Étalon or et banque libre
Un système de banque libre basé sur l'or permet d'étendre les crédits et donc de créer des billets de banques et des dépôts en conformité avec les besoins de l'économie. Les propriétaires d'or sont incités, par leur rémunération sous forme d'intérêts, à déposer leur or dans des banques contre la capacité d'en disposer en obtenant des billets de banques. Attendu qu'il est rare que tous les déposants retirent leur or en même temps, le banquier peut se permettre d'émettre plus de billets (de prêter plus) que l'équivalent de ses réserves en or. Car comme nous le verrons la création de monnaie se fait par les prêts.
Mais le montant de monnaie créé (de prêts octroyés) n'est pas infini, il dépend de l'or en réserve et des investissements réalisés avec les prêts octroyés. Lorsque les banques prêtent de l'argent pour financer des investissements rentables alors les emprunteurs remboursent rapidement et les banques peuvent continuer à faire des crédits. Mais lorsque les investissements financés sont moins rentables et que les remboursements se font difficilement, les banques réalisent que la somme des prêts octroyés est excessive par rapport à leurs réserves en or alors elles décident de limiter les prêts le plus souvent en en augmentant les taux d'intérêts. Ceci limite donc les nouveaux investissements et implique que les emprunteurs rechercheront une plus grande rentabilité de leurs investissements avant de les financer par l'emprunt. Ainsi, le système d'étalon or dans le cadre d'un système de banque libre permet de garantir la stabilité économique et une croissance raisonnable.
Quand l'or est accepté comme intermédiaire des échanges par la plupart des pays, un gold standard international permet de dynamiser la division internationale du travail et le commerce mondial. Même si chaque pays possède sa propre monnaie, il suffit que chacune de ces monnaies ait sa parité en or pour que tous les pays fonctionnent comme un seul aussi longtemps qu'il n'y a pas de barrière commerciale et de resriction aux mouvements de capitaux. Le volume des crédits, les taux d'intérêt et les prix évoluent alors de façon similaire dans chaque pays. Par exemple si les banques d'un pays donné augmentent trop leurs prêts c'est que leur taux d'intérêt sont trop faibles par rapport à ce qu'ils devraient être, les dépositaires d'or vont donc récupérer leur or pour le placer dans des banques d'autres pays où les taux sont plus élevés. Cela va créer une baisse des réserves en or dans le pays où les prêts se font à taux faibles, et donc une hausse des taux d'intérêt.
Un système complet de banques libres, c'est-à-dire de banques privées émettant leur propre monnaie n'a jamais complément existé. Mais avant la Première Guerre Mondiale, le système bancaire américain (et celui de la plupart des pays au monde) était basé sur l'or, et même si l'État intervenait de temps en temps, les banques étaient davantage libres que contrôlées. Périodiquement, à la suite d'expansion importante des crédits, les banques dépassaient une certaine limite de leur ratio prêts en cours/réserves or, alors les taux d'intérêt augmentaient rapidement et la demande de crédit chutait, il en résultait une récession importante mais de courte durée (comparée aux récessions de 1920 et de 1932). Le stock limité des réserves en or permettait de réduire le montant des crédits accordés donc de limiter des expansions trop fortes à crédit avant qu'elles ne dégénèrent en crise de grande ampleur. Les périodes de crise étaient donc courtes et les économies se rétablissaient avant qu'une nouvelle phase d'expansion n'intervienne. Mais les économistes interventionnistes ne comprenaient pas ce mécanisme, pour eux si les pénuries de réserve des banques causaient une récession il suffisait d'en augmenter leur montant afin de faire disparaître ces pénuries ! Ainsi ils croyaient que la capacité des banques a prêter indéfiniment empêcherait toute crise à l'avenir. C'est sur cette croyance que le système de banque centrale américain se mit en place en 1913.
(...) Ce système de banque centrale devait permettre à l'État de contrôler la circulation des crédits. Techniquement l'étalon or (gold standard) fut maintenu et l'or continuait donc d'être utilisé dans les réserves bancaires, mais la monnaie émise par la Banque centrale obtint le cours légal et obtint le pouvoir de rembourser les dépositaires d'or dans les banques.
