça ne fonctionne pas : telle ethnie va prétendre que sa couleur, son dieu, son mode de vie sont supérieurs à ceux des autres. Alors on en vient à une juxtaposition de communautés hostiles les unes aux autres, avec des revendications identitaires d'abord (exigences alimentaires dans les écoles, horaires séparés dans les piscines), des violences interreligieuses et interethniques ensuite (dégradations de lieux de culte, agressions racistes de toutes sortes). C'est le processus dans lequel s'est engagé la France.

En important ce modèle multiculturel anglo-saxon, nos élites politiques fascinées et complexées par les États-Unis ont ouvert la boîte de Pandore de la balkanisation/libanisation. Elle risque de ne se refermer que dans l'affrontement sanglant. La France en a déjà fait la malheureuse expérience au XVIème siècle avec les Guerres de Religions. La machine républicaine intégratrice est la solution: elle accomplit elle-même le métissage culturel en transformant -les régionaux autrefois, les immigrés aujourd'hui- en français, respectueux des valeurs démocratiques issues des Lumières. Mais cette machine républicaine est aujourd'hui grippée, bloquée par l'alliance paradoxale de deux courants de pensée : avec d'un côté des extrémistes de droite hostiles par principe à toute assimilation des immigrés, pour des raisons racistes basiques; avec d'un autre côté des "bien-pensants" de gauche qui ont dévoyé le respect de l'altérité en tolérance de tout et de n'importe quoi, y compris de l'inégalité des sexes. Nous sommes à l’heure du choix : soit une nation (métissée, comme elle l'a toujours été) républicaine et laïque, unie et en paix; soit une société multiculturelle où germe la guerre civile. Mais cette fois, pas sûr qu'il y aura un Henri IV pour nous réconcilier.

Cyrano Lebouc

Questions

1. Quels sont les sociologues défenseurs du multiculturalisme, cette défense du multiculturalisme est-elle universelle ou est-elle située et datée ? Expliquez
2. Quel est le principal reproche que fait l'auteur au multiculturalisme ?
3. Quels modèles s'opposent au multiculturalisme ? En quoi peut-on les opposer au multiculturalisme ?
4. Quels arguments pourriez-vous utiliser pour défendre la thèse contraire à celle de l'auteur ?