Jean Raspail contre les censeurs
L’auteur du roman paru en 1973 et intitulé « Le Camp des Saints » fait l’objet ces dernières semaines d’un véritable lynchage médiatique par la horde veule des journalistes, sociologues et artistes politiquement corrects. On aimerait voir les intellectuels français oser s'en prendre aux véritables ordures racistes : par exemple le régime communiste chinois, génocidaire des tibétains; ou encore le régime islamiste soudanais, génocidaire des tribus noires du Darfour. Mais, outre le fait que nos intellectuels français ont souvent fait preuve de complaisance à l'égard des totalitarismes (quand ils n'ont pas collaboré avec le nazisme, ils furent les compagnons de route du communisme), lesdits intellectuels se sont toujours caractérisés par leur lâcheté : Desproges fustigeait ces artistes "engagés" qui osaient "critiquer le Chili à moins de 10000 km de Pinochet"... Aussi, il est bien plus facile et bien moins risqué d'attaquer un vieil écrivain de 86 ans, amoureux de la langue française et chantre des peuples disparus ou en passe de disparaître. Feignant de dénoncer une extrême-droite imaginaire en la personne de Jean Raspail, nos commissaires politiques de la vertu antiraciste recyclent les méthodes et les arguments de la véritable extrême-droite: le procès d'intention systématique, la dénonciation nominative à la mode vichyste, la volonté totalitaire de censure et le désir irrépressible d'autodafé. La bien-pensance est décidemment le fascisme du XXIème siècle… Ceux qui le diffament n’ont rien compris à Jean Raspail. Ou alors, en toute mauvaise foi bien-pensante, ils ne l’ont pas lu ! |
En effet, dans le "Camp des Saints", Raspail ne prétend en aucune façon à une quelconque supériorité de la civilisation européenne sur les autres civilisations du globe ; au contraire, il décrit, avec une puissance d'évocation à la fois poétique et désabusée, la disparition de cette civilisation européenne face à une invasion pacifique en provenance d'un Tiers-Monde lointain et incompris.
Raspail, grand voyageur ; infatigable explorateur et ethnologue avant d'être écrivain, a bâti toute son œuvre comme un plaidoyer pour la tolérance entre les peuples et pour la survie des ethnies et des cultures menacées de disparition par la colonisation.
Par exemple, dans le poignant "Qui se souvient des hommes ?", où l'anthropologie le dispute à une poésie crépusculaire, Raspail pleure l'anéantissement des Alakalufs, dernière civilisation amérindienne de Patagonie, inexorablement envoyée aux oubliettes de l'Histoire par l'expansion coloniale occidentale. À cet égard, le "Camp des Saints" est dans la même veine : celle de la narration d'une civilisation qui agonise et meurt ; sauf que cette fois il s'agit du récit de notre civilisation qui disparaît. C'est pourquoi il est urgent de lire (ou de relire) le "Camp des Saints" : à l'heure où les révoltes des peuples arabo-musulmans contre leurs tyrans corrompus et sanguinaires jettent des millions de réfugiés sur les chemins de l'exil, ce livre, qui fut un livre d'anticipation, devient le roman ou plutôt la chronique de l'actualité.
Le "Camp des Saints" est le requiem de la civilisation européenne, donc de la civilisation occidentale. Comme tout requiem, il est beau et triste à la fois. Comme tout requiem, il incite au respect et au recueillement. Comme tout requiem, il est conchié par la fanfare des cuistres et des incultes.