La crise des subprimes


Qui est à l'origine de la crise ?

 

Deux organismes de refinancement du crédit hypothécaire : Freddie Mac (FHLMC) et Fannie Mae (FNMA) sont à l'origine de la crise des subprimes. Il convient donc de mieux les connaître.

 

La Federal National Mortgage Association, dont l'acronyme se prononce Fannie Mae, fut créée en 1938 à l'initiative des promoteurs du New Deal. Il s'agissait de garantir les prêts immobiliers assurés par les banques, mais aussi de les financer en rachetant leurs hypothèques. Ces hypothèques sont ensuite revendues à des investisseurs avec à la clé la garantie de l'État.

 

Fannie Mae est privatisée en 1968, mais en 1970 un nouvel établissement est créé : Freddie Mac (Federal Home Loan Mortgage Corporation), son objet social est le même.

Bien que ces deux établissements soient privés, ils ont, comme on dirait en France, de lourdes obligations de service public compensées par des avantages fiscaux importants. De fait, ils pouvaient s'exposer à des risques financiers importants et en tirer des bénéfices plus faiblement imposés que les autres banques, en cas de difficultés ils bénéficiaient d'une garantie implicite de l'État.

 

D'ailleurs avec l'arrivée au pouvoir des démocrates, ces deux organismes vont passer sous la tutelle du ministère du logement.

 

Le rôle de la discrimination positive

 

En 1992, Clinton veut lancer une politique d'accession à la propriété immobilière en faveur des minorités : une étude prouve que les ménages hispaniques et noirs se voient plus souvent refuser un prêt que les autres ménages.

Ceci s'explique pour des raisons financières et non pas pour des raisons racistes, cependant le Community Reinvestment Act de 1977 impose une prise en compte de critères ethniques en matière de crédits. Cette réglementation est d'abord appliquée avec mollesse, mais à partir de 1995 les banques refusant de prêter aux ménages issus de minorités défavorisées sont désormais passibles de sanctions. En effet les opérations de fusions, l'ouverture de nouvelles agences font l'objet d'autorisation qui leur seraient alors refusées par les organismes réglementant le secteur bancaire.

Ces mesures de rétorsions dans la ligne du respect du Community Reinvestment Act ont été obtenues par des groupes de pression issus des minorités, comme par exemple l'ACORN où l'on retrouve un certain Barack Obama.

 

On n'est pas loin de ce que préconise notre très française HALDE et comme on va le voir les aberrations idéologiques conduisent toujours à des catastrophes économiques.

 

Que sont les subprimes ?

 

Les prêts à risque consentis à des ménages issus le plus souvent des minorités et dont les garanties de remboursement sont hypothétiques et hypothécaires, s'appellent des crédits subprimes..

 

Ces crédits subprimes n'auraient probablement pas été accordés sans l'intervention du ministère du logement. Celui-ci en garantit le refinancement par l'intermédiaire de Fannie Mae et de Freddie Mac et exige une progression de la part des crédits subprimes attribués par les banques.

Celles-ci vont d'ailleurs jouer le jeu, tranquillisées par la garantie de refinancement, elles se sont mises à prêter à taux variables jusqu'à 110 % du montant des maisons à acheter, contribuant ainsi à un boom de l'immobilier.

 

Les ménages pauvres n'étaient pas dissuadés d'acquérir alors que les prix montaient en flèche, au contraire en cas de revente ils pensaient même pouvoir réaliser une plus-value.

Les taux variables n'étaient donc même pas dissuasifs, et le fait que les crédits aient été accordés à taux variables prouve bien que les banques se méfiaient de ces crédits subprimes et prévoyaient de se les faire refinancer sachant que les taux sur le marché du refinancement varient.

 

Face à l'augmentation des crédits subprime refinancés, Fannie Mae et Freddie Mac obtiennent du gouvernement le droit de cacher le taux de subprimes refinancés qui atteindra d'ailleurs 56 % des refinancements en 2004.

Rappelons que selon les chroniqueurs du Wall Street Journal, les liens délictueux entre les représentants de l'État et les dirigeants de Fannie Mac et de Freddie Mac vont plus loin. Complètement inféodés à la gauche américaine, le parti démocrate, ils ont été impliqués dans des affaires de corruption et le sénateur Christofer Dodd, un des membre de la Commission des appropriations, une institution supervisant ces deux établissement, est accusé d'avoir bénéficié de leurs largesses sous formes de prêts à des taux très faibles.

 

Cette opacité de leurs comptes leur permet de revendre une partie de leurs créances hypothécaires dans des paquets composés de créances moins risquées (mortgage backed securities). De telles opérations permettent de lever sur les marchés obligataires 5 000 milliards de dollars en transmettant des risques que les souscripteurs de leurs obligations ignorent.

