Congrès du PCF 

(ou quand les cocos pesaient encore un peu plus de 3,5 % des voix)


 

Préparation du Congrès 1999

Nouveau projet communiste 2000-2001

 

Préparation du Congrès 1999

Aïe aïe aïe, suite aux législatives les communistes se lamentent, à titre exceptionnel le Bureau national s'adresse à tous les adhérents pour amorcer une autocritique. Un grand travail de réflexion et de rénovation est à l'œuvre.

Ah y a du boulot, à part se convertir au libéralisme, difficile de voir comment ils pourraient s'en sortir. Mais non, ils s'enfoncent à chercher ce qu'ils appellent leur alternative "aux ravages dévastateurs du libéralisme capitaliste et à l'avenir inquiétant qu'il dessine pour la civilisation humaine". Oui, le Transparence de Juillet - Août 1999, le journal des adhérents du PCF, charrie toujours la même langue de bois mais dans la préparation du Congrès du parti il peut être intéressant de commenter les esquisses des textes préparatoires.

Dis Petit Père des Peuples quoi c'est la liberté ?

Le premier texte baptisé (euh non pas baptisé ;-)) "Alternative communiste ; projet et stratégie" évoque la nécessité de "vouloir changer le monde" mais constate l'échec de la social-démocratie et d'une conception communiste dévoyée "qui s'en est pris aux libertés au nom de l'égalité". Comique, non tragique, la définition de la liberté reste introuvable pour les communistes et n'est surtout pas la "liberté bourgeoise" de posséder et de faire ce que l'on veut de ce que l'on a. Nos communistes réclament encore le renversement du capitalisme ou plutôt ils veulent "dépasser le capitalisme en faisant prévaloir du local au mondial, des rapports d'association, de mise en commun et de partage des richesses, des informations et des pouvoirs ? N'est ce pas là une alternative littéralement communiste au libéralisme comme au social-libéralisme capable de donner sens, au plus profond de nous-mêmes, à nos espoirs et nos luttes de chaque jour ?".

Un degré idéologique 0, plus désorientés que jamais nos cocos ne sont désormais bons qu'à être récupérés par n'importe quel projet qui se baptiserait communiste, ils avouent leur échec !?

Il ne leur reste donc qu'à s'opposer à se saouler de leurs mots.

Individu : " l'ultralibéralisme s'en sert pour atomiser la société, déconstruire les solidarités". 

Les communistes eux se retrouvent dans le féminisme (Liliane prépare la valise !) et la lutte contre le racisme (au bulldozer les foyers maliens d'Ivry Sur Seine).

Progrès : "avec la logique de la concurrence et du profit s'accroissent les inégalités, les exclusions, les fractures". 

Eux préfèrent la logique du Crédit Lyonnais et celle de la Corée du Nord : la famine pour tous, sauf quelques uns.

Mondialisation : "le capital en fait une arme pour aiguiser la concurrence, développer les inégalités, miner la souveraineté des nations et de la démocratie"

Bof , leur truc à eux c'est "les luttes émancipatrices à l'échelle européenne, voire mondiale", genre Sentier Lumineux, Khmers rouges et Zappatistes ? Construire c'est bien, détruire c'est mieux ? Enfin c'est du procès d'intention, ils ne savent pas eux mêmes. 

oyons donc sérieux 5 minutes, sans concurrence ni progrès de la société ni libre choix de l'individu et toute société qui se développe connaît des inégalités mais aussi, il faut le dire, dans toute société qui connaît le progrès les plus pauvres sont moins à plaindre que les plus riches dans les sociétés archaïques. Quant à la démocratie son exercice ne saura remettre en cause la liberté et les droits de propriétés individuels, elle tomberait alors dans la spoliation et le crime comme un funeste jour de 1933.

Marché : "ne faut-il pas à la fois se battre pour libérer certaines activités humaines des relations marchandes et faire reculer partout les pouvoirs exorbitants de l'État (ah non excuser moi du capital, c'est pas logique mais c'est ce qui est écrit) ? Conquérir partout des droits d'interventions des salariés et des citoyens sur les choix économiques et financiers ?" 

Bien sûr, nationaliser c'est neuf et vos gueules les actionnaires si z'êtes pas content allez spéculer ailleurs… Euh, non on déconne, nous poussez pas à la récession, revenez, revenez ….

Deuxième texte : "Pour une société de plein emploi, de pleine activité". 

Pas de commentaires comme toute personne normalement constituée je me suis endormi.

Aussi drôle que se voulait Pif Gadget

Troisième texte : "Pour un nouvel âge de la démocratie". Là, c'est Pif le chien en version comique. Restez pas debout vous allez vous allez tomber à la renverse et vous tordre de rire par terre.

"Changer la société et renforcer la démocratie sont ainsi deux faces d'une même visée : le développement humain par l'émancipation de toutes et de tous. S'engager dans cette voie conduit à une nouvelle création démocratique. Nous, communistes, voulons contribuer à cette création (sourire). Nous avons pour nous l'acquis d'un patrimoine démocratique qui nous a placés, en France, aux avant-postes des grands combats pour la liberté (large sourire). La démocratie, chez nous, est chose ancienne (rire) ; mais elle est toujours fragile et a toujours besoin de se ressourcer. Peut-elle se développer dans la cité quand l'entreprise reste monarchique, quand l'État refuse la transparence quand l'information est sous la tutelle des marchés et des circuits financiers ? (écroulé de rire) Quelle réformes proposons-nous aujourd'hui pour l'améliorer ? Quelles institutions, quels droits envisageons nous pour cette société de liberté qui se confond pour nous avec la visée du communisme ?" (Hurlements d'hilarité)

Oui c'est une sit-com, manquait que les rires enregistrés.

