Les nouveaux marchés du travail

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Vendre ses compétences par Internet

 

L'existence de marchés organisés mettant en relation des offreurs et des demandeurs a pu se développer avec Internet et ainsi permettre de baisser les coûts de transaction de façon considérable.

Rappelons que les coûts de transaction ont ainsi été définis par Ronald Coase : " Lorsque l'on souhaite opérer une transaction sur un marché, il est nécessaire de rechercher son ou ses cocontractants, de leur apporter certaines informations nécessaires et de poser les conditions du contrat, de conduire les négociations instaurant ainsi un véritable marché, de conclure le contrat, de mettre en place une structure de contrôle des prestations respectives des obligations des parties, etc. ".

 

Ainsi, au-delà de la bourse sur Internet ou d'ebay, respectivement dédiés aux transactions sur les capitaux et à l'achat et la vente de marchandises, des sites se sont attaqués aux transactions relatives à des prestations de travail.

C'est le cas des Freelance.com, SkillsVillage ou encore elance.com qui permettent de mettre en relation des indépendants (free-lance) et des entreprises au-delà même des frontières. S'inscrire sur la base elance.com est très simple et se fait immédiatement, l'indépendant y place son CV et un échantillon de ses réalisations, il peut faire valider ses diplômes et expériences, il est également noté par ceux qui ont fait appel à ses services, ceci afin de rendre transparent la qualité de ses prestations. L'indépendant peut répondre à des offres de missions en fixant ses conditions tarifaires, et de façon symétrique l'entreprises peut rechercher des prestataires pour ses missions. La mise en concurrence se fait en fonction des tarifs proposés et demandés pour les prestations, mais également en fonction de l'expérience des prestataires. Les négociations se font en ligne et de façon confidentielle, ensuite les offreurs et demandeurs sont liés et la rémunération se fait par l'intermédiaire du site qui peut aussi assurer la bonne fin de la transaction.

 

Ainsi le recours au salariat dans le cadre d'entreprises imposant la coopération entre les employés devient dépassé car à tous les niveaux ce type de site réduit au maximum les différents coûts de transaction. Les entreprises en conséquence n'hésitent pas à avoir davantage recours à l'externalisation et à la sous-traitance dans un souci de flexibilité et de réduction des coûts. L'organisation du marché du travail, à travers ce type de site contribue largement à sa déréglementation et permet de contourner les règles rigides que le législateur, sous la pression des syndicats, a imposé au contrat de travail.

Par ailleurs elle permet de travailler pour des donneurs d'ordre étrangers sans avoir à émigrer, le San Francisco Chronicle cite ainsi un graphiste biélorusse, dont le salaire mensuel est d'à peine 200 dollars, qui gagne 500 dollars en plus par mois en proposant ses services par Internet.

 

Pour l'instant ce marché concerne surtout le travail qualifié, les offres et les demandes portent sur les services informatiques, les travaux de traduction, la société Hellobrain parle d'ailleurs d'un " intellectual capital exchange ".

 

Le travail indépendant à domicile ça marche aux États-Unis

 

Un article de Jacques Trenteseaux du mensuel Enjeux, daté déjà de février 2001, nous présentait Andrew Keeler, un web designer de la Silicon Valley qui travaillait chez lui pour le monde en lui grâce à Internet.

Son rythme de travail dépend de ses clients, mais il avait réussit à concilier confort personnel et passion, pas de temps perdu dans les transports en commun ou devant les machines à café, Andrew Keeler bosse en jeans t-shirt et peut s'occuper en même temps de son fils de 2 ans. Grâce à son site il fait sa propre publicité en exposant ses réalisations en infographie, il a vu augmenter ainsi régulièrement le nombre de ses clients, il signe ses contrats sur le net et recourt aussi aux services d'autres indépendants avec lesquels il a pu travailler en équipe sans jamais les rencontrer autrement que lors de visio-conférence.

 

Free agent, un statut qui se développe au détriment du salariat

 

Les États-Unis, " a free agent nation " (le pays des indépendants), dans la mesure où la vieille forme d'emploi tayloriste à vie, à durée indéterminée de forme salariale n'est plus dominante face au développement de l'intérim et du travail indépendant. Et chacun y trouve son compte : ainsi bien les entreprises à la recherche de flexibilité, que la main d'œuvre qui n'hésite pas à passer d'une entreprise à une autre et se laisse tenter par le statut d'indépendant dans les secteurs high tech tout en profitant d'horaires à la carte, du sentiment d'être leur propre patron et de rémunérations supérieures à celles des salariés. Par contre les indépendants devrons se constituer leur propre couverture sociale, un élément dissuasif, mais heureusement certains intermédiaires n'hésitent plus, ailleurs qu'en France, à proposer de fournir une telle couverture.

 

En France, les indépendants à la recherche de missions peuvent opter pour le portage salarial. Ils doivent passer par une entreprise de portage salarial qui facturera leurs missions à des entreprises, ils percevront une rémunération nette comprise entre 50 et 60 % du montant facturé et bénéficieront du régime social des travailleurs salariés.