Progrès technique et emploi


Nous allons explorer dans ce chapitre la fameuse question du progrès technique et de l'emploi. Plus généralement nous entendons souvent dans les media et dans la bouche des hommes politiques cette fameuse antienne contre la hausse de la productivité porteuse de chômage, c'est dans cette logique aussi que l'on parle de partager le travail. Nous allons examiner dans ce  qui suit ce qu'il faut en penser en tant qu'économistes.

I. Le progrès technique est-il facteur de chômage ?

A. Effets quantitatifs du progrès technique sur l'emploi

1. Définir le progrès technique

 

Le progrès technique peut se définir comme l'ensemble des innovations qui bouleversent les processus productifs.

 

Il passe par deux formes d'innovations :

    les innovations de produits sous forme d'apparition sur le marché de nouveaux biens et services qui vont se substituer plus ou moins partiellement à d'autres produits. Ce sont par exemple les jeux électroniques qui prennent de plus en plus la place des jeux traditionnels dans le coeur des enfants, les automobiles qui ont progressivement fait disparaître les métiers de charron, de maréchal ferrant, ou encore le nucléaire qui a poussé les mines de charbon à la fermeture.

    les innovations de procédés comme les transformations de l'organisation du travail, les nouveaux biens d'équipement industriels, la robotisation, la mécanisation, l'objet de ce type d'innovations est la hausse de la productivité.

2. Les effets directs du progrès technique sur l'emploi

La peur de la faillite et du chômage face à la pression des entreprises ayant adopté les innovations génère des craintes irrationnelles et des conflits sociaux. Ce fut le cas par le passé avec le mouvement Luddiste en Angleterre, mais aussi avec les Canuts lyonnais et les "saboteurs" en France, dont le nom vient de la pratique consistant à bloquer les rouages des machines par des sabots. Les mouvements actuels de contestation des nouvelles technologies sont d'ailleurs baptisés de l'appellation de Néo-Luddisme.

Le reproche fait aux progrès techniques vient de la hausse de la productivité qu'il implique. En effet augmenter la productivité c'est produire davantage avec moins de facteurs de production, et ce facteur de production que l'on va réduire est souvent le travail puisque le progrès technique conduit le plus souvent à substituer du capital au travail donc à un chômage technologique.

Mais si les innovations de procédé ont pour but explicite la hausse de la productivité, ils vont aussi transformer le monde du travail en transformant les pratiques professionnelles, les métiers, en créant de nouvelles spécialités. On peut rapprocher à cet égard les innovations de produits créant aussi des emplois avec la diffusion de biens et de services nouveaux.

Des résistances au processus de destruction-créatrice

On considérera donc que le progrès technique permettra l'émergence de nouveaux besoins et de nouvelles consommations. Schumpeter montre en effet que l'absence d'innovations est à l'origine d'une phase descendante du cycle Kondratieff avec son cercle vicieux de baisse de la demande, de faillite et donc de disparition d'emplois, alors qu'au contraire les innovations génèrent un processus de croissance.

Ce qui compte est de confronter l'augmentation de la production et celle de la productivité pour examiner à court terme les effets du progrès technique sur l'emploi.
On peut effectivement vérifier une corrélation entre le taux de croissance de la productivité par tête, la croissance économique et la croissance de l'emploi, celle-ci ne plaide pas en faveur d'un effet positif de la productivité sur l'emploi :

Taux de croissance annuel moyen en % du PIB

... PIB..

Etats-Unis

Japon

Allemagne

France

1970 à 1980

2,8

4,4

.2,7.

.3,3.

1980 à 1990

2,7

4,0

1,3

2,6

1992 à 2001

1,9

1,0

1,5

1,9

2002 à 2004

3,8

2,5

1,1

3,8

  Taux de croissance annuel moyen en % de l'emploi

Emploi total

Etats-Unis

Japon

Allemagne

France

1970 à 1980

2,4

0,8

0,4

0,5

1982 à 1991

1,5

1,3

0,4

0,8

1992 à 2001

1,3

0,3

0,4

0,9

2002 à 2004

0,8
- 0,5
- 0,2
2,2

  Taux de croissance annuel moyen en %  de la productivité par tête

Productivité / Tête dans le secteur privé

......Etats-Unis ..