Évidemment comme ce refinancement couvre des prêts immobiliers dont plus de la moitié sont des crédits subprimes, et que les deux établissements de crédits ne disposent pas des fonds propres correspondant, il suffirait que les ménages endettés se retrouvent en grande majorité insolvables pour qu'une crise financière éclate.

 

Au début tout se passe bien, le marché de l'immobilier est euphorique, la valeur hypothécaire des maisons achetées augmente. Ces hypothèques sont effectivement cédées à Fannie Mae et Freddie Mac contre refinancement des prêts.

Pourtant dès 2003, Greg Mankiw, économiste en chef de la Maison Blanche, s'inquiétait des risques que prenaient ces organismes de refinancement des crédits hypothécaires et parlait déjà d'un risque de contagion de tout le système financier. L'affaire était devenu un casus belli politique dans la mesure où les démocrates, en la personne de Barney Frank, sénateur et président du comité des services financiers, refusait toute réforme en déclarant : "Fannie Mae and Freddie Mac n'exposent à aucune sorte de crise financière", ou encore mieux, "la position de l'administration Bush n'est dictée que par le souci de la sécurité financière et la santé des sociétés, elle ne se préoccupe pas des problèmes du logement".

 

Les déclarations de Barney Frank vont changer radicalement quand la situation se dégradera, il est de ceux qui accusent le libéralisme économique de la crise !

 

La crise éclate

 

Les taux sur le marché du refinancement augmentent face à la hausse de la demande, simultanément la Fed met fin à sa politique inflationniste des taux faibles. En conséquence le coût du prêt augmente et certains ménages ne peuvent déjà plus y faire face.

Des maisons hypothéquées commencent à être revendues, elles contribuent fortement à l'inversion de la tendance du marché de l'immobilier.

 

baisse de la valeur des créances 
hypothécaires

L'offre sur la marché immobilier devenant plus forte que la demande, les crédits subprimes rachetées par Fannie Mae et Freddie Mac perdent de leur valeur même si les ménages emprunteurs continuent à rembourser.

En effet, il se trouve qu'un crédit refinancé assorti d'une hypothèque sur une maison achetée pour une valeur de 140 000 dollars a une valeur 40 % supérieure à un crédit refinancé avec garantie hypothécaire estimée à 100 000 dollars. Or justement la valeur hypothécaire des maisons achetées s'effondre.

Les deux établissements se retrouvent donc avec à leur actif des créances qui ont perdu une partie de leur valeur.

 

Face à la baisse de la valeur de leurs actifs elles n'ont donc plus les moyens de payer les intérêts des obligations émises. Or ces obligations avaient été présentées comme sûres, et donc souscrites par les investisseurs institutionnels dont les fonds de pension.

L'État fédéral intervient alors en accordant plusieurs centaines de milliards de dollars à Freddie Mac et Fannie Mae afin de leur permettre de payer les intérêts obligataires.

 

Les contribuables américains paient ainsi une première fois la politique de discrimination positive en matière d'accès à la propriété foncière. Et ils n'ont pas fini de payer.

 

La crise se diffuse

 

Eh oui, comme nous l'avions vu au début, les créances hypothécaires restaient pour partie dans le bilan des Fannie Mae et Freddie Mac. Mais une autre partie est diluée dans des titres cédés sur les marchés obligataires.

Donc lorsque l'on achète un paquet d'obligations on peut trouver dans ce paquet des obligations émises par des sociétés saines et par d'autres moins saines, c'est un peu comme lorsqu'on l'on passe par notre banque pour acheter une SICAV, celle-ci peut être constituée d'actions, d'obligations dont les risques et les rendements sont différents. Ici les crédits subprimes sont mis dans des paquets d'obligations et se mettent à circuler. Chacun en se rendant compte qu'il en possède cherche à s'en débarrasser avant que ces créances ne soient dévaluées.

 

La banque Suisse UBS osera reconnaître qu'elle détenait des crédits subprimes, elle va les dévaluer en dépréciant ses actifs de 40 milliards de francs suisses.

>Elle sera recapitalisée, mais à partir de ce moment les banques prennent peur : si une banque aussi importante qu'UBS avait fait faillite d'autres banques se seraient retrouvées en grande difficulté car UBS a de nombreux créanciers qu'elle n'aurait pu rembourser.

De peur de prêter à un établissement qui ne pourrait les rembourser, les banques se mettent à refuser de se prêter des liquidités. Puisque les banques ne peuvent plus se refinancer auprès d'autres banques, elles arrêtent tout simplement de prêter.

 

Les entreprises sont alors touchées, elles ne peuvent plus obtenir de prêt à court terme pour faire face à leurs besoins en fonds de roulement, elles ne peuvent non plus obtenir de prêt à long terme pour investir. La crise financière se propage donc et met en danger les capacités de production des entreprises. C'est le début d'une récession qui menace.

