La Châtre : une opposition amnésique


 

J'ai trouvé cet été dans ma boîte au lettre une feuille titrée " Droit de cité ou La Châtre autrement ". Je l'ai lue assez rapidement pour remarquer que ce journal " de l'opposition municipale de gauche " s'offusquait de l'indignation de certains à l'encontre de leur dernier numéro. Je me suis aperçu alors que j'avais dû stocker dans ma pile d'allume barbecue le numéro 2 d'avril 2009 de cette parution.
J'avais bien pensé sacrifier un peu de mon temps à répondre à quelques propos qui m'avaient fait bondir. Puis j'ai eu d'autres chats à fouetter qui m'ont fait abandonner un tel projet.

Ce coup de gueule d'une " gauche castraise " au verbe haut me rappellera cependant à ce que je considère être un devoir de réponse. Effectivement en tant que professeur d'économie, de science politique, en tant que Castrais, il m'appartient de corriger les plus grosses erreurs et contre-vérités véhiculées à mes concitoyens. Je pense aussi qu'il est nécessaire de communiquer à ceux qui prennent des décisions au nom des Castrais que le souci de la vérité et la bonne foi sont des vertus, j'espère donc que les élus de l'opposition auront la modestie de tenir compte de mes remarques afin de corriger le tir et de se rendre digne de leur mission.

Je rappelle donc aux rédacteurs de cette feuille que cette année la Chute du Mur de Berlin a 20 ans, que le Pacte Hitler-Staline en a 70.
Il convient de commémorer ces deux évènements pour ce qu'ils révèlent, à savoir que le vingtième siècle a connu deux grands totalitarismes : le communisme et le nazisme. Que ces deux totalitarismes étaient cousins germains, nés de la haine du libéralisme, de l'économie de marché, des libertés individuelles. Qu'ils ont chacun consacré un pouvoir sans limite aux apparatchiks et ont fait de la loi autre chose que l'expression de la justice, exterminant, spoliant, réduisant à néant une partie de leur population sous l'accusation d'ennemis du peuple ou de la race aryenne.

Depuis 20 ans nous avons cru enterrer le totalitarisme, nous avions mis le communisme dans les poubelles de l'histoire. Il était temps d'en faire son Nuremberg avec ses 150 millions de victimes. Malheureusement le communisme continue à opprimer et massacrer, on peut penser à la Corée du Nord, aux FARC et à ses régimes complices à Cuba, au Vénézuéla, …

Malheureusement encore ce que je lis dans " Droit de cité ou La Châtre autrement " me paraît complètement déconnecté de nos réalités historiques et du contexte local. En effet on semble d'abord y regretter le bon temps du communisme municipal, puis on y vomit le libéralisme à la façon des totalitaires d'antan.

 
un modèle pour bien des nostalgiques qui sévissent à gauche

Ainsi sur le premier point, j'ai réagi à un " libre propos " d'une ancienne enseignante d'établissements ZEP de la région parisienne, laquelle s'en prend à nos jeunes Castrais bien pires que ceux de Gennevilliers. Je précise que je n'ai jamais été victime de la moindre agression ni a fortiori incivilité à La Châtre, pas plus d'ailleurs que dans le lycée val-de-marnais où j'enseignais précédemment. Je devrais certainement m'en étonner devant le libre propos de cette dame puisque pour n'avoir pas habité dans une de ces villes de la banlieue rouge, je n'ai pas été confronté à des jeunes bien encadrés. C'est en effet la moralité de l'anecdote de cette enseignante qui m'a laissé sur un profond malaise, pour elle les jeunes doivent être encadrés par des structures qu'elle cite pêle-mêle en y faisant figurer le mouvement de jeunes dit " vaillants communistes " entre autres éclaireurs laïques ou jeunes socialistes !
Elle continue ainsi : " Ces mouvements (…) transmettaient aussi une certaine idée de la transcendance, une notion du " sur moi ", ce qu'on appelait " avoir un idéal ". " Quand on sait l'idéal véhiculé par les groupements de jeunes communistes, un idéal de lutte des classes, de révolution et de dictature sanglante du prolétariat, on se dit qu'à tout prendre il vaut mieux une incivilité qui cessera à l'âge adulte plutôt qu'un conditionnement à la haine qui n'aurait rien appris des leçons de l'histoire. Si cette dame regrette ce mouvement qui date de quelques décennies ainsi qu'elle le précise, si elle veut le ressusciter à La Châtre à travers son appel : " Alors, trouvera-t-on de jeunes adultes pour relever le défi. Peut-on encore avoir de l'espoir ? ", je le dis tout net son espoir me fait peur. Et, dans la mesure où c'est l'opposition municipale qui relaie cet appel, cette opposition m'inquiète tout autant, que ferait-elle de notre ville si elle arrivait un jour au pouvoir ? Prions donc pour que La Châtre ne soit jamais le Gennevilliers d'il y a quelques décennies !

Oui prions dans ce sens car, et j'en viens au second point, les élus de l'opposition vomissent le libéralisme. On croirait en effet lire l'Humanité quand on relève en forme d'édito : " Le Président Sarkozy prétend moraliser le système économique libéral, qu'il a toujours soutenu, par des " mesurettes ". Seules les luttes peuvent le faire. Si on avait attendu que le capitalisme se moralise, les enfants de 6 ans auraient travaillé dans les mines jusqu'à leur fermeture. " Le professeur d'économie que je suis certifie qu'un tel propos est tout à fait ridicule. C'est bien l'efficacité du mode de production capitaliste qui a permis la plus grande création de valeur et qui a fait de nos pays capitalistes des pays riches. Cette richesse une fois produite a pu être répartie entre les acteurs de la production, ce ne sont pas les conflits sociaux qui ont permis l'enrichissement des salariés mais la capacité du système productif de générer des richesses car on ne peut répartir que ce qui a été produit.
La Corée encore unie à la fin des années quarante était un pays très pauvre, la Corée du Nord devenue communiste fait travailler les enfants dès leur plus jeune âge et laisse une grande partie de sa population mourir de faim en liberté surveillée ou dans des camps de concentration. La Corée du Sud par contre, en moins de 40 ans, va adopter le capitalisme pour faire de ce pays un des plus riches du monde, aucun enfant ne travaille plus désormais en Corée du Sud car les parents ont les moyens de leur offrir une éducation. Il serait donc nécessaire que les élus de l'opposition revoient un peu leurs conceptions de la société. Faute de corriger de telles erreurs, car il n'est jamais trop tard pour apprendre, défions nous de ces gens là. Si pour eux La Châtre autrement c'est Gennevilliers en Berry, alors disons leur non merci ! Et le merci n'est pas indispensable.

 

 

Xavier COLLET, le 18 août 2009