L'évangile selon Saint Marx

Castro en soutane

CCFD, un drôle de "genre"

Castro en soutane

A la suite de l affaire de la boite a franc qui va profiter, entre autres, au Comite Catholique contre la Faim et le Développement (CCFD), il devient largement temps de mettre en débat un des acteurs trop méconnu de l’ultra gauche : le clergé adorateur des évangiles de Saint Marx.

Je rappelle effectivement le mail envoyé le mois dernier sur le captage de la générosité publique par un CCFD qui, par ailleurs, se répand sur le caractère prétendument néfaste du néolibéralisme (sic) et ses actions pour y résister. A ce titre d’ailleurs le site du CCFD ne fait pas mystère de ses engagements partisans, mais aussi, chose moins connue de son rôle fondateur dans la création du « forum social » de Porto Alegre.

Eh oui, on voit bien la dame patronnesse Danielle Mitterrand faire sa petite tournée de La Havane à Porto Alegre, on y voit aussi le miraculé Chevènement y retourner comme l’année dernière, mais on y distingue moins la Conférence Nationale des Églises et les ONG confessionnelles dont le CCFD.

Pourtant le Vatican pourrait, un peu comme Chirac en plein délire « francophonesque » , se réjouir d’y voir une partie de ses ouailles rejoindre la position officielle de l’Église du Brésil, véritable organisatrice du forum.

Enfin pour l’instant, je n’ai pas entendu de réactions officielles de la part du pape, j’en viens donc à me poser des questions sur les prises de positions officielles d’une partie du clergé soutenant ouvertement l’assistance à Castro comme c’est le cas du curé d’Ivry-sur-Seine, ou appelant à des actions contre le « néolibéralisme » comme c’est le cas du CCFD.

Sera-t-il dit qu’une partie de l’église catholique s’est déclarée ennemie de la liberté individuelle, de la libre disposition de ses biens et de tout ce qui donne sa dignité à l’être humain, qu’elle a trompé la foi de braves gens en en faisant des serviteurs de tous les petits Castro, Chavez ou Lula de la région ?

En attendant, j’ai encore trouvé, en visitant une église, des brochures du CCFD, j’aurais pu tout benoîtement croire en de belles paroles et envoyer un don qui armerait les combattants du Chiapas ou servirait à nourrir Bové au Brésil. Je le savais, je ne l’ai pas fait, mais d’autres, vous peut être, tout aussi libéraux que je suis, l’avez fait.

Xavier PREGENTIL, le 18 mars 2001

CCFD : un drôle de « genre »

Les idées et les fréquentations du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), un organisme humanitaire de l’Église, paraissent parfois bizarres.

En ce temps de carême, les paroisses appellent les chrétiens à apporter leurs dons au Comité catholique contre la faim et pour le développement, organisme créé en 1961 par les évêques de France. Contesté dans les années 80 pour des financements présumés de factions armées en Amérique du Sud, le comité, en 1986, avait été invité par l’épiscopat à se remettre en ordre. Les actions du CCFD sont sûrement, pour la plupart, des causes généreuses et bien-fondées : projet de transformation des produits de la pêche au Sénégal, création de cultures de champignons dans la région africaine des Grands Lacs et des centaines de programmes humanitaires.

Notre attention a été attirée par un communiqué reçu le 19 mars 2001. Le Collectif 44 intitulé « Le monde n’est pas une marchandise », y invitait à s’insurger contre les condamnations de José Bové, qualifiées de « criminalisation de l’action syndicale », et la « mondialisation libérale ». Au nombre des signataires, la Ligue des droits de l’homme, AC ! ATTAC, les Alternatifs, la LCR et de nombreux groupuscules de gauche et d’extrême gauche, souvent trotskistes et… le CCFD. Renseignements pris auprès de G. Peignard, président du Comité en Loire-Atlantique, celui-ci aurait été inscrit sans en être informé. Romuald Guilbert, de la LDH reconnaît de son côté « qu’il s’agit bien là d’une erreur » et que « le CCFD ne fait pas partie du Collectif 44 ». Il est néanmoins suffisamment proche de la Ligue pour que ce type de lapsus survienne. C’est sa participation - le 7 octobre 2000 - à une manifestation anti-mondialisation du fameux collectif qui a valu au CCFD de figurer sur le tract. Tout cela ne serait donc qu’un voisinage un peu voyant mais parfaitement ponctuel. Dans le prolongement de son combat contre la misère et l’exclusion, le CCFD se trouve engagé en faveur des « Sans Papiers » et pour l’annulation de la dette du Tiers Monde.

Un militantisme pour lequel il s’associe à des mouvements alternatifs et d’ultra gauche. Le site Internet du CCFD http://www.ccfd.asso.fr offre un lien avec le serveur d’ATTAC, mouvement auquel le Comité est fréquemment associé (http://:www.attac.org). À l’occasion d’une campagne contre la Dette des pays pauvres en 2000, les deux organisations ont manifesté côte à côte, notamment à Quimper, à Angoulême et à Vannes. À Nantes, le conseil d’administration d’ATTAC comporte AC ! la FSU 44, le SNES, SNUI, Sud Douanes, la CGT Équipement.

Derrière la lutte anti-mondialisation qui touche les foules, d’autres combats politiques pointent l’oreille… «Vouloir dire qu’avoir des liens Internet ou des relations avec ces organismes indique que vous adhérez totalement à leur philosophie et à l’ensemble de leur action est un raccourci facile », proteste Gérard Jubert, délégué épiscopal à la communication du diocèse de Nantes.

Le plus surprenant est sans doute une déclaration qu’on trouve au détour du site Internet du CCFD. On y parle de la « politique Genre ». Pour mieux comprendre cette « politique Genre », voici comment la définit Alternative Transgénique sur son site www.caritig.org : « Le terme Genre a récemment été reconnu comme définissant le statut individuel, social et légal d’une personne, indépendamment de son sexe biologique… Notre culture impose une bipolarisation du genre en tenant compte de l’anatomie. Il est temps que nous redéfinissions le comportement en terme d’humain, plutôt que de masculin et de féminin ». Or, sur son site Internet, le CCFD affirme carrément : « La politique Genre est tout à fait dans la ligne de conception du CCFD ». Le CCFD prône là des opinions pour le moins surprenantes de la part d’un organisme d’Église. Le responsable communication du diocèse de Nantes ne nous ayant pas répondu sur ce point, on aimerait connaître l’opinion des évêques de France, sur cette politique d’un drôle de « genre ».

Ludovic ROBLET, le Nouvel Ouest