Le modèle néo-classique du marché et ses limites


I. L'équilibre sur le marché

A. L'influence des prix sur la demande

1. La loi de la demande

La demande représente la quantité de biens qu’un consommateur achètera pour un prix donné. On déterminera la demande globale par l’agrégation des demandes individuelles.

La demande globale évolue selon la variation des prix.

À partir de la baisse du prix du produit on constatera :

un effet revenu : la baisse de ce prix augmente le pouvoir d'achat du consommateur pour ce bien, il en achètera donc plus ;

un effet substitution : un prix qui baisse rend ce produit moins cher que les autres, donc le consommateur substituera la consommation de ce bien à celui des autres.

Ainsi les acheteurs réagiront par une fonction de demande (globale) : leur demande d’un produit donné sera d’autant plus élevée que le prix du produit sera faible. Les quantités demandées seront donc une fonction décroissante des prix.

La carte d'indifférence du consommateur

2. L’élasticité de la demande par rapport au prix

L’élasticité de la demande par rapport au prix mesure la variation de la demande entraînée par une variation du prix. Si la demande d'un produit augmente de 10 % quand son prix baisse de 5 %, l'élasticité de la demande pour ce produit sera de  e = + 10%/-5% = - 2.

Exercice d'application

Si un porte-monnaie se vend à  1000 unités au prix de 10 € et qu'au prix de 15 € on n'en vend plus que 700, l'élasticité prix de la demande de ce produit sera  : (700 - 1000) : 1000 / (15 - 10) : 10 = - 0,3/0,5 = - 0,6. Ce qui signifie qu'une hausse des prix de 10 % entraîne une baisse des ventes de 6 %. Si cette élasticité est comprise entre –1 et - ¥, alors le pourcentage de variation de la demande est supérieur au pourcentage de variation du prix, la demande est donc très sensible au prix, on dira qu’elle est élastique. C’est le cas pour des biens qui ont des substituts comme la les biscuits et les cookies. Si cette élasticité est de –1, alors le pourcentage de variation de la demande est égal au pourcentage de variation du prix, la demande est donc moyennement sensible au prix, on dira que l’élasticité est unitaire. Si cette élasticité est comprise entre –1 et 0, alors le pourcentage de variation de la demande est inférieur au pourcentage de variation du prix, la demande est donc faiblement sensible au prix, on dira qu’elle inélastique. C’est le cas pour des biens qui n’ont pas de substitut comme le pain ou l’essence.  

Mais attention l'élasticité de la demande par rapport aux prix peut dans de rares cas être positive, cela peut s’expliquer par divers effets :

 

    l’effet Veblen : c’est ce que l’on appelle aussi l’effet de snobisme ou d’ostentation, on achète le produit car il est cher donc permet de se situer socialement ;

     l’effet Giffen : comme la loi d’Engel le pose, plus un ménage est pauvre plus la part de sa consommation en produits de première nécessité est importante, ainsi si le prix des biens de première nécessité augmentent ils devront renoncer à l’achat d’autres produits de meilleur standing pour consommer plus de produits de première nécessité. Exemple  hausse des produits Leader Price, il faut renoncer aux achats de produits Fauchon pour se contenter de produits Leader Price (plus chers mais moins chers que Fauchon) :

   l’effet de spéculation  les consommateurs pensent que la hausse des prix n’et pas terminée sur le produit donc ils se dépêchent d’acheter avant la prochaine hausse (souvent le cas pour l’essence). 

3. La consommation dépend du revenu

Au niveau microéconomique on s’intéressera à l’élasticité de la consommation d'un bien donné par rapport au revenu, soit le pourcentage d’augmentation de la consommation en fonction du pourcentage d’augmentation du revenu. Il apparaît évident qu’une augmentation de revenu permet une augmentation de la consommation.

Si l’élasticité est supérieure à 1 la consommation du bien augmente plus vite que le revenu ce sera le cas pour les dépenses de loisir par exemple, ou l'achat de saumon ou de caviar. On parle là de biens supérieurs.

