La sauvegarde de l’environnement


 

La mondialisation destructrice de l'environnement ?

 

Au delà de l’injustice ou de l’instabilité nées de la mondialisation, on va trouver ici l’argument le plus moderne, et le plus massif, dans la croisade des anti-mondialistes.

La mondialisation serait destructrice de l’environnement, source de pollution et de pillage des ressources naturelles. Voilà la raison essentielle pour laquelle il faudrait lui préférer une organisation globale, capable de gérer un « développement durable ».

 

Les considérations néo-malthusiennes du Club de Rome

 

Or, l’écologie est à la mode. Par un réflexe sain de conservation et de respect de la nature certes, mais aussi par l’effet d’une peur panique face à l’avenir et au risque. Un nombre croissant de personnes sont devenues adeptes de la philosophie du « risque zéro ». Elles veulent être garanties contre tout imprévu, tout accident. On le voit actuellement avec les vaches folles et les épizooties : le principe « de précaution » triomphe.

Dans les années cinquante, le Club de Rome s’était fait une grand réputation en commentant le rapport Meadows du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) sur l’avenir de la planète, la surpopulation,  l’épuisement des ressources naturelles et l’aggravation de la pollution. Aurelio Paccei et ses amis avaient persuadé les Européens qu’il fallait arrêter la croissance des pays riches pour laisser un héritage décent aux générations futures. Ce travail de propagande néo-malthusienne a porté ses fruits avec les nombreuses condamnations de la « société de consommation » nées sur les campus américains et explosant à la Sorbonne à Paris en 1968. Aucune de ces catastrophes se produisant, les taux de natalité s’abaissant partout dans le monde y compris en Chine et en Inde, les découvertes du pétrole off-shore reculant de plusieurs décennies le spectre de l’épuisement énergétique, la pollution reculant de façon spectaculaire dans certaines régions du monde, l’agressivité écologiste avait donc progressivement diminué.

 

Conférence de Rio, recyclage rouge-vert

 

Mais l’affaire a été relancée avec la Conférence de Rio. On y retrouve les écologistes traditionnels, mais les rangs se sont garnis d’un certain nombre d’intellectuels naguère marxistes, et de chefs d’états ayant en commun de nourrir une haine farouche à l’égard des Américains. Seuls représentants de tous les grands pays, les dirigeants français sont présents à Rio. Les deux grandes affaires seront celle du réchauffement de la planète (dû évidemment aux émissions de gaz carbonique d’une civilisation qui a tout sacrifié à l’automobile) et de la destruction du patrimoine physique de l’humanité, en particulier de la forêt amazonienne. Les pays riches, pour alimenter leur croissance, encouragent les pays pauvres à entrer dans le commerce mondial pour fournir les indispensables ressources naturelles, et à piller leurs propres territoires, sans souci du lendemain. A ces périls qui menacent les générations actuelles, mais encore plus les générations futures, il faut répondre par une planification mondiale de la croissance, susceptible de garantir un développement « durable », à un rythme suffisamment équilibré et maîtrisé pour empêcher les plus graves dommages causés à l’environnement.

 

Les sous-entendus du "développement durable"

 

L’écho de ce slogan du « développement durable » va être considérable et, comme le club de Rome quarante ans plus tôt, la condamnation du capitalisme qui exploite la planète après avoir exploité le Tiers Monde et les classes laborieuses, est sans appel. Et naturellement c’est le pays qui incarne le capitalisme qui est l’objet de toutes les critiques : les Etats Unis menacent le monde entier, à travers une mondialisation qui est leur invention et qui fonctionne à leur unique profit.