Japon

Allemagne

France

1970 à 1980

0,4

3,6

2,5

2,8

1980 à 1990

1,0

2,8

0,8

2,3

1992 à 2001

1,9

1,1

1,4

1,4

2002 à 2004
2,7
2,5
2,3
1,0

Source : perspectives économiques n° 75, juin 2004, OCDE

Mettez en évidence la relation entre les trois tableaux et donc les implications de la productivité sur l'emploi.

À quelle théorie cela correspond ?

Quel pays connaît la tertiarisation de l'emploi la plus avancée, en conséquence peut-on vérifier la thèse de Fourastié sur les faibles progrès de la productivité dans les services ?

3. Les effets indirects du progrès technique sur l'emploi

Pourtant si la hausse de la productivité correspond bien à la capacité de produire plus sans augmenter les facteurs de production, dont le travail (ou de produire autant avec moins de salariés), les effets indirects de la hausse de la productivité ne portent pas atteinte à l'emploi.

En effet la hausse de la productivité est à la source de l'enrichissement de la société.

Ainsi elle profitera :

    aux apporteurs de capitaux dont les profits vont augmenter, ce qui les incitera à investir plus donc à favoriser la production et l'emploi ;

    aux salariés sous forme d'augmentation de salaires permettant d'augmenter leur pouvoir d'achat sur le marché donc leur consommation, à moins que la hausse de la productivité se traduise par le choix ou l'imposition autoritaire de la baisse du temps de travail ;

    aux consommateurs français sous forme de baisse des prix imposés par le processus de concurrence, ce qui là aussi augmente le pouvoir d'achat et permet de satisfaire sur le marché de nouveaux besoins générateurs d'emplois ;

    aux consommateurs étrangers au travers d'exportations françaises facilitées par une plus grande compétitivité, ce qui incite à produire encore plus ;

   enfin n'oublions pas l'Etat qui profitera aussi de l'augmentation des profits (IS), des revenus (IRPP) et de la consommation (TVA) pour augmenter les revenus disponibles et les dépenses publiques.

 

Donc la hausse de la productivité fait que la croissance de l'emploi demeure inférieure à celle du PIB.

Mais c'est bien la hausse de la productivité qui permet de multiples façons d'augmenter le PIB donc de favoriser la croissance de l'emploi.

 

Comparons deux situations du point de vue de l'emploi et de la productivité :

 

Attaquie

France

20 vaches

20 vaches

20 salariés

1 salarié

1 salarié par vache

1 salarié pour 20 vaches (donc productivité 20 X)

Salaire : 40 € par jour  (on suppose que la masse salariale est l’essentiel du coût de production)

Vache :  10 litres de lait par jour

Coût de production du litre : 40/10 = 4 €

Coût de production du litre :  40/(20 X 10) = 0,2

Si le niveau de productivité est 20 fois moindre pour toutes les productions alors le pouvoir d’achat est aussi 20 fois plus faible (le coût de production du lait est 20 fois plus fort en Attaquie donc on supposera que les prix seront 20 fois plus élevés).

 

 

B. Effets qualitatifs du progrès technique sur l'emploi

1. Les mutations sectorielles, la thèse du déversement          

Jean Fourastié a mis en évidence les mutations sectorielles de l'emploi qui ont touché tous les pays développés depuis le XIXième siècle. Les progrès techniques réalisés avec la Révolution agricole puis la Révolution industrielle sont les déclencheurs de ces mutations sectorielles, lesquelles à coût d'augmentation de la productivité permettent d'abord la baisse des coûts de production agricole.

Des coûts plus faibles se répercutent sur les prix, et c'est à partir de là que le développement est possible puisque bénéficiant d'un pouvoir d'achat plus important les populations vont pouvoir se hisser au-delà de la satisfaction de leurs besoins primaires et diriger une partie de leurs dépenses vers les biens manufacturés. Le développement de l'industrie supplante alors l'agriculture et permet d'embaucher de nombreux paysans. L'OST permet justement de recruter des ouvriers peu qualifiés et d'augmenter fortement la productivité. Ceci permettra donc la baisse des coûts industriels et donc des prix alimentant une consommation de masse, puis une baisse de l'emploi industriel s'orientant vers le secteur des services.

