Diviser le travail  


La division du travail,

épingles aimantées

Le phénomène social fondamental est la division du travail, et sa contrepartie la coopération humaine.

L'expérience apprend à l'homme que l'action en coopération est plus efficace et plus fructueuse que l'action isolée d'individus autarciques. Les conditions naturelles déterminant l'existence et l'effort de l'homme sont telles que la division du travail accroît le résultat matériel de chaque unité de travail fournie. Ces faits naturels sont :

            Premièrement, l'inégalité innée des hommes en ce qui concerne leur aptitude à accomplir des travaux de nature diverse.

            Deuxièmement, l'inégale distribution dans le monde des facteurs de production naturels, autres qu'humains.

L'on peut aussi bien considérer que ces deux faits n'en font qu'un, à savoir la multiplicité de la nature qui fait de l'univers un complexe d'innombrables variantes. Si la surface du globe était telle que les conditions physiques de production fussent les mêmes en tous les points, et qu'un homme fût égal à tous les hommes comme le sont des cercles de même diamètre en géométrie euclidienne, les hommes ne se seraient pas orientés vers la division du travail.

            Il y a un troisième fait, à savoir que, pour mener à bien certaines entreprises, les forces d'un seul homme ne suffisent pas, et il faut l'effort conjoint de plusieurs. Certaines requièrent une dépense de travail qu'aucun homme seul ne peut fournir parce que sa capacité de travail n'est pas assez grande. D'autres encore pourraient être exécutées par un individu ; mais le temps qu'il devrait consacrer à l'ouvrage serait si long que le résultat arriverait trop tard pour compenser l'apport de travail. Dans ces deux cas, seul l'effort conjoint permet d'atteindre le but cherché.

Si cette troisième situation était la seule qui se produise, la coopération temporaire aurait certainement fait son apparition entre les hommes. Toutefois, ce genre d'alliance momentanée pour venir à bout de certaines tâches dépassant les forces d'un individu n'aurait pas abouti à une coopération sociale durable. Les entreprises qui ne peuvent être accomplies que de cette manière n'étaient pas très nombreuses aux stades primitifs de la civilisation. De plus, il doit être rare que tous les intéressés soient d'accord pour estimer que l'entreprise commune en question est plus utile et urgente que d'autres tâches que chacun peut accomplir seul. La grande société humaine embrassant tous les hommes dans toutes leurs activités n'est pas née de telles alliances occasionnelles. La société est bien davantage qu'une alliance momentanée conclue pour un objet précis et dissoute aussitôt l'objectif réalisé, même si les partenaires sont disposés à la renouveler si l'occasion se représentait.

 

L'augmentation de productivité provoquée par la division du travail est évidente chaque fois que l'inégalité des participants est telle que chaque individu, ou chaque pièce de terre, est supérieur sous au moins un aspect aux autres individus ou pièces de terre considérés. Si A est apte à produire en une unité de temps 6 p et 4 q, et B seulement 2 p mais 8 q, et que chacun travaille de son côté, la production par tête de l'ensemble sera de 4 p + 6 q ; mais s'ils produisent en division du travail, chacun fabriquant seulement l'article pour la production duquel il est plus efficace que son partenaire, ils produiront 6 p + 8 q. Mais qu'arrivera-t-il si A est plus habile que B non seulement pour la production de p mais aussi pour la production de q ?

Tel est le problème que Ricardo a soulevé, et aussitôt résolu.

 

Les effets de la division du travail

 

La division du travail est le résultat de la réaction consciente de l'homme à la multiplicité des conditions naturelles. D'autre part, elle est elle-même un facteur de nouvelles différenciations. Elle assigne aux diverses aires géographiques des fonctions spécifiques dans l'ensemble ramifié des processus de production. Elle fait des unes des zones urbaines, d'autres des régions rurales ; elle localise les diverses branches d'activités manufacturières, minières et rurales, en des endroits différents. Plus important cependant est le fait qu'elle intensifie l'inégalité innée des hommes. L'entraînement, la pratique de tâches spécifiques ajustent mieux les individus aux exigences de leur activité ; les hommes développent certaines de leurs facultés originelles et en laissent d'autres s'émousser. Des types vocationnels apparaissent, les gens deviennent des spécialistes.

La division du travail dissèque les divers processus de production en tâches minuscules, dont beaucoup peuvent être accomplies par des procédés mécaniques. C'est cela qui a rendu possible l'emploi des machines, et entraîné les stupéfiantes améliorations dans les méthodes techniques de production. La mécanisation est le fruit de la division du travail, sa réussite la plus féconde, et non pas son motif et sa source première. La machinerie spécialisée, mue par l'énergie, n'a pu être mise en œuvre que dans un milieu de vie caractérisé par la division du travail. Chaque pas en avant sur la route vers l'utilisation de machines plus spécialisées, plus raffinées et plus productives, exige une spécialisation plus poussée des tâches.

 

 L'action Humaine, deuxième partie, chapitre huit et dix, Ludwig Von Mises


 

1. Qu'est ce que l'action autarcique, comment se distingue-t-elle de l'action en coopération ?

L'action autarcique consiste en l'autoconsommation de sa production, en coopération elle implique une division du travail dans la société.

2. Expliquez les raisons qui font que la division du travail permet une augmentation de la satisfaction des besoins.

Car elle permet une augmentation de la production, chacun se spécialisera dans le travail pour lequel il est le plus efficace (ou le moins inefficace), au niveau international elle permet de se spécialiser en fonction des ressources disponibles (pas de pétrole en France) et de réaliser plus rapidement un travail collectif (construire un barrage).

Ici Mises va de la division du travail dans la société à la division technique du travail dans l'entreprise en passant par la division internationale du travail.

3. Quel est le problème résolu par Ricardo et qu'elle fut la solution proposée ?

Quelle serait la situation de celui qui est le moins capable de produire efficacement  ? ... Il se spécialisera quand même selon la théorie des avantages comparatifs.

4. Pourquoi la spécialisation du travail mène-t-elle au développement de l'utilisation des machines ?

Par l'effet d'expérience, le spécialiste d'une tâche devient de plus en plus productif et imagine des moyens de réaliser plus facilement son travail, de façon plus rapide, moins pénible ou en économisant des tâches intermédiaires. Il innove donc et utilise la machine qui lui épargne des efforts.