Ah oui comme le disait ma voisine de 85 ans en 1989 à propos du massacre de Tien-An-Men, "oh, mon pauvre garçon vous avez vu ce que les capitalistes ont fait aux étudiants en Chine !". Sûr que c'est pas avec les communistes qu'on aurait laissé faire des choses pareilles …

Un communiste abandonnééééééé (sur l'air du chanteur abandonné de Johnny Halliday)

Quatrième texte : "Quel Parti, quelle formation politique communiste du XXIème siècle ?". Justement la question nous brûle tous les lèvres, en réalité la réponse fait mal au cœur : "Des efforts importants ont été entrepris pour moderniser et démocratiser la vie du Parti communiste français. Des progrès ont été accomplis (ça va mieux en le disant). Des cellules, des militantes et militants ont pris et (se) prennent (pas devant les enfants) des initiatives novatrices (on respire) pour ouvrir leur parti sur la société, le rendre plus attractif et plus efficace. Mais, dans le même temps, une majorité des cellules n'ont plus de vie réelle d'autres survivent avec des effectifs squelettiques. Dans ces conditions, leurs liens avec la société se distendent, voire disparaissent. Des communistes de plus en plus nombreux se trouvent privés de structures communistes de proximité où ils pourraient se retrouver et s'organiser (fallait les tatouer, ils risquent d'être euthanasiés). Les débats des réunions de cellules s'appauvrissent (c'est la paupérisation absolue chère à Marx). Avec des effectifs en recul sur 20 ans, on constate un vieillissement du Parti et de ses responsables."

Les communistes ne sont plus rien et après avoir fait la manche pour la "Nouvelle Humanité" (il y a toujours pas les cours de la bourse de Paris dedans !), ils attendent de nous un regard, un geste de compassion, quelque chose quoi, un peu de charité chrétienne pour les mal-comprenants … Désolé les gars, les chiens perdus c'est à la SPA que je vais les chercher, pas à la maison du peuple.

Xavier COLLET, le 15 octobre 1999

Le nouveau projet communiste 2000-2001

Éléments édifiants du nouveau projet communiste par le très fumeux Alain Costes.

Société et démocratie : Colonisation de l’ensemble de la société

"Nous partageons l’idée que la logique capitaliste en position hégémonique est devenue en capacité de détruire les ressources éthiques / normatives / héritées, en bref le sens de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas." 

Autrement dit, l’existence même de l’URSS, d’un bloc communiste fort, préservait ces ressources éthiques et normatives. Le délitement du sens moral vient de la chute du mur de Berlin car comme chacun sait la société communiste qui a vécu était celle du partage à opposer à celle du profit. Le partage de la pénurie, de la misère, la délation du déviant pour son propre bien, le règne de ces hommes qui se veulent au-dessus du commun ; alors que l’ignoble profit est celui que l’on obtient de la satisfaction des besoins des autres.

Quel scandale effectivement que de considérer que l’on puisse tirer profit du service plutôt que du pouvoir.

Mais nous savons désormais que le goulag « cela ne se fait pas », que la générosité imposée par l’Etat-Providence ne mérite pas d’être appelée générosité mais racket au profit de ceux qui sont gagnants au rapport de force politique.

Pourtant il est évident que nos sociétés occidentales souffrent de la perte du sens de la responsabilité, la logique à blâmer ici est celle du droit à, de ce droit que confère le politique. Ce droit à n’a rien à voir avec la logique capitalisme et tout à voir avec la logique du politique.

Encore une fois désignons tous les maux de cette société et faisons du système supposé régir notre société, le coupable de tous ces maux. J’appelle ce système celui des hommes d’État et j’accuse la logique politique de tous ces maux, le communisme est une caricature poussée à l’extrême de ce système.

Complexification des rapports entre capitalisme et démocratie

"Un lien étroit a fondé le rapport entre le capitalisme et les formes de démocratie moderne. Ici, des modes de production et d’organisation politique ont trouvé dans « la liberté » le terrain propice à leur complicité. Notre modernité a montré que l’économie de marché et sa représentation politique ont nourri le double concept de – société libérale et d’exigence démocratique -. La liberté s’est retrouvé au centre de ce dispositif. Aujourd’hui, il n’est pas sûr que le capitalisme ait encore besoin d’une démocratie active."

C’est terrible de voir des communistes parler de leur modernité et mettre la liberté entre guillemets. La liberté est ici mise en accusation ainsi que la société libérale et son exigence démocratique, une exigence qui ne peut porter atteinte aux droits individuels fondés par la société libérale.

Les communistes opposent ici cette démocratie à une démocratie sans liberté, une dictature de la majorité ou plus exactement la mise en place de supers États démocratiques dont le pouvoir des dirigeants se fonde sur le marchandage de nouveaux droits. Quand, plus loin, Costes parle d’une logique de conquête de l’outil démocratique et d’un moyen pacifié du dépassement du capitalisme, il pense évidemment au mouvement Motivé-es et aux expériences de Porto Alegre. Dans ce schéma, les hommes de l’État ne gouvernent qu’à coups des droits sociaux qu’ils accordent aux politiquement forts. Les prérogatives des hommes de l’État s’accroissent sans cesse dans un processus démocratique dévoyé impliquant un pillage de plus en plus important des productifs et l’abrutissement de leurs clientèles déresponsabilisées.

Nous en sommes exactement là et le projet communiste a pris corps en France. Les communistes ne sont-ils pas alors utiles dans cette dialectique qui voudrait que la classe des hommes politiques s’effondre avec la faillite de leur société emportée par ses contradictions ? On ne peut effectivement pas durablement accorder de plus en plus aux dépens de ceux qui produisent de moins en moins de matières à piller.

Xavier COLLET, le 16 mars 2001