CHAPITRE 2

LA RICHESSE NE CONNAIT PAS DE LIMITES !

L’utilisation créative de ressources existantes est la base de la création de richesses. La créativité ne connaît virtuellement aucune limite, la richesse non plus.


 

Des richesses sont créées lorsque nous utilisons des ressources existantes de façon novatrice. Puisque notre capacité à innover est sans limites, il en va de même des richesses que nous générons. Afin de déterminer le tort que nous nous portons en choisissant la taxation et les autres formes d’agression en tant que moyens pour atteindre nos fins, nous devons comprendre ce qu’est la richesse et d’où elle provient.

D’habitude nous confondons argent et richesse, mais ce sont là deux choses bien différentes. Imaginez un peu un naufragé sur une île déserte, il a découvert un trésor d’un milliard d’euros en pièce d’or mais ne peut mettre la main sur la moindre quantité de nourriture, d’eau potable, il n’a pas d’abri et rien pour se soigner. Franchement, dirait-on d’une telle personne qu’elle respire la prospérité ?

On aurait du mal ! La nourriture, la boisson, un abri, des soins, la plus généralement les moyens de la satisfaction de nos besoins physiologiques, là est la première richesse. L’argent n’a de la valeur que si il peut servir à acheter ce dont l’on a besoin. L’argent n’est qu’un instrument de mesure des biens auquel on peut avoir accès. Si aucune richesse n’est accessible alors l’argent ne vaut rien.

Mais combien de richesses sont disponibles ? Quel était le montant total de cette richesse il y a 2000 ans ? Est-ce que les plus riches des hommes qui peuplaient cette terre avaient accès aux antibiotiques, aux anesthésiques, à la chirurgie quand leurs enfants souffraient de l’appendicite ? Les amuseurs de l’époque pouvaient ils leur offrir des spectacles variés, de qualité, avec des effets spéciaux comparables à ceux de maintenant ? Pouvaient-ils s’informer de ce qui se passait à l’autre bout du monde en temps réel ? Pouvaient-ils maintenir le contact avec ceux de leur famille qui s’étaient éloignés géographiquement, pouvaient-ils entreprendre le voyage pour aller les voir en quelques heures tout au plus et dans des conditions de sécurité que nous connaissons actuellement ?

Même le plus riche des grands féodaux ne pouvait pas compter sur ce qui nous est aujourd’hui acquis. Nous sommes bien plus nombreux que jamais à profiter de conditions de vie que nos ancêtres ne pouvaient même pas imaginer. Nos richesses ont cru considérablement.

2.1. Augmentation des richesses à travers les âges

D’où proviennent toutes ces richesses ? Notre planète n’a pourtant pas bénéficié d’une augmentation soudaine des ressources naturelles entre des temps reculés et contemporains. En fait nous avons juste trouvé les moyens d’utiliser des ressources pré-existantes. Des déchets comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel nous ont apporté des énergies dont nous n’avions jamais disposé. Nous avons aussi trouvé le moyen de diffuser cette énergie à travers des réseaux électriques, de faire circuler de l’information par satellite. Des moisissures nous avons produit des antibiotiques afin de combattre les infections bactériennes. Nous sommes ainsi devenus plus résistants et avons développé la pratique de la vaccination pour immuniser notre système immunitaire contre de mortelles épidémies désormais disparues. Des ailes artificielles volent dans les cieux du monde entier. La production de masse, les chaînes d’assemblage et la robotique nous permettent de donner vie à des idées porteuses de richesses. Cette nouvelle prospérité fait boule de neige. Par exemple l’énergie fossile nous met à même de créer de nouveaux alliages impliquant des températures de fusion supérieure à celle que permet le bois. Une découverte mène à une autre. Nous réalisons donc que ce sont les applications nouvelles pour des ressources existantes et le perfectionnement de ces applications nées du génie créateur qui sont les véritables sources de richesse.

On peut donc voir les ressources naturelles comme des graines pouvant germer lorsqu’elles sont nourries par des initiatives individuelles. A titre d’illustration le pétrole fut autrefois considéré comme une calamité contaminant des terres arables, jusqu’à ce que des individus doté de l’esprit d’entreprise eurent l’idée de le pomper, de le raffiner et de transformer le pétrole en « or noir ». Même l’eau doit faire l’objet de l’industrie humaine pour étancher notre soif puisqu’il faut souvent la puiser des profondeurs, la canaliser à partir des torrents ou la stocker dans des réservoirs. Nulle ressource naturelle n’est à proprement parler une ressource utile sans le génie créateur de l’homme…

Le montant de richesses qu'un pays est capable de produire ne dépend pas fondamentalement de ses ressources naturelles. Prenons le Japon, il ne dispose d'aucune ressource en minerais, alors que le Mexique en dispose à profusion, et cependant les Japonais sont sans aucun doute plus riches que ne le sont les Mexicains. De la même façon des pays proches géographiques et pareillement dotés peuvent connaître des écarts de développement considérable, si la Corée du Sud est devenu un pays développé, la voisine du Nord connaît la misère absolue (2). La RDA a souffert durablement d'un retard de croissance par rapport à sa jumelle capitaliste. Il est donc évident que les différentes dotations en ressources naturelles ne sont pas l'explication de ces écarts. Mais la densité de population n'explique pas davantage ces inégalités : le Japon et la RFA sont plus densément peuplés que le Mexique et la RDA (3).