 

La thèse du déversement de Sauvy se superpose à la vision de Fourastié

 

Cette mobilité sectorielle des salariés tout au long d'une évolution séculaire est appelée déversement de l'emploi par Alfred Sauvy. Il constate que la hausse de la productivité dans un secteur implique une baisse de ses prix relatifs permettant une hausse de la demande vers ce secteur, on parle d'un effet prix. Ce qui permet de maintenir l'emploi dans ce secteur dans la mesure où la hausse de la production reste supérieure à celle de la hausse de la productivité. Puis la demande est saturée, et c'est l'effet revenu qui s'exprime selon la loi d'Ernst Engel, l'enrichissement implique des dépenses s'orientant davantage vers le secteur tertiaire et conduit l'emploi à se déplacé vers ce secteur.

 

On peut synthétiser le déversement par un tableau relatif à la situation actuelle par rapport à la situation antérieure :

 

 Productivité (P/N)Prix relatifsDemande (selon l'effet revenu) influe sur PEmploi (N = P/(P/N)
Secteur primaireHausseBaisse Forte baisseForte baisse
Secteur secondaireTrès forte hausseForte baisseBaisseForte baisse
Secteur tertiaireStable (selon Fourastié)StableHausseHausse

Mais le déversement n'est pas immédiat car, contrairement au modèle de concurrence pure et parfaite, les capitaux et le travail ne sont pas parfaitement mobiles d'un secteur à un autre. Le chômage technologique ne peut se résorber que par des formations pas forcément aisées à mettre en place, d'autant que la trappe à la pauvreté créée par le système social français n'incite pas à des efforts de requalification.

2. Les mutations de qualification, la thèse de la compensation

Les mutations sectorielles sont bien à l'origine de destructions d’emplois dans les activités traditionnelles, mais le progrès technique compense cette destruction par la création d'emplois dans les activités nouvelles. Le progrès technique change donc la nature des emplois.

On peut ainsi constater que le mouvement des sociétés développées vers le secteur tertiaire coïncide avec une hausse des qualifications. Il se traduit par un développement important de la PCS cadre (+ un million entre 1982 et 1995), des professions intermédiaires (+ 600 000 dans la même période) et une chute de la PCS des ouvriers ( - un million sur la même période). Alors que les PCS évoluent vers le haut, la main d'oeuvre se qualifie au travers de formations diplômantes, le CAP devient pratiquement obligatoire pour les ouvriers alors que l'accès à des formations post bac + 2 s'impose pour les cadres.

Pour autant la persistance d'une taylorisation du travail mutant vers les services laisse des opportunités d'emploi pour ceux qui ne possèdent que de faibles qualifications. Des métiers telles que caissièr(e)s, équipier en restauration rapide, personnel d'entretien ou de sécurité se développent à partir de personnels faiblement qualifiés. Néanmoins même si le secteur des services permet partiellement d'éponger des sureffectifs peu qualifiés, la qualification devient un impératif quand le coût élevé du facteur travail, particulièrement en France, exclut de l'emploi ceux dont la productivité est la plus faible.

II. Le travail, une marchandise comme une autre ?

A. Le marché théorique du travail

Du chômage volontaire, Simonnot

1. L'offre de travail

L'influence du salaire sur l'offre de travail

Le salarié offre son travail contre un salaire, son offre dépendra du coût d'opportunité de son temps libre, c'est-à-dire qu'il va arbitrer entre le temps qu'il consacrera au travail ou au loisir en fonction du salaire qu'on lui propose. Dans ce cas plus le salaire augmente plus le coût d'opportunité du temps libre augmente (effet de substitution du travail au loisir), donc l'offre de travail du salarié est une fonction croissante du salaire.
Mais pour raisonner plus finement on considérera aussi que l'augmentation des salaires possède un effet-revenu qui peut expliquer que le salarié peut gagner autant en travaillant moins. On dira tout de même que cet effet est négligeable, quoique sur le plus long terme la baisse de la durée du travail peut s'expliquer par la hausse du niveau de vie.

