Le Libertarianisme est une nouvelle philosophie politique. Bien que ses racines puissent être retracées à travers toute l'histoire des idées, ce n'est que depuis 20 ans qu'elle se présente comme une philosophie bien définie. Cette politique se base sur une idée nouvelle en ce qui concerne le rôle précis du gouvernement au sein d'une société libre.
Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où pratiquement tous les pays se heurtent semble-t-il, vers une forme ou autre d'étatisme, qu'elle soit communiste ou celle de l'État-providence. De tout côté, on nous informe que le monde est devenu trop compliqué pour permettre à l'individu de diriger lui-même sa propre vie. Même l'idée de l'individu devient de plus en plus démodée et désuète.
Le Libertarianisme s'oppose à la prémisse de base de l'orientation mentionné ci-haut, ce point de vue qui voudrait que l'État puisse disposer des droits de l'individu pour lui imposer ceux qu'il estime conformes au "bien commun" - et ce, particulièrement en ce qui suit : dans le domaine des droits civils, on appuie toutes les libertés civiles et on s'oppose à toute tentative du gouvernement de refaçonner la vie personnelle de ses citoyens. Dans le domaine de l'économie, on met à défi le droit du gouvernement de limiter de quelque façon que ce soit, ou d'obliger le citoyen à supporter par des taxes des projets qu'il ne supporterait pas volontairement sur le marché libre.
Les Libertariens ne perçoivent pas le gouvernement comme étant sacro-saint, qui ne peut pas être mis en question, mais plutôt comme une simple agence qui détient le monopole de l'usage de la force de la loi. Les Libertariens se concernent alors avec une seule question de base: "Où repose la justification qui permets au gouvernement l'usage abusif du pouvoir ?" La réponse Libertarienne en est que le pouvoir du gouvernement devrait se limiter à protéger l'individu de l'agression et de la fraude.
Depuis quelques centaines d'années, la civilisation occidentale accepte l'idée que la société ne devrait pas être assujettie aux désirs arbitraires d'un Souverain; et malgré le fait que nous avons éliminé le "droit divin des rois", il semble que nous l'avons simplement substitué par le "règne absolu de la majorité". Mais les individus peuvent aussi bien être réprimés sous une dictature que dans une démocratie socialisante. Contrairement à l'idée libertarienne qu'à chaque individu appartient sa propre vie, dans toute société orienté vers l'État, l'individu appartient à l'État à un degré plus ou moins élevé.
Le principe que l'État, représentant la société en son entier, peut agir sur la vie du citoyen comme si elle lui appartient en toute propriété, explique la raison d'être de beaucoup des lois aujourd'hui en vigueur au Canada. L'État contrôle ses citoyens afin de réaliser ses propres objectifs. L'État se permet de juger quels livres sont appropriés pour le citoyen, et à quel prix le citoyen pourra échanger ses services ou vendre son produit. L'État oblige le respect des congés religieux qu'il juge à propos. L'État redistribue les fortunes des individus, pénalise l'individu s'il achète un produit d'un autre pays, exproprie l'individu pour prendre sa propriété s'il estime en trouver une meilleure utilisation et finalement, oblige l'individu de faire la guerre même si cela devra lui coûter la vie. Naturellement, tous ces gestes sont posés au nom de l'intérêt national ou public.
Aujourd'hui, la propriété des droits de l'individu n'étant plus reconnue, les groupes de pression viennent décider de l'intérêt public. Les Libertariens choisissent de ne pas participer à la course des faveurs que chacun recherche pour son groupe en particulier, plutôt, les Libertariens demandent une fin à toute subvention gouvernementale, tout prêt, tout tarif ou autre, car de telles mesures ne servent qu'à favoriser certains individus et groupes aux dépens des autres. Ce favoritisme, nous dit-on, est pour rétablir l'égalité, la "justice sociale". La doctrine libertarienne dicte que le gouvernement devrait offrir l'égalité aux citoyens, non pas une "égalité de paie, d'habitation ou de bien-être", mais plutôt l'opportunité non-obstruée de gagner, de façon honnête, toute chose par transactions volontaires.
Quoique la philosophie Libertarienne soit idéaliste dans sa vision et dans ses fondements, elle n'est pas utopique. Elle ne cherche pas à refaire les hommes selon une vision libertarienne d'un bien commun. Elle voudrait que chaque individu soit libre de réaliser pour lui-même son propre bonheur, sans que le gouvernement vienne s'ingérer dans les arrangements entre hommes. Nous croyons qu'une société gouvernée pour maintenir à chacun la liberté de poursuivre son bonheur dans le respect de la personne et de la propriété de son concitoyen réaliserait le plus grand bonheur de tous ses citoyens.
Depuis bien des années, les gens disent que le socialisme est un "bel idéal" qui n'est pas réalisable "en pratique". En fait, depuis maintenant une centaine d'années, l'idéal socialiste se répand partout dans le monde. Les résultats sont connus : plus l'État applique le socialisme, plus la société s'appauvrit. Les Libertariens ne croient pas que ceci résulte du fait que l'idéal est difficilement réalisable. Plutôt, ils croient que cet idéal, tel qu'exercé par l'État, ne respecte pas la nature de l'humanité. Il est évident que les pays où les droits et libertés de l'individu sont les plus protégés sont les pays où l'on retrouve la plus grand prospérité. En fait, le socialisme n'est ni pratique, ni moral.
Il est intéressant à noter que le principe de base de la philosophie libertarienne (soit le droit de l'individu de poursuive ses intérêts sans contrainte ni coercition) est accepté par la plupart d'entre nous. La seule exception est en ce qui concernent le gouvernement. La plupart des gens acceptent toujours que le gouvernement puisse ainsi limiter les droits et libertés des citoyens en autant qu'il proclame, appuyé d'une logique quelconque, que c'est pour le bien commun.. Ce que recherchent les Libertariens, c'est de pouvoir appliquer les mêmes règles de bons sens au gouvernement, afin de prévenir l'ingérence dans les transactions entre individus.
Les Libertariens croient fermement que le pouvoir grandissant de l'État au Canada nous étouffe tous. Mais ce n'est pas nécessairement le gouvernement en tant que tel qui est le plus grand coupable dans cette affaire: c'est plutôt l'idée que tous nos problèmes peuvent être réglés par le gouvernement. Afin d'aller à l'encontre de cette croyance, les Libertariens veulent promouvoir une nouvelle idée - l'idée d'une liberté personnelle. Notre bataille sera une bataille éducative, et son succès n'est pas garanti. Il semble bien indiqué, par contre, que cette philosophie libertarienne soit appropriée à notre époque.
1Marilee Haylock (1942-1982) fut Présidente du Parti Libertarien de l'Ontario de 1976 à 1979. "What is Libertarianism?" a été écrit en 1977. La traduction de l'original fut réalisée par Michel Champagne, Coordonateur Régional pour le Québec.