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Viagra, le kiki capitaliste Vous savez quoi, Alternatives
Economiques, la bible obligatoire des étudiants de sciences économiques et des
inspecteurs académique, ce journal de l’anti-libéralisme qui se veut si sérieux,
voire austère, fait de l’humour ! Une petite rubrique d’un tiers
de page appelée un moment décryptage, puis « Marge » et « Manœuvre »,
s’en prend sur le mode drolatique à la « pensée unique néolibérale »
(sic). Notre monde est néolibéral, il faut le dire, tout nous le rappelle et
d’abord cette compétition omniprésente, cette concurrence ignoble, et la
nature même qui fait que certains courent plus vite que d’autres, ont une
plus grande endurance ou encore ont le kiki plus long ou plus dur que leurs
voisins. Non, non, je ne plaisante pas c’est bien là le sens de
l’indignation de l’article. Alors comment résoudre le problème ?
Donner les moyens de courir plus vite, d’avoir plus de souffle, de l’avoir
plus … enfin vous m’avez compris. D’améliorer la situation des plus défavorisés
par la nature quoi ! Mais non malheureux, néolibéralisme encore que tout
cela ! Course à la compétitivité, à l’efficience, cela ne doit pas être,
cela est aliénant, cela nie l’homme pour les résultats, que dis je pour le
profit qu’il soit financier ou profit d’image. Non, il faut corriger les
imperfections de la nature certes, mais ce qui est imparfait ce sont les
meilleurs, il faut donc les stigmatiser. C’est bien dans cette logique
là qu’Alter Eco s’en prend à la petite pilule bleue de Viagra, vous savez
le remède presque parfait à l’impuissance sexuelle. Une bénédiction pour
ceux qui avaient nourri des complexes à ce niveau là et qui, oh horreur !,
comme le dit le journal : « en dehors des indications médicales, va
surtout servir à l’amélioration des performances et à l’augmentation de
la productivité … dans le champ sexuel ». Je sais, il faut être
d’odieux capitalistes pour oser tenter les orgasmes partagés quand tant
d’impuissants et d’éjaculateurs précoces marquent le rythme de ce que
devrait être une sexualité égalitaire. Maintenant que des pauvres de la
sexualité puissent tenter de se mettre à niveau par leurs efforts c’est bien
là un acte coupable du registre de la social-traîtrise. Non il faut taxer les
sexuellement riches et les usures prématurées de literies, après le projet de
taxe tobin, de taxe sur les téléchargements appelé bit-tax, Alter Eco nous
propose une … comment l’appeler au fait ? Et puis il faut s’en prendre
aussi aux producteurs capitalistes de la pilule bleue (comme la couleur du libéralisme
en plus, suspect non ?), en rappelant que l’ingrédient de base : la
manométhyldrarine, était autrefois fabriquée par l’industrie militaire. Eh
oui, il faut bien le souligner « comme si l’espoir que la reconversion
soit le fait de se tourner vers des productions socialement utiles était irréalisable,
… » dit le journalisme qui crache dans le lit nuptial. Il continue donc
sur l’air de l’incantation prolétarienne, on entend déjà le refrain. Non aux cadences infernales du
sexe, proclamera t on le poids levé, au grand dam des épouses qui avaient
retrouvées le sourire ;-) En langage châtié cela nous
donne : « …Comme si surtout, le marché ne pouvait développer une
autre production qu’à condition d’y mettre du comptable, du quantifiable,
du mesurable, de l’augmentateur de productivité, de l’accélérateur de
cadence, comme si l’amour vu par le marché, ça devait se mesurer en terme de
prouesses». Notre stakhanoviste a bien oublié ses sacro-saints critères du plan impératif et fait sa petite obsession pour voir du marché là où il ne s’agit que de répondre à des détresses. Mais au fait, entre autres choses c’est bien cela le marché, l’espoir de ceux qui se croyaient incurables du kiki.
Xavier COLLET, le 11 octobre 2002
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