Par contre si l’élasticité est comprise entre 0 et 1, les biens en question occuperont seront davantage consommés tout en occupant une part moindre de la consommation.

La plupart des biens se situent dans cette catégorie, on parle de biens normaux. Il existe aussi des biens dont  la consommation diminue avec la hausse des revenus on les appelle les biens inférieurs, considérés comme de faible qualité et consommés dans un premier temps car le revenu était trop faible pour consommer autre chose.

B. L'influence des prix sur l'offre

Le producteur fabrique des biens et des services, son objectif est de réaliser le maximum de profits en maximisant les recettes et en minimisant les coûts de production.

1. Les coûts de production 

Le coût de production se divise en des coûts fixes et des coûts variables.

 les coûts fixes  comme leur nom l'indique sont identiques quelle que soit la quantité produite; c'est un minimum incompressible (exemple : loyers, achat d'une usine ). Ainsi que l'on veuille produire un véhicule ou en produire 10 000 il faudra acquiter le coût d'une usine

les coûts variables, par contre, varient en fonction des quantités produites . Ils sont soit proportionnels (matières premières ), soit non proportionnels ( par exemple la main-d'œuvre : en raison des heures supplémentaires payées plus chères ). Ainsi pour produire une voiture il faudra toujours la même quantité de tôles, de roues, le coût d'achat de ces coûts variables va donc dépendre du nombre de véhicules à produire.

2. Application d'une fonction de coût

Supposons que l'on veuille produire des paires de sabot. Pour cela il faut acheter un atelier, des machines, du bois, des semelles, des garnitures, ... Il faudra aussi embaucher du personnel. Les coûts fixes sont ici l'atelier et les machines, supposons que leur coût soit de 150 000   ; les coûts variables sont ici le bois, les semelles, les garnitures, les salaires, supposons qu'ils sont de 11   par paire de sabots. Soit q, la quantité de sabots produits, on aura une fonction cette fonction de coût : C(q) = 11 q + 150 000.

Quel sera le coût de production d'une seule paire de sabots : C(1) = 11 + 150 000 = 150 011

Quel sera le coût de production de 1 000 paires de sabots : C (1000) = 11 000 + 150 000 = 161 000

On peut ici remarquer le coût prohibitif de production d'une seule paire de sabot, soit 150 011  , peu de chance de trouver acquéreur à ce prix là. Par contre produire 9 999 paires de sabots supplémentaires ne coûte que 161 000 - 150 011 soit 10 989   supplémentaire. Le coût de production de chaque paire de sabots supplémentaire baisse donc. Il serait donc intéressant de calculer le coût unitaire de chaque sabot.

Soit C(q)/q, le coût unitaire ou encore coût moyen. Pour une paire de sabot on obtient C(1)/1 = 150 011/1 = 150 011. Pour 1 000 paires de sabots on a C(1000)/1 000 = 161 000/1 000 = 161. C'est déjà plus abordable mais c'est encore cher. On vérifie tout de même la baisse du coût unitaire avec le volume plus important de la production. Ainsi pour 100 000 paires on aurait C(100 000)/100 000 = (1 100 000 + 150 000)/100 000 = 1 250 000/100 000 = 12,5. Plus le volume de production augmente plus le coût unitaire tend vers le coût marginal de 11, ici à 12,5   la paire de sabots on peut imaginer que la production serait rentable.