 

2. La demande de travail

 

De quoi dépend la demande de travail ?

 

L'employeur demande de la main d'oeuvre, il loue la force de travail de salariés en arbitrant entre l'embauche d'une personne supplémentaire ou l'investissement dans une machine supplémentaire. Il embauchera aussi en tenant compte de la production qu'il aura à réaliser en fonction de la demande anticipée et en comparant la productivité marginale du travail et le salaire. Ainsi la demande de travail sera une fonction décroissante des salaires.

 

3. L'équilibre sur le marché du travail

 

Le travail est-il une marchandise ?

 

Dans l'approche Néo-Classique le travail est bien une marchandise comme les biens ou services et les capitaux, puisqu'il fait l'objet d'un marché où offre et demande s'ajustent en fonction d'un prix qui est le salaire. Ainsi le plein-emploi s'établit automatiquement au salaire d'équilibre puisqu'il permet d'égaliser l'offre et la demande de travail. Ceci suppose bien évidemment une flexibilité parfaite des salaires à la hausse comme à la baisse, mais est-ce vraiment vérifié en réalité ?

 

Internet, une révolution pour le marché du travail

 

B. En réalité un marché particulier

 

1. Le salaire n'est pas la seule variable d'ajustement

 

Comme le montre Ludwig Von Mises dans L'Action humaine :

 

 " Ce qui donne un caractère particulier au marché du travail, c'est que le travailleur n'est pas simplement le fournisseur du facteur de production travail, mais aussi un être humain qu'il est impossible de dissocier de sa prestation (...)

Pour le travailleur, ce sont des questions importantes que le genre de travail qu'il fait, parmi tous ceux dont il est capable, l'endroit où il l'accomplit et dans quelles conditions ou circonstances particulières.

 Pour l'examen économique des problèmes impliqués, il n'y a rien de particulièrement remarquable dans le fait que le travailleur considère sa peine et son dérangement non seulement sous l'angle de la désutilité du travail et de sa rémunération immédiate, mais aussi en tenant compte des conditions spéciales et circonstances de sa prestation dans la mesure où elles affectent son plaisir de vivre. Le fait qu'un travailleur préfère laisser passer la chance d'augmenter ses gains monétaires en déménageant vers un endroit qu'il considère comme moins agréable, plutôt que de quitter l'endroit où il est né, ou son pays, n'est pas plus remarquable que le fait qu'une personne riche et distinguée, sans profession, préfère vivre dans la capitale où tout est cher, plutôt que dans une petite ville où la vie est bon marché. Le travailleur et le consommateur sont une seule et même personne ; c'est seulement le raisonnement économique qui intègre les fonctions sociales et fend cette unité en deux schémas. Les hommes ne peuvent isoler les décisions concernant l'utilisation de leur capacité de travail, de celles concernant la jouissance de leurs gains.

La filiation, le langage, l'éducation, la religion, la mentalité, les liens familiaux et l'environnement social attachent le travailleur de telle sorte qu'il ne choisit pas l'endroit et le genre de son travail sous l'angle unique des taux de salaire."

 

Les derniers éléments que cite Mises renvoient au statut salarial. Michael Walzer a étudié la notion de travail pénible et a mis en évidence que certaines tâches considérées comme ingrates ne sont pas désirées et exercées par des personnes discriminées. Le métier d'OS dans la division du travail est considéré comme pénible et le statut social d'ouvrier non qualifié est peu enviable, il a fallu donc le compenser par des salaires très raisonnables. Pourtant aujourd'hui l'une des limites du Fordisme c'est que beaucoup préfèrent ne pas travailler plutôt que d'exercer de tels métiers. A côté de cela il existe des tâches plus prestigieuses comme par exemple l'enseignement, pourtant un plombier gagne certainement plus qu'un enseignant de lycée, même en ZEP. Mais il existe aussi des tâches où le salarié se sent valorisé par l'intérêt que représente pour lui son travail, il faut renvoyer là aux motivations supérieure de Maslow, que ce soit le besoin d'appartenance (fier de travailler chez Microsoft), le besoin de reconnaissance (l'infirmière qui est aimée de ses patients), le besoin de réalisation (trouver le but de sa vie en s'engageant chez MSF).