 

Le Plan Paulson

 

Afin d'enrayer la crise de liquidité, le plan Paulson vise à faire disparaître les obligations composées de crédits subprimes en les rachetant pour la somme de 700 milliards de dollars.

C'est un peu une prime aux banques les plus négligentes qui n'auront pas pris la peine de dévaluer les créances pourries. De plus, nul ne sait vraiment dans quels paquets de valeurs mobilières se cachent ces subprimes, la confiance ne peut donc revenir entre les banques tant qu'ils penseront qu'il en circule encore.

 

Mais ce qui circule aussi ce sont les créances sur des organismes financiers proches de la faillite. Ces créances là le plan Paulson ne les rachètera sûrement pas.

 

Une crise financière inéluctable ?

 

L'affaire des subprimes est une des conséquences d'une politique d'ouverture des vannes du crédit décidée par la Fed et qui n'a cessé depuis la récession de 1992.

Les Américains vivent de plus en plus à crédit tant et si bien que l'augmentation de la masse monétaire nourrie par les crédits bancaires à des taux réels très faibles a cru à un rythme de 10 % par an. En conséquence le marché immobilier s'est envolé et les marchés financiers ont connu une bulle ascendante.

L'inflation n'a heureusement pas frappé les services et les biens de consommation dans la mesure où l'augmentation de la productivité et la mondialisation permet et oblige les fabricants à modérer leurs tarifs.

 

Non, ce qui pose problème c'est que le taux d'épargne des ménages américains est très faible et qu'une croissance saine ne se finance pas à crédit.

Les crédits ont permis de créer du pouvoir d'achat pour les industriels, les promoteurs, mais ce surcroît d'activité n'était pas dû à une hausse du pouvoir d'achat mais à une augmentation forte de la masse monétaire. Cette croissance artificielle ne devait pas durer. Des investissements considérés comme rentables dans le cadre de taux faibles n'auraient jamais été mis en chantier sans une politique monétaire expansionniste. Ces investissements vont sur le plus long terme se révéler non rentables. Un mouvement de récession va s'étendre.

Nous y assistons actuellement dans la mesure où l'épargne constituée ne permettra pas de rembourser les emprunts et donc de régler les investisseurs.

 

Continuer la baisse des taux n'est qu'un pis-aller, on ne peut pas toujours emprunter pour rembourser des emprunts précédents.

Il faut purger l'économie de ses canards boiteux et liquider les investissements non rentables pour que l'économie reparte ses des bases saines c'est-à-dire en employant de façon efficace les facteurs de production. Pour cela faudrait-il encore déréglementer suffisamment pour que ces facteurs s'orientent bien dans les secteurs les plus productifs, c'est-à-dire ceux pour lesquels les besoins sont les plus forts.

 

Et la spéculation ?

 

Les banques d'investissements américaines sont accusées.

Sous la tutelle de la SEC, elles peuvent désormais spéculer avec un levier qui est passé de 10 à 40, c'est-à-dire s'engager à acheter ou à vendre des montants de valeurs mobilières pour lesquelles elles ne possèdent qu'un quarantième du montant.

 

Évidemment si ces banques spéculent dans le sens de l'évolution du marché leur résultat va s'envoler, par contre si elles se trompent alors les conséquences néfastes sont terribles. Mais c'est aussi ce que fonds les hedges funds, les fonds spéculatifs.

 

Ce qui importe c'est la transparence, des agences de notation indépendantes peuvent révéler l'exposition aux risques des banques et des fonds, sachant que ceux qui prennent le plus grand risque proposent la meilleure rémunération des placements, mais qu'elles peuvent aussi perdre intégralement des sommes qui leur sont confiés.

À chacun de placer en prenant ses responsabilités, mais alors ne pas demander aux contribuables d'intervenir par l'intermédiaire de l'État.

 

Un organisme de placement collectif en valeurs mobilières peut prendre des parts de fonds spéculatifs pour doper ses résultats, cependant il doit en informer ses souscripteurs, idem pour des fonds de pension mais raisonnablement et dans une moindre mesure. Quant aux autres établissements financiers, ils doivent connaître l'exposition au risque de leurs débiteurs aussi bien lorsqu'il s'agit de personnes physiques que de banques et de fonds d'investissement.

 

Questions

1. L'origine de la crise des subprime est-elle politique ou économique ? Expliquez.
2. Énumérez les étapes qui vont mener à la crise des subprimes.
3. Comment peut-on expliquer la bulle haussière sur les marchés financiers et sur celui de l'immobilier, quel en est véritablement la cause ?
4. Les mesures prises par les gouvernement contre les effets de la crise des subprimes seront-elles efficaces selon vous, pourquoi ?