3. La courbe d'offre

C. Quand l'offre rencontre la demande

1. Le prix d'équilibre

 Le marché permet alors de rendre compatible les offres et demandes pour que l’échange puisse avoir lieu à un prix déterminé, appelé prix d’équilibre, équilibrant les quantités offertes et demandées. Ainsi D>O Þ P­ ­; D<O Þ P¯

Tant que les quantités offertes et demandées ne sont pas égales, on aura :

D > O Þ P­ ­ Þ D ¯ et O­ ­ jusqu’à ce que D = O

D < O Þ P ¯ Þ D­ ­ et O ¯ jusqu’à ce que D = O

Car il est un prix d’équilibre tel que D = O

 

On tire ces conclusions de par le fait que comme nous l’avons vu la fonction d’offre est croissante (par rapport aux prix) et la fonction de demande est décroissante (par rapport au prix). Donc une variation des prix conduira à une évolution inverse de l’offre et de la demande permettant l’équilibre. Tout désajustement. entre l’offre et la demande doit conduire à l’équilibre par le mécanisme des prix.

 

L'ensemble des entreprises produisant des caramels mous révêle les quantités qu'elles sont prêtes à mettre sur le marché en fonction des prix de vente. Ces résultats apparaissent dans le tableau suivant :

 

Prix en euros 1234567891011
Quantités demandées            
Quantités offertes 47101316192225283134

 

 

1 - Déterminez l’équation de droite correspondante à partir des données du tableau, il s'agira ici d'une fonction affine.

2 - L’équation de droite correspondant à la demande de caramels mous est  : Q = 7 - P.

À partir de cette équation, complétez le tableau ci-dessus.

3 - Calculez le prix et la quantité d’équilibre de ce marché.

2. L'autorégulation du marché  

On retrouve logiquement ces résultats, ainsi si le prix d’un bien baisse on se mettra à l’acheter ou à en acheter plus si on était déjà acquéreur, seulement certains offreurs disparaîtront du marché ou vont baisser leurs offres. La baisse de l’offre face à une demande forte va pousser le prix à la hausse ce qui va inciter de nouveaux producteurs à offrir le bien ou à augmenter leur offre et dissuadera certains demandeurs d’acheter, l’offre plus abondante et la demande plus faible vont agir pour baisser les prix, … Toute perturbation de l'offre ou de la demande mène à un nouvel équilibre : le marché s'autorégule par le signal des prix.

 

Représentation graphique des conséquences d'une variation de l'offre, d'une variation de la demande toutes choses égales par ailleurs.

 

Initialement la demande est représentée par D1, et l'offre par O1, les quantités échangées seront de Q1 et le prix P1.

Lorsque l'offre augmente, les quantités proposées par les offreurs sont plus importantes et donc la courbe d'offre glisse vers la droite. 01 devient 02, les prix baissent alors de P1 à P3, alors que les quantités vendues passent de Q1 à Q3.

Lorsque la demande baisse, les quantités réclamées baissent, la courbe de demande glisse donc vers la gauche. D1 devient D2, les prix vont baisser de P1 à P2, alors que les quantités échangées passent de Q1 à Q2.

3. Il existe un marché pour toute chose

Les prix nous indiquent ainsi les préférences des individus, lorsque les prix de certaines choses augmentent nous en réduisons notre demande et certains se demandent s'ils ne devraient pas se mettre à les produire. Par exemple si nous prenons le prix de tel ou tel travail, informaticien par exemple, et que nous constatons que les informaticiens sont de plus en plus chers (le prix de leur travail est ici le salaire) les étudiants finissent par se demander s'ils ne devraient pas se spécialiser dans l'informatique. Mais si d'un coup les salaires baissent alors les vocations vont se faire plus rares.

 

Le marché ne s'applique donc pas seulement à l'échange de biens et de services mais à tous les échanges, que ce soit concernant le travail ou la monnaie.

Ainsi le libre fonctionnement des marchés conduit à un équilibre de plein emploi, tout du moins si le marché du travail fonctionne correctement Ainsi supposons l’apparition d’un phénomène de chômage :

Chômage entraîne Baisse des salaires entraîne Augmentation de la demande de travail par les employeurs entraîne Résorption du chômage.

