L’Omerta
française
Sophie Coignard et Alexandre Wickham, Albin Michel, 1999
Un bouquin qu’on ne doit pas rater et qui annonce d’emblée la couleur : « La question est « comment raconter aux lecteurs ce que nous avions découvert sans enfreindre la loi » !! »
D’abord
les mœurs des puissants et les retombées meurtrières. C’est à partir de
l’affaire Markovic en 1968 qu’une chape de plomb tombe sur la vie privée
des politiques, pourtant bien connue des journalistes. Dommage, on en retiendra
que la fidélité n’est pas le
fort des présidents de l’ère post-pompidolienne.
On
aborde ensuite la corruption mais aussi les très légaux fonds secrets, cet
« argent noir de l’État légalisé lors des sessions budgétaires par le
parlement est un scandale. Parce
qu’il profite à l’ensemble de la classe politique, c’est le dernier tabou
sur lequel les français n’ont pas le droit d’être informés.
En
réalité les fonds secrets existent depuis la loi du 27 avril 1946 et sont
principalement distribués aux conseillers, chefs et directeurs de cabinet. Évidemment
ils ne sont pas imposables.
Certains
politiques se distinguent par leur avidité que ces fonds attisent. Jack Lang
dans sa période ministre de la culture ajoutait les 70 000 f mensuels attribués
à on ministère à ses 100 000 f par mois. Un surplus qui échappait à la
tranche supérieure de 56 % d’imposition et qu’il refusait, contre les
usages établis, de redistribuer à ses collaborateurs.
Ces
fonds peuvent aussi servir à acheter des voix, c’est comme cela que
fonctionne la démocratie, ces gens se sont fait élire pour nous faire le
poches. C’est avec des fonds secrets que quelques députés de droite se sont
fait acheter abstention ou vote favorable à la loi d’auto-admnistie des
politiques en 1990.
Nos
journalistes talentueux en viennent aux étouffeurs : les affaires de
pédophilie sont vite étouffées en France dès qu’elles touchent la
pouvoir politique, ce qui est pourtant bien souvent le cas.
11
ans après qu’en est-il de l’affaire de la disparition du pasteur Doucé en
1990 ? De cet ecclésiastique proche des milieux pédophiles nous ne savons
pas grand chose sauf qu’il a bien été assassiné. L’enquête pourtant ne révèlera
ni commanditaires ni suspects. Seul action liée la révocation de l’inspecteur de police Jean-Marc Dufourg
mais des faits qu’on dira indépendants de l’affaire. Il ne reste que des
rumeurs sur la pédophilie dans les cercles du pouvoir.
En
dehors des cénacles, l’éducation nationale est souvent éclaboussée, mais
sous le ministère de François Bayrou c’est silence radio : « Je
ne vois vraiment pas l’intérêt de salir l’Éducation Nationale. Et puis, tu
imagines la réaction des syndicats ? Non, je t’assure il y a des moments
où il faut savoir se taire. » Dixit
Bayrou.
Dans
d’autres affaires, les étouffeurs comptent tout simplement sur les
journalistes par de plus ou moins amicales pressions comme c’est l’habitude
de Blondel, Charasse, Rocard et Chirac.
Des
exemples nous sont livrés concernant Léotard et Lang qui n’hésitent pas à
s’en prendre à tout une rédaction pour mettre le vilain curieux au chômage
ou lui bloquer sa carrière. Enfin c’est monnaie courante, Kiejman lui
proposait la prison pour les curieux.
Pour
les affaires de la ville de Paris, le livre révélait déjà en 1999 ce que
nous savons aujourd’hui. Les étouffeurs n’étaient pas tous au RPR, on
compte parmi eux Delanoë, Sarre, Le Guen, qui profitaient du système Chirac en
ramassant les miettes.
Enfin
les étouffeurs de l’ARC, un scandale notoire protégé par maître
Soulez-Larivière, acharné à dissuader toute investigation.
Et ce n'est là que mise en bouche pour un livre que nous vous conseillons de dévorer ...