Working poors aux États-Unis ?
Le
plein emploi aux Etats-Unis serait dû à ce que l'on appelle chez nous des petits
boulots qui ne permettent pas un niveau de vie décent. On parle ainsi de 20
% de working poors parmi les salariés américains, qu'en est-il en réalité ?
Même
les anti-américains les plus viscéraux ont fini par reconnaître l’extraordinaire
vitalité du marché du travail aux Etats-Unis sauf que ce dynamisme s’est traduit
– d’après eux - par la création de millions et de millions de "petits jobs",
des emplois sous-payés, de courte durée et dans les secteurs de l’alimentaire
(Mcjobs) ou de la vente (Wal-Mart). Ces affirmations ont servi aux politiques
européens d’alibi pour ne pas reconnaître le succès des Américains dans la lutte
contre le chômage et justifier l’envolée inadmissible du nombre de sans-emploi
de ce côté-ci de l’Atlantique. "On a du chômage mais pas des petits boulots
comme là-bas", assènent-ils sur les ondes ou dans la presse.
La
vérité est un peu différente.
Premièrement, en regardant l’évolution de l’emploi
depuis les années 1980, on remarque que le nombre de personnes payées avec le
salaire minimum est en baisse continue : de 8,9 % en 1980 à 1,8 % en 2002. En
regardant de plus près les emplois créés durant la période de boom économique
(1989-2000), on peut remarquer, d’après les études du Bureau of Labor Statistics
que la plupart des créations d’emplois ont été faites dans les catégories les
plus qualifiées. En effet, une étude (2000) de ce Bureau a divisé les emplois
créés durant cette période en trois catégories : une catégorie d’emplois très
peu qualifiés, une deuxième d’emplois moyens dans l’industrie en particulier
et, enfin, une troisième catégorie d’emplois hautement qualifiés. Les statistiques
montrent que les emplois non-qualifiés de la première catégorie ont augmenté
de 17,5 % sur cette période, tandis que les emplois les plus qualifiés se sont
accrus de… 28,4 % ! Sur les 17,3 millions d’emplois créés, presque 60 % (environ
10,2 millions) l’ont été dans les domaines les plus qualifiés et donc les mieux
payés.
Alors, a-t-on affaire à des working poors ? En 2001, d’après le Census Bureau,
4,9 % des Américains étaient considérés comme des working poors. Toutefois,
ces statistiques incluent toute personne qui a travaillé au moins 27 semaines
durant l’année en cours, ce qui inclue aussi des personnes à la recherche d’un
emploi. De plus, dans la catégorie des "working poors", environ 54
% des personnes sont des jeunes de 25 ans ou moins. En général, il s’agit d’un
jeune d’une famille de classe moyenne qui travaille pour se faire de l’argent
et qui reste très peu de temps employé à ce niveau.
Les créations d’emplois aux Etats-Unis ne sont donc pas du tout des créations
de "petits boulots". Ce sont des emplois de qualité, mais la grande
caractéristique du marché du travail américain est qu’il crée toutes sortes
d’emplois. Ceci explique aussi pourquoi le taux de chômage est si bas, autant
pour les personnes avec un bon niveau d’études que pour les autres. Même les
femmes sans études trouvent plus facilement un emploi : le taux de chômage de
cette catégorie est de 8,9% aux USA, il est de 14,5% en France. Et le pourcentage
des femmes au travail a augmenté de 11 points en 20 ans (entre 1980 et 2000)
et il est de 73 % en Amérique (62 % en France et 63 % en Allemagne). Pour ce
qui est des rémunérations, à travail égal, une Américaine gagne en moyenne 85
% par rapport à un Américain. En France, le salaire d’une femme se situe à environ
75 % de celui d’un homme.
Questions
1. Qui sont les working poors ?
2. Leur situation est-elle durable en France, aux Etats-Unis ?
3. Qu'est ce qui distingue le marché du travail en France et aux Etats-Unis ?