Il y a bien sûr dans cette argumentation un air de famille avec la théorie de l’impérialisme, c’en est en fait qu’une simple variation. Mais il y a davantage encore. Ici on évoque les choix inter-générationnels, et on reproche au marché de ne savoir gérer que le court terme, sans souci de l’avenir lointain. On évoque aussi le goût pour une vie saine, en harmonie avec la nature, les petits oiseaux, les fleurs. Le calcul économique se conjugue élégamment avec les sentiments bucoliques. C’est la philosophie de Platon : le progrès est derrière nous, le retour à la primitivité est le retour à la pureté. C’est le triomphe de Jean Jacques Rousseau : l’homme est naturellement bon, la société le corrompt, la vérité est dans l’état de nature. Cette recherche de l’état de nature, d’une société sans conflit, sans rareté, sans péché, a hanté le XIX° siècle. Auguste Comte, Saint Simon, Fourier ont été des bâtisseurs de sociétés parfaites parce que « naturelles ». Marx y a ajouté une inflexion technicienne et se voulant scientifique : la société sans classe marque la fin de l’histoire, parce que le processus d’évolution de la matière est achevé avec le mode de production capitaliste, pourvu que l’on expurge de ce capitalisme ce qu’il a d’anachronique et d’injuste : la propriété privée.

 

La meilleure façon de gérer les ressources rares 

 

La propriété privée est la bête noire des anti-mondialistes. Ils ignorent sans doute les dégâts causés à l’environnement dans les pays collectivistes. Ils ignorent aussi que la propriété privée est la meilleure façon de gérer la nature et les ressources rares, parce qu’elle introduit la responsabilité dans le comportement des hommes, alors que la réglementation ne crée qu’insouciance, bureaucratie et corruption. Ils ignorent enfin que l’homme est « notre ultime chance », comme l’écrivait Julian Simon, le meilleur pourfendeur de la thèse du développement durable.

Julian Simon a repéré l’erreur fondamentale, consciente ou inconsciente, des malthusiens de tous les pays, de tous les siècles. Elle a consisté à considérer l’économie comme un jeu à somme nulle sur un stock de ressources donné. Jeu à somme nulle, l’économie ne peut profiter aux uns qu’en spoliant les autres. L’économie de marché est au contraire un jeu à somme positive : les deux échangistes se trouvent plus satisfaits après l’échange qu’ils ne l’étaient auparavant. Car la satisfaction des besoins est la meilleure définition  qu’on puisse donner d’une « richesse ». La richesse n’est ni une accumulation d’argent (qui n’est qu’une commodité pour faire circuler des droits de propriété), ni une multiplication de la matière (à la façon des Physiocrates qui ne voyaient de « produit net » que dans l’activité agricole et considéraient toutes les classes autre que celle des paysans comme « stériles »). La valeur naît de l’échange des services, et les « ressources naturelles » n’existent pas en tant que telles, puisqu’elles n’ont de valeur qu’une fois que des hommes les ont transformées en services rendus à d’autres hommes. Réciproquement les hommes savent échanger des services qui ne doivent rien à la terre. Seul l’esprit humain est créateur de richesses, c’est pourquoi la propriété privée doit être reconnue et respectée, puisqu’elle permet à chacun de s’attribuer la part de lui-même qu’il a investie dans la richesse créée.

 

Ainsi, comme tous les autres arguments invoqués par les anti-mondialistes, même si celui-ci est plus percutant et plus séduisant que les autres, la sauvegarde de l’environnement est un faux nez, un prétexte pour abattre le capitalisme et, derrière le capitalisme, les Etats Unis et les pays qui adoptent le « modèle anglo-saxon ».

Mais est-il suffisant, pour réfuter les thèses anti-mondialistes auprès de l’opinion publique, de démontrer leur vacuité et de démasquer leur véritable origine et leur vraie nature ? Je ne le crois pas, il faut aussi persuader les gens de la signification authentique et des perspectives de la mondialisation.

           

Extrait de "La mondialisation, vue par les marxistes et par les libéraux", Jacques GARELLO, Université Aix Marseille III

 

 

1. En quoi consiste le principe de précaution ? Trouvez des décisions politiques prises en vertu de ce principe.

Réglementations en matière de biotechnologies.

2. Qui était Malthus et quelle est sa grande théorie ?

3. Qu'est ce que la théorie de l'impérialisme ?

4. La protection de la nature par sa privatisation a-t-elle donné lieu à des applications ? Permet-elle de limiter sa dégradation ?

On peut citer les droits de polluer, les éléphants en Afrique de l'Est. Faire mention de la tragédie des communs.