Graphique 2.2. Création de richesses dans le temps dans les Pays Industrialisés et dans le Tiers-Monde

Source des données : P. Bairoch "The main trends in national economy disparities since the industrial revolution" in Disparities in economic development since the industrial revolution de P. Bairoch et M. Lévy-Leboyer, Saint Martin's Press, New York, 1981. Page 7.

Il suffit d'imaginer que les ressources que nous exploitons viendront un jour d'autres planètes, que la matière et l'énergie sont interchangeables et que tous les éléments chimiques de base peuvent être transmutés pour que nous comprenions que nos sources d'approvisionnement sont si abondantes qu'elles n'imposent pas de limitation à la création de richesses. Même si nous épuisons bêtement nos ressources en énergies fossiles, nous ne viendrons pas à bout de chaque atome en attendant d'être capable de les gérer en toute sécurité. Et même si notre stupidité nous a poussé à dévaster notre environnement par la façon absurde dont nous l'avons géré, l'univers entier s'offrira à nous lorsque nous saurons développer les voyages interplanétaires. Les ressources humaines, notre ingéniosité, nos découvertes et la façon de les répliquer sont la véritable source de la création de richesses. Puisque la créativité humaine semble ne pas connaître de limites, le montant de richesses auquel nous pouvons aspirer est virtuellement infini ! Nous vivons à proprement parler dans un monde sans limites !

Une fois que nous aurons réalisé que les ressources dont nous disposons ne sont pas un frein à la création de richesses nous nous sentirons soulagés. La richesse de notre pays ne repose pas ses richesses matérielles à l'intérieur de ses frontières mais sur l'indépendance d'esprit et les capacités créatrices de sa population. Nous créons le monde dans lequel nous vivons.

Quels sont les secrets des pays riches ? Comment leur population se distingue-t-elle de celles qui demeurent moins favorisées ? Comme ce livre entend le démontrer, les cultures bâties sont la pratique de la non coercition, que ce soit à titre individuel ou collectif, bénéficient du plus haut niveau de paix et de prospérité.

Les États Unis d'Amérique ont, de par leur histoire, développé une forte croyance culturelle en la liberté d'action et en le refus des pratiques coercitives individuelles ou de masse. Comme nous le verrons dans les prochains chapitres, cette croyance a fait des États-Unis le pays le plus prospère de la planète. Malheureusement, alors que nous continuons à abhorer les agressions perpétrées par des individus, la croyance en laquelle la contrainte collective peut se justifier grandit de plus en plus. La plupart du temps cette agression collective est sanctionnée par l'adhésion complaisante de la majorité, laquelle donne le pouvoir au gouvernement de l'exercer. L'agression par gouvernement interposé est la raison principale pour laquelle notre pays voit son taux de croissance décliner.

Nous avons vu comment les richesses sont le fruit du travail d'individus y oeuvrant seuls ou en équipe. De nouvelles idées de progrès donnent lieu à des applications et sont reproduites. Par exemple Georges, notre voisin imaginaire, pourrait tout à fait travailler dans une manufacture de chaises. Le propriétaire de l'usine achète le bois d'exploitant forestier dont l'activité est la plantation et le bucheronnage. Tous les trois ont créé de nouvelles richesses sous forme de sièges. Puis ils ont partagé le résultat de leur création en les échangeant contre de l'argent. Ils ont ensuite utilisé cet argent pour avoir accès aux richesses que d'autres encore ont créées, que ce soit dans le domaine alimentaire, vestimentaire, etc ...

Les richesses appartiennent à ceux qui en sont à l'origine et chacune de ces trois personne a contribué à la création de ces chaises. Sans leurs efforts, ces nouvelles richesses n'existeraient pas. Lorsque nous entretenons des liens commerciaux nous reconnaissons instinctivement ce fait et nous agissons en conséquence. Nous ne nous sommes jamais imaginé pouvoir débarquer dans la maison de Georges et le braquer afin de lui arracher les richesses qu'il a créé. De toute façon il se vengerait et après avoir été agresseur nous deviendrions victime. De tels actes seraient de nature à déclencher un état de guerre de voisinage et la valeur de toute propriété chuterait puisqu'aucune possession ne nous serait assurée. Nos efforts seraient consumés dans des tactiques guerrières plutôt que dans la création de richesses. Mais la recherche de notre propre intérêt nous tient à l'écart de tels agissements et nous incite à ne pas pratiquer l'agression à titre individuel. Si nous prenions l'initiative personnelle d'aller détrousser ce pauvre Georges, nul doute que nous sémerions le trouble dans le voisinage. Pourtant nous pensons qu'un guerre ouverte peut être évitée si ce sont les agents de l'État qui, en notre nom, perpétuent la même agression contre Georges. Nous croyons que le vol prend de la noblesse si il est perpétué par l'autorité de la majorité au nom du "bien commun".