 

 

Le même mécanisme vaut pour le marché monétaire. Si l’épargne n’est pas suffisante pour alimenter les investissements, alors le marché permettra de rétablir l’équilibre par la variation du prix de la monnaie qui est le taux d’intérêt :  Augmentation des investissements entraîne Augmentation de la demande de monnaie entraîne Augmentation des taux d’intérêt entraîne Augmentation de l’épargne car les prêteurs sont attirés par des taux d’intérêts plus élevés entraîne Équilibre entre  l’investissement et l’épargne.

 

Ainsi les prix synthétisent des informations fondamentales sur les choix des individus Les prix sont fixés en fonction de tous les éléments d'information que l'on possède dans une économie à propos de ce que chaque individu désire, la valeur qu'il donne à toute chose et les meilleurs moyens de produire ces choses. Les prix rendent ces informations disponibles aussi bien aux offreurs qu'aux demandeurs. Ainsi chaque prix nous renseigne sur l'état de la demande pour tel ou tel produit, sur les coûts de production de la matière première au produit fini en incluant les coûts de main d'œuvre. Les prix de marché indiquent aux offreurs qu'un bien peut être produit si son coût de production est inférieur à ce que les consommateurs sont prêts à payer pour l'obtenir.

 

Le vrai coût de chaque chose

Le vrai coût de toute chose n'est pas son prix en euros mais les autres usages que nous aurions pu faire des ressources ou du temps que nous mobilisons pour le produire. Ainsi se lever à 10 h un samedi matin plutôt qu'à 5 h pour aider les marchands forains à dresser leurs étals nous coûte 10 euros, la valeur que nous donnons à notre repos est donc supérieure à 10 euros. Si nous dépensons 20 euros pour nous acheter un livre plutôt qu'un bon repas, une sortie entre amis, … c'est aussi que nous avons fait ce choix de l'usage de nos 20 euros en renonçant à d'autres choix possibles. Le vrai coût de toute chose c'est donc cela, les économistes l'appellent le coût d'opportunité, on peut ainsi exprimer le prix de nos préférences.

Dans un espace économique de plusieurs millions d'habitants il est difficile de connaître les préférences de tous, les aptitudes et goûts professionnels de chacun et le comportement que chacun adopterait en fonction des prix de chaque chose. Que se passerait-il par exemple si on nous proposait 20 euros le samedi matin pour mettre les étals, ou encore si le prix d'un bon livre passait à 30 euros ? Qui resterait dormir, qui travaillerait, et qui achèterait encore le livre ou préférerait une sortie avec des amis ?

 

II. La pluralité des situations de marché

A. Les hypothèses de la concurrence pure et parfaite

La spécialisation du travail est la condition d'une économie marchande dont le principe est collaboratif puisqu'il s'agit en réalité d'échanger notre production contre celle des autres. Mais ceux qui ont choisi la même spécialisation sont concurrents et cette concurrence est la garantie que chacun fera de son mieux pour assurer le meilleur service qualité-prix pour les marchandises qui satisferont au mieux le public. Les demandeurs de biens et services savent le prix qu'ils sont disposés à payer pour obtenir ce qu'ils cherchent, les salariés savent à quel salaire ils peuvent prétendre et les fournisseurs de matières premières déterminent le prix en-dessous duquel ils ne vendront pas, tous ces éléments permettent aux entrepreneurs de déterminer un prix.

1. La concurrence pure

          L'atomicité du marché :  les demandeurs et les offreurs sont tellement nombreux (comme les atomes) qu'ils ne peuvent influer sur les prix, on dit que les agents sont  "price taker".

          L'homogénéité du produit :  le consommateur doit être incapable de différencier les produits, en fonction de l'entreprise qui les fabrique ; par conséquent, une sauce tomate X est la même qu'une sauce tomate Y pour le consommateur.

          La fluidité du Marché quiconque veut formuler sur le marché, une offre ou une demande en a la possibilité, sans coût ni délai ce qui suppose que l'entrée et la sortie du arché soient libres. Cela signifie que les quantités échangées et les prix sont libres ( absence de quotas, de contingentement, de rationnement… absence aussi de rigidités tels que les cartels, ou les intrusions de l'État…). 

