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Interview de Xavier COLLET par James MARTIN

Interview non publiée (tu m'étonnes) à la presse gauchiste branchée


 James Martin, Technikart : Merci d'abord de vous présenter, dire de quelle organisation vous faites partie, quel est votre rôle là-dedans et surtout, pourquoi vous êtes libertarien.

Xavier Collet : Ce que je pourrais dire de moi ne vous donnera pas nécessairement une idée du parcours idéal qui fait que l’on devienne libertarien. Chacun aura son cheminement personnel à réaliser en fonction de son expérience de vie ou de ses engagements passés. En ce qui me concerne, j’ai 33 ans, je vis en banlieue parisienne et suis maître auxiliaire d’économie dans un petit lycée. Cependant mon occupation principale demeure l’activisme libertarien que j’exerce depuis 1986. Actuellement, je suis secrétaire général du mouvement et, avec notre développement accéléré ces derniers temps, c’est devenu une tâche écrasante. Pourtant je ressens ce militantisme comme un devoir car il est important que nous nous manifestions, dans la mesure où la cohérence de notre message marque une rupture complète vis-à-vis de la bouillie idéologique de la classe politique.

Être libertarien ce fut un état d’esprit de toujours, une sensibilité particulière. Mes lectures m’ont éclairées quand j’ai découvert que d’autres partageaient cette sensibilité et étaient capables de la théoriser. Être libertarien c’est se révolter contre les chaînes qui entravent l’individu au nom d’un mythique intérêt général, intérêt qui n’est en fait que celui  des hommes prétendant gérer un État en notre nom. Face à l’usurpation de nos prérogatives individuelles, nous entendons nous battre contre la logique du politique, afin de faire reculer les hommes de l’État. Les libertariens sont donc avant tout des libéraux, mais des libéraux cohérents : nous plaidons pour une liberté totale de chaque individu et pas seulement pour la liberté économique.

Technikart :Le mouvement libertarien gagne-t-il de la vitesse en ce moment ? Si oui, donnez des exemples chiffrés svp.

XC : Nous avons longtemps stagné, les premiers libertariens français étaient restés dans le domaine académique. Le militantisme demeurait encore faible ne serait-ce qu’il y a 3 ans de cela. J’ai commencé moi-même dans l’activisme étudiant en créant l’ Association des Étudiants Libéraux en 1990 après un passage décevant au Collectif Étudiants Libéraux de France (de petits fils à papa qui ne pensaient qu’à une bien sage carrière politique), le terrain était déjà fertile mais les militants potentiels n’avaient pas l’habitude de l’engagement. L’Internet nous a lancé avec un foisonnement de sites libertariens et de listes de discussion dans le monde entier. D’un seul coup, avec le noyau d’amis constituant le mouvement, nous avons eu la surprise d’être contactés par des gens des quatre coins de la France. Ainsi, nous sommes passés d’une cinquantaine en 1998 à plus de deux mille aujourd’hui.

Technikart : De quels milieux viennent les libertariens français? Sont-ils riches ou modestes, bourgeois ou aristos, et quel est leur moyen d'âge ?

XC : La question est d’importance. Figurez-vous qu’on me la pose souvent avec dans l’idée un mouvement de gros bourgeois à cigare. J’ai toujours eu du mal à comprendre le raccourci : avocat de la liberté individuelle = gros connard plein de fric et de mépris pour les pauvres. C’est vrai que, comme on l’a écrit sur nos pancartes, les socialistes eux aiment tellement les pauvres qu’ils en créent par millions. Mais les créateurs de pauvres sont riches eux, quel moyen plus rapide de se remplir les poches que de prendre sa place dans le système actuel d’Etat-providence ? Il y a longtemps qu’en France on ne réussit plus par son mérite personnel, il faudrait être maso pour y créer des richesses même en tenant compte du bienfait que l’on apporterait alors à la société toute entière, non ici on partage la pauvreté.

Ceci dit, nous sommes nombreux à venir d’un milieu modeste, certains y sont restés d’autres non. Et actuellement nous avons les plus grandes chances de rester modestes. Quant à la moyenne d’âge, une bonne partie d’entre nous se situent dans les 18-40 ans.

Technikart : Pourquoi traitez-vous les antimondialistes de "voyous"?

XC : Les antimondialistes sont avant tout le groupe de pression du status quo. Ils sont contre les privatisations, la concurrence, contre le droit de choisir sa protection sociale, sa consommation, ils sont le lobby du toujours plus d’impôts et de taxes et même Tobin, le taxeur dont ils s’inspirent, les appelle « les casseurs de carreaux ». On reconnaît aussi les voyous à ce qu’ils se servent, imposent le fait accompli par la violence, un peu comme ceux qui arrachent des plantations de maïs transgénique. Les voyous aiment la force brutale et veulent faire régner leurs lois par tous les moyens, ils peuvent tout si on ne leur barre pas le passage.  Justement nous sommes là pour cela, car nous voulons être libres. Or être libre c’est disposer de notre corps, de notre esprit, jouir des fruits de notre travail en s’assurant que tout ce que nous produisons nous reste acquis par le droit de propriété, que nos choix n’appartiennent qu’à nous, sans que des petits ayatollahs viennent nous emmerder et nous commander ce qui est bien sous prétexte que ce serait bon pour nous.

