La notion de pouvoir


I. Le pouvoir

    A. Les différents types de pouvoir

Questionnement : Quels pouvoirs exercez vous dans la société et qui ou quoi exerce du pouvoir sur vous ?

La guerre des boutons

 

Il était une fois deux villages voisins et rivaux dans un coin de la campagne française... De génération en génération les gamins de Longeverne et ceux de Velrans se livrent à coups de poings et à coups de frondes une guerre sans merci. Chaque prisonnier fait par l'un des deux camps se voit systématiquement dépouillé de ses boutons, de sa ceinture et de tout autre ustensile pouvant servir à soutenir ses vêtements. Lebrac, chef des Longevernes, après avoir envisagé de faire combattre ses troupes dans la tenue d'Adam, décide de lever un impôt, pour subvenir aux besoins des « guerriers», en boutons et élastiques... laissons le romancier Louis Pergaud nous raconter l'événement.

 

A la récréation, il n'eut point besoin de convoquer ses guerriers. Tous vinrent d'eux-mêmes immédiatement se placer en cercle autour de lui, dans leur coin, derrière les cabinets, tandis que les tout-petits, déjà complices, mais qui n'avaient pas voix délibérative, formaient en jouant un rempart protecteur devant eux.

- Voilà, exposa le chef. Il y en a déjà vingt-sept qui peuvent payer et j'ai pas pu envoyer de lettre à tous. Nous sommes quarante-cinq. Quels sont ceux à qui je n'ai pas écrit et qui ont aussi un sou à eux ? Levez la main!

Huit mains se dressèrent.

- Ça fait vingt-sept et huit. Voyons, vingt-sept et huit... vingt-huit, vingt-neuf, trente.... fit-il en comptant sur ses doigts.

- Trente-cinq, va ! Coupa La Crique.

- Trente-cinq ! T'es bien sûr? Ça fait donc trente-cinq sous. Trente-cinq sous, c'est pas cent sous, en effet, mais c'est quelque chose. Eh bien, voici ce que je propose :

« On est en république, on est tous égaux, tous camarades, tous frères : Liberté, Egalité, Fraternité ! on doit tous s'aider, hein, et faire en sorte que ça marche bien. Alors on va voter comme qui dirait l'impôt, oui, un impôt pour faire une bourse, une caisse, une cagnotte avec quoi on achètera notre trésor de guerre. Comme on est tous égaux, chacun paiera une cotisation égale et tous auront droit, en cas de malheur, à être recousus et «rarangés» pour ne pas être « zonzenés " en rentrant chez eux.

- Ça, c'est chouette! Mais des sous, on n'en a guère, tu sais, Lebrac ?

- Ah ! mais, sacré nom de Dieu ! est-ce que vous ne pouvez pas faire un petit sacrifice à la Patrie ? Seriez-vous des traîtres par hasard ? Je propose, moi, pour commencer et avoir tout de suite quelque chose, qu'on donne dès demain un sou par mois. Plus tard.., si on est plus riches et si on fait des prisonniers, on ne mettra plus qu'un sou tous les deux mois.

- Mince, mon vieux, comme tu y vas ! T'es donc «méllion­naire", toi ? Un sou par mois !  C'est des sommes ça! Jamais je pourrai trouver un sou à donner tous les mois.

- Si chacun ne peut pas se dévouer un tout petit peu, c'est pas la peine de faire la guerre ; vaut mieux avouer qu'on a de la purée de pommes de terre dans les veines et pas du sang rouge, du sang français (...). Je comprends pas qu'on hésite à donner ce qu'on a pour assurer la victoire; moi je donnerai même deux ronds... quand j'en aurai. 

- Alors c'est entendu, on va voter.

Par trente-cinq voix contre dix, la proposition de Lebrac fut adoptée. Votèrent contre, naturellement, les dix qui n'avaient pas en leur possession le sou exigible.