        2. Concurrence parfaite

        La transparence du marché :  tous les agents économiques doivent pouvoir accéder à toutes les informations disponibles, en particulier avoir la possibilité de connaître tous les prix qui cristallisent l'information ( parfaite et gratuite).

        La mobilité des facteurs de production :  les facteurs de production ( capital - travail ) doivent pouvoir se déplacer sans obstacle d'une activité à une autre en fonction des perspectives de salaires et de profits. Exemple : si une industrie est moins rentable, les facteurs de production doivent pouvoir aller vers une autre activité plus florissante.

B. Des hypothèses irréalistes    

Les hypothèses de la concurrence pure et parfaite sont irréalistes (voir Simonnot).

 

Quelle condition de la concurrence pure et parfaite est-elle la moins vérifiée ?               

             1. La concurrence monopolistique (page 184-185 du Simonnot)...

Les entreprises chercheront à différencier les caractéristiques de leur produit pour briser l'homogénéité et en faire un produit unique (la lessive à grains bleus par exemple) ou dont les conditions de service sont différentes (durée de garantie, dépannage 7jours/7). Cette différence dans le produit peut donc être objective, ou bien encore subjective quand la publicité lui donne une image qui créée la différence.

 

Mais la concurrence monopolistique permet-elle des prix de monopoles ?

 

L'expression de concurrence monopolistique ou imparfaite est appliquée de nos jours à des cas où il y a quelques différences dans les produits de différents producteurs et vendeurs. Ceci revient à inclure à peu près tous les biens de consommation dans la catégorie des biens monopolisés. Mais la seule question qui compte pour l'étude de la détermination des prix est de savoir si ces différences peuvent être utilisées par le vendeur dans un dessein de restriction délibérée de l'offre afin d'accroître son profit net total. C'est uniquement si cela est possible et effectivement réalisé que des prix de monopole apparaissent en tant que différents des prix de concurrence. Il peut être vrai que chaque vendeur ait une clientèle qui préfère sa marque à celle des concurrents et ne cesserait pas d'acheter même si le prix était relevé. Mais le problème pour le vendeur est de voir si le nombre de ces gens est assez grand pour faire plus que compenser la réduction des ventes totales qu'entraînerait l'abstention d'achat de la part d'autres personnes. Dans ce cas seulement il peut considérer comme avantageuse la substitution d'un prix de monopole au prix concurrentiel.

 

Ludwig Von Mises, L'action Humaine

Le profit est-il possible dans une économie de concurrence pure et parfaite, expliquez (186-187).

Qu'est ce qu'un monopole contestable ? (193), les économies d'échelles permettent elles d'éliminer les petits producteurs ?

 

            2. Les monopoles

L'atomicité du marché n'est pas toujours assurée. Les monopoles privés peuvent exister, mais s’ils ne sont pas protégés par l’État, ils seront contestables. On appelle ainsi monopole contestable, un monopole pouvant à tout moment être soumis à la concurrence. Ainsi un monopole peut exister car un nouveau procédé a été inventé (condition d'homogénéité brisée), car il vend à un prix inférieur au coût de revient de ses concurrents potentiels, si ses prix augmentent ou son service se dégrade, une concurrence apparaîtra.

 

Il existe aussi des monopoles d’État dits de « service public » comme EDF-GDF,  la SNCF, la RATP …. Par contre ces monopoles public sont incontestables car l’État interdit toute concurrence donc toute entrée sur le marché. Sur ces monopoles l'entreprise fixe ses prix et ne craint que la concurrence de produits substituables. Les monopoles ne sont donc pas un obstacle au fonctionnement d'un marché libre dont les prix régulent l'offre et la demande, seule les barrières à l'entrée permises par l'incontestabilité font échec à la régulation du marché.

