L'offre du producteur


Détermination de l'offre sur le marché

Reprenons l'exemple de notre producteur de sabots dont la fonction de coût est C(q) = 11 q + 150 000.

Nous disions aussi que C(q)/q est le coût unitaire ou encore coût moyen. Pour une paire de sabot on avait C(1)/1 = 150 011/1 = 150 011. Pour 1 000 paires de sabots on a C(1000)/1 000 = 161 000/1 000 = 161. Pour 100 000 paires on aurait C(100 000)/100 000 = (1 100 000 + 150 000)/100 000 = 1 250 000/100 000 = 12,5. Plus le volume de production augmente plus le coût unitaire tend vers le coût marginal de 11, ici à 12,5   la paire de sabots on peut imaginer que la production serait rentable.

Mais en réalité nous avions omis un détail important, effectivement pour produire 100 000 sabots nos machines et nos locaux n'étaient pas suffisants. La fonction de coût change donc avec des coûts fixes et des coûts variables différents.

Supposons donc que pour produire jusqu'à 5 000 paires de sabots par mois, les coûts fixes soient de 150 000 €, les coûts variables sont de 11 x 5 000 = 55 000. Le coût total moyen sera de 205 000/5 000 = 41, le coût variable moyen de 55 000/5 000 = 11. Mais au-delà de 5 000 paires de sabot des coûts fixes nouveaux apparaîtront avec l'embauche d'un comptable et d'un chef d'atelier, ainsi que l'acquisition de nouveaux locaux, les coûts fixes moyens augmentent donc. Quant aux coûts variables ils vont aussi augmenter puisqu'il faudra embaucher plus de personnels donc la productivité marginale décroît. Chaque paire de sabot supplémentaire va donc coûter de plus en plus cher, ce qui montre bien la croissance du coût marginal.

Le coût marginal est d'abord décroissant puis croissant à partir d'un certain seuil de production. La courbe d'offre individuelle correspond donc à la partie de la courbe du coût marginal, qui se situe au-dessus du point d'intersection avec la courbe de coût variable moyen. La détermination de l'offre de marché s'effectue par l'agrégation de toutes les offres individuelles. L'offre de marché met donc en relation les quantités offertes en fonction du prix. Il s'agit d'une fonction croissante en fonction du prix (élasticité positive de l'offre par rapport au prix), en effet pour un prix Pb on produit une quantité Qb, pour un prix Pa on produit une quantité Qb, sachant que si Pb > Pa alors Qb > Qa...

Utilité marginale et niveau de production

Lorsque nous prenons une décision sur un marché, nous la prenons " à la marge ". Nous sommes prêt à acheter un pack de coca-cola par semaine, mais deux c'est un peu trop et un troisième pack nous ne le boirions que plus tard. En fait l'utilité que nous ressentons vis-à-vis du second pack est plus faible que pour le premier : si la première bouteille nous a coûté 1,2 euros le fait de l'acheter prouve que notre satisfaction à la consommer est supérieure à 1,2 euros, mais si nous n'achetons pas le deuxième pack cela prouve bien que notre satisfaction décroît au fur et à mesure de notre satiété. La firme Coca Cola connaît bien le principe de la décroissance de l'utilité marginale, elle sait donc limiter sa production aux besoins de ses consommateurs.

Toutes les entreprises doivent ainsi s'adapter : lorsque les consommateurs se tournent davantage vers les PC au détriment de la télévision, les entreprises accepteront de payer plus cher les composants informatiques et de mieux rémunérer les fabricants d'ordinateurs. Mais lorsque les prix des composants et les salaires des fabricants atteignent la limite des coûts que les consommateurs sont prêts à payer, alors la production d'ordinateurs est à son apogée. Un système complexe de coordination se met ainsi en marche et permet de mettre sur le marché tout ce dont les consommateurs ont besoin, des kiwis aux microprocesseurs Pentium. C'est la concurrence que se livrent les entreprises pour attirer de nouveaux consommateurs qui génère cette coordination. Si une entreprise pense que la demande d'ordinateurs va augmenter et qu'elle est la première à en hausser le niveau de production alors elle en tirera un avantage. De même que les entreprises qui ont su prévoir les premières le déclin des ventes de téléviseurs pourront ne pas en pâtir. Ainsi des firmes anticipent bien l'évolution du marché, mais d'autres se trompent, font faillite et doivent licencier.

C'est peut-être difficile à admettre pour certains mais la " dictature du consommateur " montre bien que le marché fonctionne sur le principe de l'égalité. Dans une véritable économie de marché aucune entreprise ne détient de privilèges particuliers octroyés par l'État et tous doivent satisfaire constamment leurs clients pour ne pas disparaître. Loin d'être le lieu où s'exerce un égoïsme destructeur, le marché oriente l'égoïsme vers le service des autres. Le marché récompense l'honnêteté car on préfèrera toujours entrer en affaire avec des gens de confiance. Le marché récompense aussi la civilité car on favorisera tout autant des commerçants cortois et aimables.