Guerreuillas, ainsi nommé parce qu'à côté du sien le regard de Guignard était d'un Adonis et que ses gros yeux ronds lui sortaient effroyablement de la tête, prit la parole au nom des sans-le-sou. C'était le fils de pauvres bougres de paysans qui peinaient du 1er  janvier à la Saint Sylvestre pour nouer les deux bouts et qui, naturellement, n'offraient pas souvent à leur rejeton de l'argent de poche pour ses menus plaisirs.

- Lebrac ! Dit-il, c'est pas bien ! Tu fais honte aux pauvres! T'as dit qu'on était tous égaux et sais bien que ça n'est pas vrai que moi, que Zozo, que Bati les autres, nous ne pourrons pas avoir un radis. J'sais bien que t'es gentil avec nous, que quand t'achètes des bonbons tu nous en donnes un de temps en temps et que tu nous laisses des fois lécher tes bouts de réglisse ; mais tu sais bien que si, par malheur, tu nous donnes un rond, le père et  la mère le prennent aussitôt pour acheter des fourbis dont on voit jamais la couleur. On te l'a déjà dit ce matin. Y a pas moyen qu'on paie. Alors on est des galeux ! C'est pas une république, ça, na! et je ne peux pas me soumettre à la décision.

 - Nous non plus, firent les neuf autres.

- J'ai dit qu'on arrangerait ça, tonna le général, et on l'arrangera, na ! Ou bien je ne suis plus Lebrac ni chef, ni rien, nom de Dieu ! Ecoutez-moi, tas d'andouilles, puisque vous ne savez pas vous débrouiller tout seuls. Nous avons besoin de sous ! Pour acheter du fourbi ; eh bien, quand vous trouverez un bouton, une agrafe, un cordon, un lastique, de la ficelle à rafler, foutez-les dedans votre poche et aboulez-les ici pour grossir le trésor de guerre. On estimera ce que cela vaut, en tenant compte que c'est du vieux et pas du neuf. Celui qui gardera le trésor tiendra un calepin sur lequel il marquera les recettes et les dépenses, mais ça serait bien mieux si chacun arrivait à donner son sou. Peut-être que, plus tard, on aurait des économies, une petite cagnotte quoi, et qu'on pourrait se payer une petite fête après une victoire.

- Ce serait épatant ça, approuva Tintin. Des pains d'épices, du chocolat...

- Des sardines !

- Trouvez d'abord les ronds, hein ! Répartit le général. Voyons, il faut être bien nouille, après tout ce que je viens de vous dire, pour ne pas arriver à dégoter un radis tous les mois.

- C'est vrai, approuva le chœur des possédants.

Les purotins, enflammés par les révélations de Lebrac, acquiescèrent cette fois à la proposition d'impôt et jurèrent que pour le mois prochain ils remueraient ciel et terre pour payer leur cotisation. Pour le mois courant, ils s'acquitteraient en nature et remettraient tout ce qu'ils pourraient accrocher entre les mains du trésorier.

Louis. PERGAUD, La guerre des boutons, Mercure de France, 1963

 

 

À travers cette scénette de "La guerre des boutons"

1. Identifier différents types de pouvoir en déterminant sur quoi ils reposent.

Pouvoir des grands sur les petits, les petits les admirent car ce sont des guerriers et ils les craignent car ils peuvent imposer leur force physique s'ils veulent se mêler des débats, ils sont exclus du processus de décision de la bande tout en appartenant à la bande. Pouvoir de Lebrac sur les autres enfants, ce n'est pas le plus intelligent (fautes de français, difficulté à compter) mais celui qui possède du sens pratique et du charisme. Pouvoir des parents sur les enfants, les plus pauvres prennent ce que les enfants veulent cacher, pouvoir traditionnel des aînés et des géniteurs sur leur progéniture qu'ils sont censés entretenir même si là tel n'est pas le cas, le pouvoir est lié ici à l'amour filial ou à la peur de l'usage de la force physique : "raclée si les enfants reviennent sans leurs boutons". Pouvoir des instituteurs, les enfants doivent se cacher dans la cours pour délibérer, le maître d'école, comme les parents, possède le pouvoir d'imposer la discipline par les sanctions, il est respecté aussi car il dispense le savoir. Pouvoir aussi de ceux qui peuvent contribuer à l'impôt par rapport à ceux qui ne le peuvent pas, les premiers apportent quelque chose à la bande de Lebrac, les autres doivent apporter des "cotisations" en nature, ce pouvoir est lié à l'argent, mais l'argent doit rémunérer l'utilité sociale.
Pouvoir du fort en gueule, celui qui prend le risque de se faire contrer ou de mal véhiculer ses idées, comme Gueurreillas, celui qui sait parler, ce pouvoir est aussi de l'ordre du charisme et du culot. Celui qui ose va s'imposer face à celui qui est timide et n'osera prendre la parole pour contrer une décision qui ne lui plaît pas.