Pour aller plus loin :

Sans l'intervention de l'État il est absolument impossible pour un apprenti-monopoleur de fixer ses prix et sa production selon ses caprices. Car si ses prix et sa production sont tels qu'ils permettraient à des concurrents potentiels de s'installer en vendant plus et moins cher tout en réalisant des profits alors le monopole détenu s'évanouirait. Le régulateur ultime de la concurrence dans une économie libre c'est le marché du capital. Aussi longtemps que les capitaux sont libres de circuler, ils iront s'investir là où les perspectives de profits sont les plus importantes. L'investisseur potentiel ne prendra pas seulement en compte le rendement actuel mais aussi les rendements espérés dans tels et tels secteurs. Sa décision relative aux investissements dans une activité particulière tiendra aussi compte des coûts de production. Le monopoleur étant souvent capable de dégager des économies d'échelle, ses coûts seront plus faible que ceux des nouveaux entrants. C'est pourquoi une économie de marché ne garantira pas qu'un monopoleur réalise des profits importants se trouve, du jour au lendemain, confronté à la concurrence. Elle garantit seulement qu'un monopoleur réalisant de gros profits par ses prix élevés plutôt que ses coûts réduit va se trouver rapidement confronté à des challengers. Le marché des capitaux intervient là comme un régulateur des prix plus que des profits, il permet au producteur de gagner à condition que celui-ci baisse ses coûts et augmente sa productivité par rapport à ses concurrents réels ou potentiels. Ainsi il y a bien incitation à augmentation de la productivité mais aussi à l'augmentation du niveau de vie par la pression à la baisse sur les prix favorisant les consommateurs.

 

L'histoire de la Compagnie d'Aluminium des États-Unis (ALCOA) avant la seconde guerre mondiale illustre ce processus. A la recherche de son intérêts et de la rentabilité à long terme de son marché en pleine croissance, ALCOA avait maintenu le prix de l'aluminium a un niveau suffisamment bas pour conquérir un maximum de clients. A des niveaux de prix si faibles les profits n'étaient possibles qu'au prix de prodigieux efforts pour augmenter la productivité. ALCOA était en situation de monopole puisqu'il était le seul à produire de l'aluminium, mais ce monopole était contestable et donc pour le maintenir ALCOA devait tenir compte du marché et ne pas augmenter ses prix.

 

Pour approfondir davantage

 

L’utilisation de la propriété individuelle se complète de l’état de concurrence. Cette concurrence est naturelle et résulte de la liberté d’entreprendre par l’usage de sa liberté individuelle, elle est aussi une contrainte qui pousse à l’excellence. Ainsi la concurrence forme une main invisible qui permet au consommateur et au producteur de bénéficier mutuellement du marché. Le producteur, naturellement poussé à proposer ses biens et services de manière à maximiser ses gains, ne pourra pour autant sacrifier la qualité ou être trop gourmand sur ses prix, sa cupidité le mènerait tout droit à la faillite. Le consommateur, de son côté, cherchera toujours mieux et moins cher.

Véritable système de motivations et de sanctions individuelles, la concurrence laisse libre cours à la créativité ; stimule l’innovation par l’encouragement à la découverte et à l’utilisation de nouveaux produits, de nouveaux procédés, elle oriente ainsi l’entreprise vers une combinaison plus efficace de ses ressources. Enfin, elle est un moyen d'allocation efficient par l’orientation qu’elle donne aux facteurs productifs vers leurs usages les plus utiles à la société.

En un mot la concurrence, réelle ou potentielle en marchés contestables, veille à ce que nous faisions le meilleur usage possible de la liberté d’entreprise. Cette concurrence est naturelle et s'imposera toujours sauf si les hommes de l'État, pour le malheur des peuples, en décident autrement.

