Vote ou crève


Voter est un devoir civique.

Voici l'unique argument qu'ont inventé les hommes d'État pour nous forcer à  aller aux urnes. Le vote n'a plus rien de libre et volontaire, il devient contrainte! Cette obligation morale est insupportable tant elle représente une atteinte caractérisée à la Liberté Individuelle.
Si la Liberté est le fait d'être seul maître et responsable de ses actions et opinions dans le respect absolu des Droits des individus, s'abstenir de voter n'est en rien une atteinte à ces derniers, c'est donc une Liberté fondamentale !
Ce terrorisme intellectuel, qui consiste à assimiler le vote à un devoir, ne vise qu'un seul but: légitimer l'action de nos gouvernants par une pseudo-imprimatur, une sorte de caution morale au système. Les valets de l'État se donnent ainsi bonne conscience en interprétant alors le fort taux de participation comme une preuve de l'"intérêt"(?!) massif des citoyens envers l'action des politiques... et donc un encouragement à poursuivre cette action.
Mais la notion de "devoir" n'a aucune place ici. Je n'ai de devoir qu'envers les autres individus:celui de respecter leurs Droits.
Je ne reconnais à personne le droit de m'imposer quelque contrainte que ce  soit, et encore moins d'avoir le cynisme de transformer cette contrainte en un devoir de ma part!

Maxime ROLLIN

 

Un de nos amis, Daniel, fondateur des anarcho-capitalistes de Berkeley est revenu sur sa candidature sous la bannière du Parti Libertarien et finalement a décidé de communiquer en faveur de l'abstention. Une manière également de se faire entendre. Maintenant je dois avouer voter régulièrement ne serait-ce que pour inscrire sur le bulletin : "je dénie a la personne issue du scrutin tout droit de parler en mon nom, la volonté de me représenter sans mon consentement est une violation de mon libre arbitre, en conséquence toute décision prise de ce fait ne me concernera pas".
Évidemment je suis tout de même soumis par la force aux diktats de nos usurpateurs, la désobéissance est donc un devoir alors que le droit de vote n'est que le prétexte de la légitimité des usurpateurs.

Que nos paroles deviennent actes, mais en attendant ne nous privons pas des quelques occasions qu'il nous reste de dire merde à nos tyrans.

Bien sûr, comme le montre Daniel, certains Libertariens prétendent qu'il est immoral de voter ou de participer à l'action politique – l'argument étant que ce genre de participation aux activités de l'Etat équivaut à lui donner une caution morale. Mais pour être moral, un choix doit être libre, et les hommes de l'Etat ont placé les individus dans une situation de non-liberté, dans un cadre général de coercition. Car l'Etat, malheureusement, existe, et les gens doivent commencer par travailler à l'intérieur de ce cadre pour remédier à leur condition. Dans un cadre de coercition étatique – Lysander Spooner le disait bien – le fait de voter ne saurait impliquer aucun consentement volontaire. En fait, si les hommes de l'Etat nous permettent périodiquement de choisir des maîtres, ce choix fût-il limité, il ne peut être immoral d'en profiter pour essayer de réduire ou de détruire leur pouvoir. »

Xavier COLLET


En fait, il n'y a pas de raison d'interpréter le fait que les gens votent bel et bien comme une preuve de leur approbation. Il faut au contraire considérer que, sans qu'on lui ait demandé son avis, un homme se trouve encerclé par les hommes d'un Etat qui le forcent à verser de l'argent, à exécuter des tâches et à renoncer à l'exercice d'un grand nombre de ses Droits naturels, sous peine de lourdes punitions. Il constate aussi que les autres exercent cette tyrannie à son égard par l'utilisation qu'ils font du bulletin
de vote. Il se rend compte ensuite que s'il se sert à son tour du bulletin en question, il a quelque chance d'atténuer leur tyrannie à son endroit, en les soumettant à la sienne. Bref, il se trouve malgré lui dans une situation telle que s'il use du bulletin de vote , il a des chances de faire partie des maîtres, alors que s'il ne s'en sert pas il deviendra à coup sûr un esclave. Il n'a pas d'autre alternative que celle-là. Pour se défendre, il en choisit le premier terme. Sa situation est analogue à celle d'un homme qu'on a mené de force sur un champ de bataille, où il doit tuer les autres s'il ne veut pas être tué lui-même. Ce n'est pas parce qu homme cherche à prendre la vie d'autrui pour sauver la sienne au cours d'une bataille qu'il faut en inférer que la bataille serait le résultat de son choix. Il en est de même des batailles électorales, qui ne sont que des substituts à la guerre ouverte. Est-ce parce que sa seule chance de s'en tirer passe par l'emploi du bulletin de vote qu'on doit en conclure que c'est un conflit où il a choisi d'être partie prenante ? Qu'il aurait de lui-même mis en jeu ses propres Droits naturels contre ceux des autres, à perdre ou à gagner selon la loi du nombre ? On ne peut douter que les plus misérables des hommes, soumis à l'Etat le plus oppressif de la terre, se serviraient du bulletin de vote si on leur en laissait l'occasion, s'ils pouvaient y voir la moindre chance d'améliorer leur sort. Mais ce n'en serait  pas pour autant la preuve qu'ils ont volontairement mis en place les hommes de l'Etat qui les opprime, ni qu'ils l'acceptent en quoi que ce soit.

Lysander SPOONER "Outrage à Chef d'Etat", Les Belles Lettres. Collection Iconoclaste 1991