Des mères célibataires enfermées dans les trappes à la pauvreté
Une étude nous révèle qu'il est pratiquement impossible pour des mères célibataires de sortir du statut de l'assistanat. Leur seule opportunité serait de trouver un emploi à plein temps ou un partenaire en possédant un, mais cette chance est mince. Ces conclusions ont été produites par Bob Gregory, professeur d'économie, lors d'une conférence donnée à Melbourne à l'Institut Australien d'études sur la famille.
Son enquête montre qu'entre 1995 et 2001, 18 % seulement des mères célibataires prises en charge par l'aide sociale ont pu quitter ce dispositif, alors que le même pourcentage y entrait durablement. La majorité des femmes, à peu près 66 %, ont pu bénéficier durant cette période, à un degré ou à un autre, d'une prise en charge sociale mais pour une durée limitée de moins de deux mois en général.
Selon le professeur Grégory : " Nous ne pouvons plus considérer que cette prise en charge sociale soit une forme d'assurance … dans la mesure où elle devient souvent permanente. " Il a montré que la plupart de ces mères ont ou ont eu des partenaires qui étaient souvent eux-mêmes chômeurs ou très faiblement rémunérés, ce qui les a fait sortir du système d'allocations pour femmes isolées pour se retrouver dans le système d'allocations pour parents pauvres. Mais la majorité de ces unions ne durèrent pas. D'autres perdirent l'allocation de femmes isolées mais au profit d'allocations chômage ou de pensions d'invalidité. Les 18 % qui s'en sortirent le durent surtout à leur union avec un homme travaillant à plein temps. Il est difficile pour une mère célibataire de s'en sortir seule car perdre le bénéfice d'allocations gouvernementales implique de gagner au moins 32 000 dollars australiens par an. En fait peu de mères célibataires touchent un revenu du travail, seules 20 à 30 % ont un emploi à temps partiel. Et parmi celles-ci 13 % seulement gagnent plus de 200 dollars australiens par semaine.
Pourtant le travail à temps partiel pourrait constituer une véritable opportunité d'échapper à la trappe à la pauvreté, mais pas grâce au salaire perçu. " L'emploi à temps partiel permet d'augmenter les chances de rencontre avec un hommes d'une catégorie sociale plus élevée gagnant relativement bien sa vie ". Bob Gregory ajoute que la réforme de l'aide gouvernementale consistant à inciter les parents célibataires à retrouver un emploi " n'est pas une mauvaise idée ", mais qu'elle permettrait surtout d'aider les femmes avec des enfants déjà grands.
Adele Horin, The Sydney Morning Herald, le 14 février 2003
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