Propriété publique
Quelques leçons de
corruption
Le mythe de la propriété d'État
Le monopole est-il d’intérêt national ?
Quelques leçons de
corruption
Je vous parle plus loin de Bernard
Coçu,
président du collectif des Halles, qui expliquait qu'internet lui permettait de
rénover les habitudes sur la liberté d'expression et de sortir du système de
corruption. Ce à quoi, il me semblait utile de rajouter que la corruption n'est
que la résultante de pouvoirs donnés aux hommes de l'État, donc qu'au-delà de
la dénonciation, c'est notre système qui est éminemment pervers.
Aborder le sujet de la corruption c'est
mettre le doigt sur la rupture d'une relation de confiance entre
administrateurs et administrés. La confiance ne peut être aveugle et
l'administrateur n'est pas nécessairement public, ce peut-être aussi, par
exemple, un syndic de copropriété indélicat. Mais toute indélicatesse privée
pourra être sanctionnée et tout bon commerçant sait bien que la perte de
confiance des clients peut être fatale.
Cette corruption là trouve donc vite ses
limites dans l'information et la réaction des victimes.
A côté de cette corruption risquée, il y a
l'autre, celle que dénonce le président du collectif des Halles : une
corruption basée sur la logique appropriation d'une propriété publique.
Celle-ci consiste soit à monnayer un droit (celui de trafiquer ou d'octroyer
divers permis), soit à détourner les fruits d'un bien public ou le bien
lui-même.
Ainsi, concrétisant une appropriation privée,
la corruption "légale" existe par la grâce du mythe de la propriété
d'État.
Xavier
PREGENTIL, le 15/04/1999
Le mythe de la propriété
d'État
En quoi consiste la propriété publique ?
A quoi sert-il de nationaliser un bien ?
Tout simplement à dégager un prestataire de
biens et de services dits publics d'une concurrence privée en lui donnant le
droit de se servir dans la poche des contribuables pour pallier aux inévitables
aberrations d'une gestion de type administrative. La propriété publique sert à
procéder à une appropriation privative des biens de la collectivité au bénéfice
des hommes publics, qu'ils soient hauts fonctionnaires, politiques, managers ou
apparatchiks syndicaux.
L'illustration de ces appropriations se
révèle de multiples manières. Il suffit de penser par exemple au tollé habituel
des "sociétés nationales" qui se plaignent du prélèvement de leurs
bénéfices par l'État alors qu'elles réclament chaque année, à cor et à cri, une
augmentation de leur dotation.
Après tout, rien là que de très normal,
puisque la propriété publique ne peut être que celle des hommes du public et
non celle de simples individus privés, privés tout simplement du droit de
jouissance public.
Ah, quelle merveilleuse invention que celle
du mythe de la propriété d'État !
Xavier
COLLET, le 15/10/1997 in "Le Libéral", journal du PLERE
Le monopole est-il d’intérêt national ?
Le monopole économique est aussi catastrophique que l¹isolement géopolitique.
Il est catastrophique pour la nation qui le pratique, il est donc blâmable pour
l’État qui l’impose et pour le gouvernement qui le préserve, impardonnable pour
la doctrine qui le justifie. Ne croyons pas l’esprit de monopole limité dans un
certain temps historique. Il n’est pas
strictement contemporain de son horrible incarnation en Russie communiste puis
en URSS entre 1917 et 1991. Si instructive que soit l’observation de ce
monstre, et du mal qu’il a fait au peuple russe et à toutes les nationalités
opprimées de l’Empire soviétique, il est loin d¹être un fait unique dans l’histoire.
Et le concept de "service public à la française" apparu du fait de l’aile
socialiste du Front populaire en 1936, et non sous l¹influence des communistes,
développé par les Ordonnances de 1945, puis par les nationalisations de 1981 a
été solennellement réaffirmé par le Conseil d¹État en 1995 sous l¹influence de Marceau
Long. On étonnerait bien du monde en qualifiant ce dernier de communiste ou en appliquant
cette épithète à Juppé et Barrot dont les Ordonnances de 1996 ont constitué la
plus formidable nationalisation de l’histoire. Roosevelt non plus n’était pas
marxiste quand il a promulgué le Social Security Act de 1935 et mis en place
son redoutable New Deal (qui se solda, faut-il le rappeler, par un échec).
L¹un des plus anciens monopoles étatiques français remonte à 1692 quand un Édit
de Colbert protège la Poste Royale de la concurrence de tous les métiers
susceptibles de concourir à l’acheminement du courrier. En plus de 300 ans ce
monopole s¹est révélé fort lucratif. Seuls deux exercices ont été déficitaires
: l’année de l’importation en France de l’innovation anglaise du timbre-poste,
et bien entendu, l¹année terrible Cresson-Beregovoy. Non seulement le lucre a
inspiré de tout temps la mise en place des monopoles mais son accaparement par
les gestionnaires ne date pas d’hier.
En Chine, le monopole du sel et du fer fut instauré par l’État
sous la dynastie Qin. Il sera aboli sous les Han, sous la pression des lettrés confucéens
(pauvres) à l’encontre des (riches) partisans de l’école légiste : c’est la
célèbre " Dispute sur le Sel et le Fer ", premier écrit libéral de
tous les temps.
Ne croyons pas la France actuelle inerte, exclusivement attachée à un combat d’arrière
garde pour préserver les monopoles d’hier. En effet la France actuelle se bat
assez clairement pour construire les monopoles de demain. En ce sens l’analyse
banale selon laquelle l’État français serait " le dernier pays de l¹Est
" a quelque chose d’optimiste. Tout d’abord parce que de très nombreux
États dans le monde sont ou bien demeurés dans le système stalinien (Cuba,
Vietnam, Corée du Nord et à certains égards la Chine mais aussi de nombreux
États africains) ou bien partiellement infestés de forts substrats étatistes et
monopolistes. La France est le seul pays du G8, en clair la seule grande
puissance économique, à s’accrocher au monopolisme. C’est plus grave parce que
son apport " idéologique " consiste à faire le lien entre les restes
staliniens et étatistes et à projeter le modèle vers l’avenir ! Ainsi est
apparu le concept " d’opérateur historique ". France Télécom, SNCF,
EDF-Gaz de France, etc. sont des systèmes étatiques faussement immergés, lovés
comme de venimeux prédateurs dans l¹environnement concurrentiel. Divers "
arbitres " comme l’ART dans les télécoms, le CSA dans l¹audiovisuel, et
tout simplement le gouvernement assurent la promotion par d’importants
avantages accordés à " l’opérateur historique ". Il est remarquable
de voir à l’œuvre les bureaucraties syndicales, et principalement la CGT, qui
tirent une partie importante de leurs ressources propres de ces avantages
accordés aux " opérateurs historiques ".
Le circuit est donc :
1° Des transferts d¹avantages, au gré d¹arbitrages étatiques, revenant à une subvention
déguisée aux ex-monopoles ;
2° Une partie de ces subventions transitent, par exemple, par les oeuvres sociales
du comité d¹entreprise ou par d’importants effectifs détachés au profit des
centrales syndicales, organisations satellites, etc. Elles aboutissent aux
bénéfices des manipulations de l’idéologie nationale ;
3° À leur tour, ces mêmes " manipulateurs intellectuels ", chercheurs
subventionnés, etc. intoxiquent l’opinion française en lui servant la fable de
l¹exception culturelle, du modèle français de service public.
Voilà comment on en arrive à faire croire aux
Français que le monopole gazier, ou n¹importe quel autre serait éventuellement
" d¹intérêt général ".
Jean-Gilles MALIARAKIS, le 17/05/2001
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