D'après les leçons "du taux de l'intérêt","de l'efficacité marginale du capital", "les conventions de bourse"

in 39 leçons d'économie contemporaine de Philippe Simonnot


Taux de l'intérêt, on va s'intéresser dans cette leçon au comportement de l'épargnant

1. Que rémunère le taux d'intérêt ?

Un bien que l'on peut obtenir plus tard a moins de valeur à nos yeux qu'un bien que l'on peut obtenir tout de suite. La différence de valeur que l'on accorde à un bien futur par rapport à un bien immédiat  devrait être inférieure au taux d'intérêt que l'on accepte de percevoir pour consommer ce bien plus tard. Page 298.

En page 305 Keynes montre que "l'intérêt est non la récompense de la non-dépense mais celle de la non-thésaurisation". C'est donc la renonciation à un pouvoir d'achat utilisable immédiatement, c'est-à-dire la renonciation à la liquidité (page 306).

 

2. Que signifie actualiser la valeur d'un bien ?

C'est exprimer la valeur d'un bien futur en fonction d'un bien présent, on utilise pour cela le taux d'intérêt. Ainsi soit K le bien présent et K' le bien futur, on a K' = (1 + i) K.

 

3. Pourquoi le taux d'intérêt met-il fin aux relations fondées sur le don et le contre-don ?

Dans les sociétés traditionnelles fondées sur la kula, dons et contre-dons interviennent avec un décalage temporaire. La valeur des dons et contre-dons ne s'égalise donc jamais maintenant un endettement perpétuel de l'un puis de l'autre poussant à la perpétuation des dons et contre-dons. L'introduction de l'intérêt rend la dette remboursable puisqu'il permet le calcul précis de la dette, il donne une valeur au temps et créé un marché ou offreurs et demandeurs de capitaux ne se connaissent pas nécessairement mais échangent à un prix qui est le taux d'intérêt égalisant offres et demandes de capitaux.

Les nostalgiques de l'ordre tribal à la Polanyi parlerait là d'une irruption du taux d'intérêt qui brise les liens traditionnels aux profits de liens marchands. En effet le recours au marché implique bien des relations impersonnelles ponctuelles.

 

4. Quel rapport peut-on établir entre les cours de la bourse et le taux d'intérêt ?

Soit R le revenu d'un capital et K ce capital, on a R = i K, donc la valeur de K = R/i.

Si la valeur de ce capital augmente sans que les coupons (obligations) ou dividendes (actions) n'augmentent alors c'est que R reste fixe alors que K augmente, donc i doit baisser. La baisse du taux d'intérêt pousse donc à la hausse des cours de bourse.

 

5. Quelle est la valeur d'un capital qui rapporte 100 000 euros par an avec un le taux d'intérêt de 8 %

K = 100 000/0,08 = 1 250 000.

 

6. Supposons que les taux d'intérêt passent à 5 % pour les nouvelles obligations émises, quelle sera la valeur de l'emprunt obligataire rapportant du 8 % ?

La valeur de l'emprunt va monter jusqu'à ce que le rapport entre le revenu et la valeur du capital soit égal au taux de 5 % : i = R/k  donc 0,05 = 100 000/k.

La valeur du capital passera donc de 1 250 000 à 2 000 000 d'euros.

 

7. Caractérisez la trappe à la liquidité.

Une baisse anticipée des taux d'intérêt nous pousse donc à acheter des obligations et des actions car nous croyons qu'ils vont prendre de la valeur. Mais si nous pensons que les taux d'intérêt réels sont très faibles, alors nous anticipons une hausse des taux et une baisse de la valeur des capitaux. Dans ce cas nous préférons ne pas investir, vendre nos valeurs mobilières et conserver notre liquidité, on parle de trappe à la liquidité. Les taux sont tellement bas que personne ne veut placer ses liquidités.

La trappe à la liquidité rend la politique monétaire expansionniste sans effet pour relancer les investissements, puisque, répétons-le 'une offre supplémentaire de monnaie tomberait dans cette trappe, c'est-à-dire se transformerait en argent thésaurisé donc non investi.

 

 

De l'efficacité marginale du capital et des "conventions de bourse", on s'intéresse ici au comportement des investisseurs

 

bourse de Wall Street

1. Quel rapport peut-on établir entre l'efficacité marginale du capital et le taux d'intérêt ?

L'investisseur investira tant que l'efficacité marginale du capital sera supérieure au taux d'intérêt. Comme il embauche aussi longtemps que la productivité marginale du travail est supérieur au salaire.

 

2. Les conditions de l'investissement sont-elles souvent réunies ?

Difficilement.

D'abord l'investisseur ne connaît pas l'efficacité marginale du capital, il l'anticipe et l'évolution des technologies peut faire que l'investissement projeté risque d'être obsolète plus rapidement que prévu ce qui diminuerait l'efficacité marginale du capital. Cela se vérifie dans l'informatique où les achats d'équipements sont reportés dans l'attente d'une machine plus élaborée, la loi de Moore (puissance des processeurs doublée tous les 18 mois) pousse à cet attentisme.

L'anticipation d'une baisse des taux d'intérêt reporte aussi la décision d'investir.

Donc plus l'environnement est incertain plus l'investissement est en panne.

 

3. Pourquoi l'hypothèse de l'investisseur calculateur favorise-t-elle les solutions keynésiennes ?

Parce que le calculateur se méfie de l'avenir et qu'il faut qu'intervienne l'État pour ramener la confiance. Le rôle des anticipations est fondamental. Keynes a voulu enterrer l'entrepreneur Schumpéterien et a constaté à son époque la montée de la technostructure dans laquelle les dirigeants de l'entreprise n'en sont pas les propriétaires. 

Ces technocrates gérant d'entreprises possèdent un comportement moutonnier, si la plupart ont confiance dans les perspectives de croissance alors l'efficacité marginale du capital va croître et ils vont investir, permettant à la croissance d'être au rendez-vous. Par contre si le pessimisme est de rigueur alors la chute de l'investissement est certaine même si ce pessimisme était irrationnel. Comme ce que les investisseurs croit se réalise, il suffirait donc à l'État de les rendre optimistes pour décider de la croissance.

Plus de place ici pour l'entrepreneur aventurier, celui dont la réussite tient à sa volonté de se différencier, de saisir le premier une rente de monopole en prenant ses concurrents à contre-pied.