En 1927, lorsqu'une récession s'installa aux États-Unis, la Banque centrale augmenta son émission monétaire afin d'éviter de possibles pénuries dans les réserves des banques. Plus désastreux encore, la Banque centrale américaine tenta de venir en aide à la Grande-Bretagne dont les réserves or s'épuisaient face au refus de la Banque d' Angleterre qui refusait, pour des raisons politiques, d'augmenter les taux d'intérêts. Le raisonnement des autorités monétaires américaines fut le suivant : si la Banque centrale américaine augmentait son émission monétaire alors elle permettait aux banques d'augmenter leurs réserves en billets et de faire baisser les taux d'intérêts au même niveau que ceux en vigueur en Grande-Bretagne ; ceci devrait permettre à la Grande-Bretagne de faire cesser son hémorragie en or et donc la dispenserait d'augmenter ses taux d'intérêt. L'opération réussit mais l'augmentation des crédits résultant de la mise en circulation de monnaie entaîna une hausse spéculative des cours de la bourse. Lorsque la Banque centrale américaine réagit en tentant de contracter la masse monétaire en circulation il était trop tard, la crise de 1929 se déclencha.
Largement touchée par cette grave crise la Grande-Bretagne abandonna complétement l'étalon-or en 1931 portant atteinte à la confiance que les déposants avaient en leur banque (la certitude d'échanger des billets contre de l'or). Des faillites bancaires en série se produisirent donc et étonnament l'étalon-or fut mis en accusation par les économistes étatistes au sujet la baisse des crédits qui engendra la Grande Dépression de 1929. L'opposition au systéme d'étalon-or grandit chez les économistes favorables à l'État-Providence, en effet ce système n'est pas compatible avec les déficits budgétaires chroniques de l'État. Il faut rappeler ici que les politiques de relance sont financées pour partie par des mesures de confiscation fiscale à l'encontre des membres les plus productifs de la société afin de lancer des projets sociaux divers. Mais ces mesures fiscales doivent être limitées pour ne pas devenir impopulaires, l'autre partie du financement de la relance passe donc par des programmes de déficits massifs, l'État emprunte donc des fonds en émettant notamment des bons du Trésor. Dans un système d'étalon-or, le montant de crédit dans une économie est limité par le montant des biens tangibles dans la mesure où chaque instrument de crédit représente un droit sur un bien tangible (les banques peuvent prêter en fonction de leurs réserves en or ou des effets de commerce qui leur sont remis, l'or représente un bien tangible et les effets de commerces représentent de l'argent qu'un commerçant doit à un autre donc indirectement un bien tangible). Par contre les titres de la dette de l'État ne reposent sur aucun bien tangible mais seulement sur la promesse d'un remboursement ultérieur à partir de futures rentrées fiscales (ce ne sont que des promesses d'impôts futurs). Dans un système d'étalon-or le financement de déficit public est possible mais au prix d'une forte élévation des taux d'intérêt et il sera donc forcément limité. L'abandon du système d'étalon-or permet donc aux banques d'augmenter leurs crédits à des niveaux virtuellement infinis. Les titres de la dette publique deviennent même des instruments de réserve que les banques acceptent au même titre que des biens tangibles, ainsi le détenteur de bons du Trésor ou de papier monnaie pense qu'il possède un droit sur des biens tangibles.
Mais la loi du marché est têtue, alors que l'offre de monnaie croît davantage que les biens tangibles produits les prix augmentent. Ainsi les gains réalisés par les membres productifs de la société perdent de la valeur. Le jeu est à somme nulle, la valeur diminuée des gains des autres est compensée par les gains perçus par d'autres à travers les dépenses de l'État-Providence. En l'absence d'un système d'étalon-or il n'est, en effet, pas possible de protéger les patrimoines de l'inflation. L'État veille d'ailleurs à ce que ce système ne réapparaisse pas, l'utilisation de l'or a des fins monétaires a d'ailleurs été abolie. (...)
Questions
1.
Quel rapport s'établit entre les crédits émis par les banques
et les taux d'intérêt, pourquoi ?
2. Que permet
une banque centrale ? Quelle différence peut-on faire entre les banques
et la Banque centrale ?
3. En quoi la mise en place du cours légal pour la monnaie émise
par la Banque centrale marque-t-elle une révolution monétaire
?
4. Expliquez
la phrase en italique. Le
maintien de taux d'intérêt réel faibles incita à
l'augmentation des crédits, des investissements étaient financés
à crédit en profitant de l'effet de levier ce qui encouragea aussi
les actionnaires à participer à ces investissements donc hausse
de la bourse. La hausse des taux d'intérêts provoqua un effet de
massue et mis des entreprises dans une situation d'insolvabilité.
5.
Expliquez ce qui permet les crises financières.