Finalement ces gens là ont régné suffisamment longtemps et ont eu leurs heures de gloire avec les modèles d’hyper-protectionnisme et d’hyper-réglementation des régimes communistes et fascistes, puis sous l’emprise d’une social-démocratie keynésienne, laquelle ne pouvait fonctionner qu’en économie close, avec les effets pervers que l’on connaît. Le retour à un régime de plus grande liberté menace les positions de les bénéficiaires de l’hyper-réglementation, des fonctionnaires à statut public aux producteurs effrayés par la concurrence des pays pauvres. Le pouvoir, le premier, a beaucoup à y perdre et recherche à compenser la perte d’influence du politique en imposant des règles mondiales, une coordination globale des politiques, celles que les antimondialistes justement appellent de leurs vœux. On ne s’étonnera donc pas de la faveur que ces gens là trouvent auprès des hommes de l’État et de certains médias à leur botte.

Enfin je ne crois pas mieux vous convaincre de l’aberration obscurantiste de ces petits messieurs, autrement qu’en citant cette vieille dame après les échauffourées de Prague : « ces jeunes bourgeois occidentaux auraient du vivre ici il y a 15 ans, ils auraient compris ce que c’était que le communisme ».

 Technikart : Comment la mondialisation peut-elle être une chance pour le tiers monde, comme l'indiquait l'un de vos pancartes le 2 décembre ?

XC : Plus qu’une chance, la mondialisation est LA chance des pays pauvres. Les efforts des antimondialisations et des États du Nord, plus particulièrement de la France, vont dans le sens de l’exclusion de ces pays. Comment s’étonner alors de la dénonciation des clauses sociales ou environnementales par les pays les plus pauvres ? Clauses voulues, en fait, non par d’hypocrites préoccupations morales, mais pour exclure une concurrence préjudiciable aux entreprises des pays riches.

C’est le même réflexe protectionniste du Nord qui est dénoncé par des ministres brésiliens et sud-africains, lesquels remarquent l’existence d’un marché agricole mondial faussé par des subventions d’un milliard de dollars par jour. J’en passe pour le secteur textile et tout le reste. N’oublions pas après tout qu’en à peine plus de 30 ans la Corée du sud est passée du statut de pays pauvre à pays riche à coups de ce que certains qualifieraient de « dumping social ». A côté la Corée du nord, par les merveilles du socialisme, n’ennuie pas un seul lobby de pays riches, sa population en crève la bouche ouverte dans une indifférence pratiquement absolue !

La loi des avantages comparatifs de Ricardo a la vie dure, elle se voit confirmée tous les jours et nous apprend que le développement des échanges entre les pays profite aux échangeurs. Au contraire les théories délirantes du développement autocentré, serinées avec la complaisance des pays riches, sont une des causes évidentes de la ruine du Tiers-monde depuis les années 50, si on y rajoute l’application du socialisme accompagnant doctrinalement les théories autarciques, plus des élites bureaucratisées et corrompues, on comprendra que la fin de cette logique marque une ère d’optimisme pour les pays les plus pauvres. D’ailleurs puisque vous parler de notre manifestation du 2 décembre, il faut savoir que celle-ci a été relayée à Delhi, Bombay, Lagos et même à Porto Alegre, le chemin du développement c’est bien pour eux le capitalisme et la mondialisation.

Technikart : Êtes-vous d'accord avec Jacques Garello lorsqu'il dit "je suis humain, donc capitaliste"? Pourquoi donner une telle importance à  l'argent ?

XC : Oui je suis entièrement d’accord, mais y a-t-il un lien de causalité entre les deux parties de la question ?

Qu’est ce que l’argent sinon un moyen d’échange ? L’argent n’est pas une fin, il sert à exprimer la valeur que nous donnons aux biens et services produits. Non, ce qui est important c’est l’échange et l’échange n’est possible qu’à partir de la libre disposition de sa propriété. Dans ce cas effectivement nous pouvons en arriver au capitalisme tel que le définit Hayek «  un système de concurrence basé sur la libre disposition de la propriété ».

Rien à voir avec la « loi du fric » et nous dénonçons ce système où la toute puissance du pouvoir politique est à vendre au plus offrant. Le capitalisme ce n’est pas cela, rien n’y est imposé pas le sommet, aucun privilège n’y existe. Être humain à mon sens ce n’est pas vouloir se placer au-dessus des autres en décrétant un système applicable à tous. Le socialisme déshumanise car le pouvoir s’y obtient par la soumission à d’autres humains, la démocratie telle que nous la connaissons déshumanise également car le pouvoir politique s’impose aux minoritaires et aux majoritaires nécessairement cocus. Les hommes politiques ne gardent leur pouvoir qu’en s’appuyant sur certaines élites ou sur un population flouée, dans laquelle chacun croit pouvoir vivre aux dépens de ses voisins (dixit Frédéric Bastiat). Le capitalisme par contre n’impose rien à personne, nul ne peut y vivre aux dépens des autres et chacun y tire son avantage en servant les intérêts des autres.

Sans capitalisme la prédation règne, c’est pourquoi, moi aussi, je suis humain donc capitaliste.

 

Dont http://libertariens.cjb.net et http://yahoogroups.com/group/les-libertariens

 


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