2. A partir de là vous définirez ce qu'est le pouvoir.

3. Quel pouvoir est remis en cause ?

Pouvoir de la majorité sur la minorité, c'est le pouvoir démocratique qui impose sa décision aux minoritaires, ici Lebrac n'est pas remis en cause par les contestataires, seule la démocratie l'est. Le pouvoir de ceux qui contribuent n'est pas vraiment remis en cause, les plus pauvres ici se sentent un peu honteux "tu fais honte aux pauvres" de ne pouvoir contribuer autant que les autres, mais ce n'est pas leur faute c'est celle de leurs parents qui ne leur donnent pas ou leur prennent, remise en cause aussi du pouvoir filial.

 

    B. Définir le pouvoir

Le pouvoir est la capacité d'imposer une décision, de faire faire ou d'empêcher de faire (pouvoir de dissuasion Mutual assured destruction), selon Max Weber le pouvoir est la probabilité qu'un acteur soit en mesure d'imposer sa volonté dans le cadre d'une relation sociale, malgré les résistances éventuelles et quel que soit le fondement sur lequel repose cette éventualité, en conséquence il s'exerce avec ou sans le consentement de ceux qui devront obéir (par  la carotte ou bâton). Il implique donc domination : "chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé" (Max Weber).

Robert Dahl définit le pouvoir comme une influence : A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que ce dernier n'aurait pas effectué autrement. Ici le pouvoir implique une relation, ce peut être aussi le résultat de la haine, de l'amour, de l'amitié, de la concurrence ...

 

II. Les bases du pouvoir

    A. Types et modes de domination

        1. Les idéaux types de domination

Le pouvoir peut aussi reposer sur l'information, celui qui la détient exerce un pouvoir car il peut la détourner afin de faire passer son intérêt pour l'intérêt de tous (propagande, ex : les produits de mes concurrents sont mauvais pour la santé -OGM -, il faut les interdire) ou l'utiliser à son profit (initié, je suis le premier à acheter un terrain que les autres croient inconstructibles, mais comme je sais que le maire va modifier le PLU pour rendre ce terrain constructible et que je suis l'un des seuls à le savoir, je vais l'acheter au prix d'un terrain inconstructible).... Pouvoir charismatique, loi du plus fort, respect filial, pouvoir des savants, pouvoir économique (ploutocratie ; pouvoir économique de l'employeur sur le salarié contre rémunération de son travail, corruption des politiques, du consommateur sur le marchand), pouvoir politique (démocratie ou loi du plus fort, intériorisation d'une idéologie pour obéissance à un parti représentant l'idéologie à laquelle on est fidèle, pouvoir religieux en tant que pouvoir politique - longtemps l'un devait aller avec l'autre sinon guerre civile catholiques-protestants).

Max Weber considère 3 idéaux-types de domination : 1) la domination rationnelle, il s'agit d'une domination impersonnelle, obéissance à des lois, exemple : les contribuables face au Trésor public, le respect du code de la route. 2) la domination traditionnelle, le détenteur du pouvoir a été désigné par la tradition (roi, sorcier, pater familia, ...). 3) la domination charismatique, implique soumission à ce qui est exemplaire, au chef en lequel on remet sa confiance. Max Weber accorde aussi beaucoup d'importance aux fondements économiques de la domination. Pour Marx, ceux-ci sont essentiels, mais il y ajoute la dimension de "l'idéologie": les idées dominantes sont les idées des classes dominantes.