 

2. Le salaire, déterminant de la consommation

 

C'est bien en concevant le salarié en tant que consommateur et en refusant d'accepter la loi des débouchés de Say, que Keynes, à la suite de Marx, considère que des salaires trop faibles sur le marché du travail engendrent une crise de surproduction.

Keynes s'intéresse là aux conséquences de la crise de 1929.

Il croit en observer de trois types :

            une perte de confiance qui conduit les entrepreneurs à anticiper une baisse de la demande effective et les pousse donc à ne pas investir ;

           un effet de trésorerie du aux pertes des entreprises touchées par le krach boursier et qui pousse certaines à l'insolvabilité et à la faillite ;

            un effet de richesse du aux pertes de l'ensemble des agents économiques dont la demande va baisser.

 

Ainsi dans ce cas les entreprises n'attendent pas la réalisation d'une surproduction, il suffit qu'elles l'anticipent pour qu'elles cessent d'investir et limitent leur production tout en cherchant à vendre le plus rapidement et à prix sacrifié ce qu'elles pensent ne plus pouvoir vendre demain (à cause d'un pouvoir d'achat en baisse). Cette offre précipitée déclenche la baisse des prix, face à une demande qui ne suit pas et qui suivra encore moins dans la mesure où les entreprises n'investissent plus et limitent leur masse salariale. On parle alors d'une spirale déflationniste accompagnée d'un chômage de masse. Mais il s'agit aussi d'une prophétie autoréalisatrice : croire en la suproduction génère la fameuse spirale déflationniste.

 

Pour Keynes la baisse des salaires ne résoudra pas ce chômage (chômage keynésien), au contraire elle ne ferait que renforcer la spirale déflationniste. Il faudrait donc relancer la demande afin de ramener la confiance chez les entrepreneurs. Et si on ne peut augmenter la demande en contraingnant les salaires à l'augmention, il fera intervenir ce qui va devenir l'Etat Providence. En séparant les revenus primaires des revenus disponibles, l'Etat pourra soutenir la demande de ceux dont la propension à consommer est la plus forte. Ceci implique le soutien du pouvoir d'achat des chômeurs et plus généralement des politiques de redistribution. Ces politiques du Welfare passent par la fiscalité et les organismes de Sécurité Sociale (charge fiscale fortement progressive, allocations sociales), ainsi que par la rigidification des salaires à la baisse permise par la consécration du rôle des syndicats et des conventions collectives ainsi que du SMIG apparu en France en 1950.

 

3. Les limites de la réglementation

 

Les préceptes Keynésiens ont-ils permis de résoudre les désajustements sur le marché du travail ? La courbe de Philips semblerait le montrer, le chômage baisserait au prix de l'acceptation d'une inflation qui ne pose pas de problème aux théoriciens keynésiens. Le mécanisme décrit par cette courbe est le suivant un chômage élevé doit coïncider avec une demande faible donc baisse des prix et des salaires, par contre la baisse du chômage accroît la demande donc hausse des prix mais aussi des salaires.

 

 

Mais la crise pétrolières des années 70 mettant fin aux "Trente Glorieuses" donne tort à la courbe de Philips, la réglementation du travail se traduit bien par des salaires rigides à la baisse : le chômage de masse est devenu chômage de longue durée, puis chômage d'exclusion sans que les salaires ne baissent. Alors que, selon la courbe de Philips, la hausse du chomage aurait du entrainer une baisse de l'inflation. Le résultat en est une inflation forte coexistant avec un taux de chômage élevé, le courbe netient plus.