Comme nous le verrons dans le prochains chapitres, la chaîne de causes et d'effets reste valide. Les conséquences de l'agression ne changent pas, que l'acte soit le fait d'un individu ou d"un groupe. Lorsque qu'un groupe de voisins demande au gouvernement de voler un autre groupe de voisin, ce même groupe profite de la majorité dont il dispose avant de se ranger dans la minorité et d'enchaîner les rôles d'agresseur puis de victime. La loi de la jungle s'installe au fur et à mesure que nous nous déternons de la création de richesses pour gagner une influence politique. Pourtant c'est bien la recherche de notre intérêt individuel qui devrait nous orienter vers la non-agression aussi bien au niveau individuel que collectif.

L'écosystème du marché

Les Pères Fondateurs des Etats Unis ont mis en évidence l'importance de la non-coercition. Ils avaient réfléchi sur la nature du marché, ce lien invisaible d'échanges volontaires qui unit les hommes et les communautés, les Etats, les nations. Le fonctionnement du marché possède bien des similitudes avec les écosystèmes naturels. Laissé à eux-mêmes, le marché et les écosystèmes naturels trouvent à s'auto-réguler. Ni l'un ni l'autre ne requiert l'intervention de la main invisible des Etats pour retrouver leur équilibre. Au contraire, toute agression dans leur processus de régulation perturbe leur équilibre. C'est ainsi que certaines niches écologiques peuvent disparaître avec leurs occupants.

Le "marché libre" est l'appelation usitée pour décrire l'écosystème de marché libre de toute agression étatique. Lors du dix-neuvième siècle les Etats-Unis furent très proche de cet idéal. En conséquence, des flots d'immigrants sans le sou vinrent s'installer dans l'espoir de se bâtir une meilleure vie pour et pour leur famille. L'Amérique fut baptisée le pays de toutes les opportunités et la plus riche des nations. La richesse fut une des retombées d'une économie de marché libre. Comme il l'est détaillé dans le chapitre 19 (la menace communiste est tapie au fond de nos esprits), les pays communistes souffrent davantage de l'agression que les démocraties. C'est la raison pour laquelle la Corée du Nord, mais aussi la RDA avant sa réunification, ont créé bien moins de richesses que le monde libre.

Pourtant, même au dix-neuvième siècle, l'écosystème de marché aux Etats-Unis n'a pas été tout à fait exempt d'agression. Si une firme pharmaceutique vendait des produits non testés ou si des médecins trichaient sur leur formation, les consommateurs trompés ou leurs ayant droits ne disposaient que de faibles recours. Certaines formes d'agression, et notamment la fraude, furent largement pratiqués par certains individus peu recommandables.

Données issues du rapport annuel 2001 de la liberté économique dans le monde réalisé par le Fraser Institute de Vancouver. IPH-1 représente l'indice de pauvreté humaine pour les pays en développement.

Nos ancêtres savaient comment ne pas se rendre coupable d'agression, mais ils ne savaient pas comment se défendre contre ceux qui les agressaient. En conséquence les agressions perdurèrent. Finalement, les gens ont fini par croire que l'absence d'agression était un idéal inatteignable car des égoïstes étaient toujours disposés à profiter de leurs voisins. Ils se mirent à penser que les agresseurs jouissaient de trop de liberté. Ainsi ils demandèrent à leurs gouvernants de frapper les premiers et de faire usage de l'agression pour prévenir l'agression. Leur devise devint "frappe les autres avant qu'ils ne te frappent". Pour combattre le "mal" d'agression, ils se firent agresseurs et produirent des effets plus graves encore que ceux qu'ils désiraient combattre. Mais voyons plutôt comment tout cela advint dans le pays de toutes les opportunités.

... les vraies richesses proviennent des esprits individuels qui les génèrent de façon imprévisible et incontrôlable.

George Gilder, WEALTH AND POVERTY  

 

 

  ... la liste d’Amnesty International consacrée aux atteintes aux droits de l’homme montre que les pays les plus oppressifs sont ceux dont la population est la plus pauvre, alors que les plus respectueux tendent à devenir les plus riches.

Walter Williams, ALL IT TAKES IS GUTS

 

 

... le marché libre est une société dans laquelle tous les échanges sont consentis. Le plus simple est de concevoir une telle société comme celle qui prévaudrait en l’absence de toute agression contre les personnes ou les biens.

Murray Rothbard, POWER AND THE MARKET    

 

 

 

 

 

 

Le problème avec les gens ce n'est pas leur ignorance- c'est seulement le nombre de choses fausses qu'ils croient vraies.

Mark Twain, humoriste et romancier américain.