 

               2. Les modes de domination

 

Galbraith en partant de la carotte et du bâton considère trois modes de domination :

    - le pouvoir dissuasif passant par la sanction si le dominé n'obéit pas, la sanction peut être réprobation, menace ou actes ;

    - le pouvoir rétributif impliquant la remise d'une récompense à celui qui se soumet, qu'il s'agisse d'une louange, d'un paiement ou nature ou d'une rétribution ;

    - le pouvoir persuasif, à la différence des deux autres il implique une obéissance non consciente, en effet ce pouvoir permet la modification de la façon de penser du dominé qui se soumettra sans s'en rendre compte, cette persuasion passe par l'éducation, l'adhésion sociale, par exemple accepter le vote majoritaire, se soumettre au politiquement correct.

 

    B. La construction de règles

 

        1. Du pouvoir de fait au pouvoir légal

 

Le détenteur du pouvoir construit des règles, Laubrac au sein de sa bande établit une hiérarchie et répartit des rôles (trésorier achète les boutons et recueille les fonds, estime la valeur des apports en nature, sous-chef le remplace s'il ne peut assurer ses fonctions de dirigeant), de telles règles existent dans toute organisation (règlement intérieur dans les associations, dans les entreprises, les administrations, ... mais aussi à l'école), constitutions et lois pour régir la vie sociale dans un pays. Au sein d'une société l'individu qui obéit à ces règles devient citoyen. Tout pouvoir de fait construisant ses règles devient pouvoir légal.

 

            2.  Un pouvoir légal et légitime

 

Mais les règles peuvent être contestées, Gueurreillas remet en cause le résultat du vote. Laubrac doit alors s'affirmer comme chef, il modifie la verdict démocratique pour que son pouvoir reste légitime. La légitimité est importante, on la distingue généralement de la légalité (ce que fait Laubrac est illégal au vue de la règle démocratique qu'il a instauré, mais c'est légitime). En effet, une situation est légitime lorsqu'elle est acceptée par ceux qui en subissent les conséquences. D'une manière générale, les sociologues prêtent une grande attention à la "légitimation", c'est-à-dire à l'ensemble des processus par lesquels les "dominants" parviennent à se faire reconnaître et accepter par les dominés. L'école et les media, lieux de socialisation permettent cette légitimation (plus un pouvoir est totalitaire plus il doit utiliser de moyens de légitimation et il s'agira alors de légitimation par un bourrage de crâne continuel, exemple des jeunesses hitlériennes et des komsomols soviétiques).

    C. Un pouvoir peut-il ne pas être légitime ?

             1. Légal et illégitime

Les trois idéaux-types de domination définis par Weber sont basés sur l'autorité, c'est-à-dire la capacité de se faire obéir sans recourir à la force physique (ce qui n'exclut pas d'autres types de forces comme la pression sociale avec le risque d'ostracisme). En fait l'autorité est une relation légitime de domination et de sujétion, un pouvoir n'est donc légitime que s'il a de l'autorité. Faute d'autorité il ne reposerait que sur la force.

Mais il se peut que le processus de légitimation n'atteigne pas ses objectifs auprès de tous les membres de la société, il y a alors dissidence, remise en cause du pouvoir exercé et éventuellement son renversement à moins que le pouvoir ne fasse usage de la force physique (ce qui est systématique sauf dans des sociétés où il est possible de s'exclure par démission par exemple dans une association).

Attention ne pas confondre légitime et moral, si l'immoral est accepté par tous il devient légitime sans pour autant être moral. Culte de Quetzacoatl chez les Aztèques, le grand prêtre arrache le coeur d'un prisonnier pour honorer le dieu, si le sacrifice n'est pas fait la communauté est en danger donc ce sacrifice était considéré comme légitime, si nous faisons du relativisme moral on le dirait moral, mais la morale varie-t-elle selon les peuples et les époques ? Peut-on considérer comme morale une pratique légitime en certaines régions d'Afrique consistant à pratiquer ablation du clitoris et infibulation ?