 

C. Le chômage, symptôme d'un marché déréglé par l'Etat

 

1. Chômage : compromis social et segmentation de l'emploi

 

Plusieurs types d'explications ont été apportées à cette situation de chômage de masse sans baisse des salaires réels.

La première est la théorie des Insiders/Outsiders qui considère l'existence d'un compromis social en faveur du chômage. Effectivement les négociations salariales sont menées par ceux qui possèdent un emploi et dont l'objectif est la progression de leur pouvoir d'achat et non la création d'emploi pour ceux qui sont au chômage et qui acceptent leur situation contre une prise en charge sociale de leur absence d'emploi.

Une autre explication complémentaire consiste à segmenter le marché du travail en un marché interne non régi par les mécanismes du marché et concernant des salariés particulièrement gâtés en avantages sociaux de par la profession qu'ils occupent, l'entreprise où ils travaillent, on peut ici penser aux fonctionnaires ou à des salariés travaillant dans des secteurs à statut favorisé comme les dockers. Mais sont aussi concernés les salariés très qualifiés bénéficiant d'un salaire d'efficience condition du maintien de leur productivité et de leur fidélité à l'entreprise. De l'autre côté on aurait un marché externe régi largement selon l'offre et la demande de travail, là pas d'avantages particuliers. Les salariés du marché externe permettraient de maintenir les privilèges des salariés du marché interne.

 

Ces deux théories peuvent se vérifier si on compare le marché du travail français au marché du travail américain. Le premier est marqué par un fort taux de chômage d'une durée moyenne supérieure à un an, alors que le marché du travail américain se caractérise par un faible taux de chômage et de courte durée.

La flexibilité du marché du travail américain, l'absence de statuts d'exception en serait l'explication.

 

2. Le chômage involontaire dans la théorie du chômage Classique

 

Simmonot  : Du chômage involontaire + de l'incidence de la Sécurité sociale sur le chômage

Comment expliquer le chômage involontaire ?

Le chômage ne peut être réduit en dessous de son taux frictionnels (environ 3 - 4 %), celui-ci est de très courte durée et lié aux délais d'ajustement d'un emploi à un autre. Il s'explique ici par un coût du travail qui ne permet pas d'égaliser l'offre et la demande de travail.

 

Représenter graphiquement le chômage pour un coût du travail supérieur au salaire d'équilibre.

 

 

En quoi l'intervention de l'Etat sur le marché du travail pousse à davantage d'interventions.

La mise en place d'un salaire minimum vient perturber l'équilibre du marché. Au lieu de supprimer l'intervention, d'autres interventions seront mises en place car le marché sera accusé d'être vecteur de chômage. Ces nouvelles interventions pourront prendre un aspect draconien comme la mise en place de quotas d'emplois pour les chômeurs longue durée, voire l'obligation d'embaucher pour obtenir des contrats publics.

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Quel est l'effet de la Sécurité sociale sur le chômage ?

Les défenseurs de la Sécurité sociale considèrent que les cotisations sont des salaires différés (retraite) ou que l'on perçoit en nature (maladie, allocations familiales, ...) mais en réalité on ne cotise pas pour soi mais pour les autres. Ainsi si les salariés ne considèrent pas les cotisations comme une part de leurs salaires, et effectivement ils se positionnent surtout sur leur salaire net, ils offriront leur travail en fonction de ce salaire net (offre de travail plus faible). De leur côté les employeurs paient bien ce salaire différé (demande de travail plus fable). Le premier effet de la Sécurité sociale est donc d'abaisser la population active.

Mais la Sécurité sociale augmente aussi le coût du travail et élève le niveau de productivité marginale qu'un employeur exige du salarié pour l'embaucher - rappelons que le salaire, ou plus exactement le coût du travail, doit être égal à la productivité marginale, donc si le coût du travail augmente la productivité marginale minimale pour être employée augmente aussi -. Or nous le savons, les salariés non qualifiés sont les moins productifs, ils se retrouveront donc dans un chômage d'exclusion. C'est en étant conscient de ce mécanisme que les gouvernement proposent souvent des allégements de charge pour l'emploi des chômeurs de longue durée.

 

Le coût de la réglementation du travail