S'exclure de l'État

            2. Légal donc légitime

Mais le droit et donc la légalité donnent  une autorité, un pouvoir, une influence. Certains considèrent que ce que veut le pouvoir doit forcément être légitime (ce que le roi veut, Dieu le veut). D'autres soutiennent un pouvoir clientéliste (qui donne des droits à certains aux détriments d'autres), ainsi la création de droits positifs "droits à" correspond donc à une volonté d'acheter une légitimation, sans pour autant se délégitimer auprès de ceux qui paient car ils sont plus diffus. L'ensemble des contribuables ne manifesterait pas contre une nouvelle prime accordée aux enseignants (les enseignants seraient de toute façon bien plus au courant de cette prime que les contribuables) d'autant que chacun pense pouvoir obtenir quelques droits garantis par le pouvoir : "L'Etat est cette grande fiction par laquelle chacun croît pouvoir vivre aux dépens de son voisin", Frédéric Bastiat.

            3. Illégal et légitime

Un pouvoir illégal et illégitime ne tiendrait pas car il serait combattu par les institutions (expression du pouvoir légal) et ne serait pas défendu. Par contre un pouvoir légitime peut-il être illégal ?

Un pouvoir illégal (légal aux yeux de ceux qui le légitiment puisqu'ils en acceptent les règles en se pliant à elles, illégal aux yeux du pouvoir établi) peut acquérir une certaine domination légitime sur certains, c'est à dire de l'autorité & de l'influence (la mafia, des groupes terroristes, par exemple). L'illégalité serait donc une instance de légitimation pour ceux qui considèrent le pouvoir légal illégitime.

L’état de sujétion dans les groupes sectaires

Du délit de manipulation mentale à l’abus de faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique.

Selon la loi About/Picard : " Est puni de trois ans d’emprisonnement et de 500 000 F d’amende l’abus frauduleux ... d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables ". Les peines encourues sont aggravées " lorsque le délit est commis par le dirigeant ou le représentant de fait d’une personne morale poursuivant des activités ayant pour but ou pour effet de créer, de maintenir ou d’exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes qui participent à ces activités ".

Conséquences de ces pratiques au niveau psychologique.

Selon l'UNADFI, association anti-secte, la manipulation mentale est habituellement pratiquée dans les groupements sectaires, l'association s'intéresse aux conséquences psychologiques de telles techniques et entend déterminer en quoi l'adepte d'une secte est soumis à un pouvoir destructeur ? :

"Véritables fabriques d’aliénation, les groupes sectaires ont des procédés qui entraînent des modifications graves au niveau de la personnalité, du comportement de l’individu et de ses relations avec sa famille et le monde extérieur. En effet, à certains procédés, le groupe sectaire amène l’individu à rompre avec son milieu culturel, familial, social et économique ou tout au moins à limiter, au maximum, les contacts avec l’extérieur. Aussi, l’individu perd son autonomie psychique et physique : convaincu et ayant perdu le sens de la réalité et un esprit critique, il ne peut plus se détacher du groupe et ne décode le monde que selon la logique de la secte."

Rapport UNADFI, novembre 2001.

 

Questions

 

1. De façon plus générale, le pouvoir (légal ou non) est-il donc une instance de légitimation ?

2. Affaire de sectes, sectes dangereuses, pour qui ? Membres ou société ? Différence entre parti et secte ?

3. En quoi consiste le délit de manipulation mentale, pourrait-on l'appliquer au-delà des sectes ? Exemple l'éducation "citoyenne" est-elle une manipulation mentale ?

L'influence & la domination illimitées peuvent être légitimes aux yeux des dominés. Faut-il donc déclarer illégale une telle domination au risque d'amener les dominants à accroître encore leur domination (pressions maximales pour éviter toute "trahison" qui menacerait gravement l'existence de l'ensemble de l'institution clandestine), la légitimité des dominants mettant, dans ce cas, en péril les dominés ? Doit-on déclarer légale toute domination légitime puisque acceptée par les dominés ? Pour répondre à cette question comment juger de l'acceptabilité d'une domination et qui doit en juger ?

L'expérience de Stanley Milgram