 

1. La concurrence est-elle une contrainte, une opportunité ? Et pour qui ?

2. Qu'est ce qu'un marché contestable ?

3. Connaissez vous des situations de monopole, lesquels, ces monopoles s'exercent-ils sur des marchés contestables ?

        3. L'information imparfaite

La recherche d'information a un coût en temps ou en argent, et les agents prennent des décisions sans avoir recueillis une information exhaustive, on parle de rationalité limitée (Herbert Simon). Voir Simonnot, page 197, "l'information étant parfaite, il (le producteur) n'est confronté à aucune incertitude, à aucun risque. Il n'est qu'un technicien supérieur juste capable d'administrer une entité dont les paramètres sont parfaitement connus de tout le monde." Ce n'est effectivement pas ainsi que cela se passe dans la réalité.

 

Les entreprises réalisent des anticipations

Lorsque nous prenons une décision sur un marché, nous la prenons " à la marge ". Nous sommes prêt à acheter un pack de coca-cola par semaine, mais deux c'est un peu trop et un troisième pack nous ne le boirions que plus tard. En fait l'utilité que nous ressentons vis-à-vis du second pack est plus faible que pour le premier : si la première bouteille nous a coûté 1,2 euros le fait de l'acheter prouve que notre satisfaction à la consommer est supérieure à 1,2 euros, mais si nous n'achetons pas le deuxième pack cela prouve bien que notre satisfaction décroît au fur et à mesure de notre satiété. La firme Coca Cola connaît bien le principe de la décroissance de l'utilité marginale, elle sait donc limiter sa production aux besoins de ses consommateurs. Toutes les entreprises doivent ainsi s'adapter : lorsque les consommateurs se tournent davantage vers les PC au détriment de la télévision, les entreprises accepteront de payer plus cher les composants informatiques et de mieux rémunérer les fabricants d'ordinateurs. Mais lorsque les prix des composants et les salaires des fabricants atteignent la limite des coûts que les consommateurs sont prêts à payer, alors la production d'ordinateurs est à son apogée. Un système complexe de coordination se met ainsi en marche et permet de mettre sur le marché tout ce dont les consommateurs ont besoin, des kiwis aux microprocesseurs Pentium. C'est la concurrence que se livrent les entreprises pour attirer de nouveaux consommateurs qui génère cette coordination. Si une entreprise pense que la demande d'ordinateurs va augmenter et qu'elle est la première à en hausser le niveau de production alors elle en tirera un avantage. De même que les entreprises qui ont su prévoir les premières le déclin des ventes de téléviseurs pourront ne pas en pâtir. Ainsi des firmes anticipent bien l'évolution du marché, mais d'autres se trompent, font faillite et doivent licencier. C'est peut-être difficile à admettre pour certains mais la " dictature du consommateur " montre bien que le marché fonctionne sur le principe de l'égalité. Dans une véritable économie de marché aucune entreprise ne détient de privilèges particuliers octroyés par l'État et tous doivent satisfaire constamment leurs clients pour ne pas disparaître. Loin d'être le lieu où s'exerce un égoïsme destructeur, le marché oriente l'égoïsme vers le service des autres. Le marché récompense l'honnêteté car on préfèrera toujours entrer en affaire avec des gens de confiance. Le marché récompense aussi la civilité car on favorisera tout autant des commerçants courtois et aimables. 

 

4. La difficulté de mobilité des facteurs de production

Les capitaux ne s'adaptent pas facilement d'une activité à une autre, en outre les connaissances et l'expérience nécessaires pour réorienter ses activités dans un secteur différent freinent cette mobilité. Quant au facteur travail il est apparent que les salariés ne sont pas parfaitement mobiles sectoriellement et géographiquement. Formation et adaptation de la famille aux mutations sont nécessaires. 

 

III. Des défaillances du marché ?

A. Intérêt particulier et intérêt général  : une remise en cause de la main invisible

1. Le dilemme du prisonnier

prison

Supposons que deux individus mis en examen pour une affaire de cambriolage soient mis en détention préventive. L'officier de police enquêtant sur l'affaire va les voir séparément et leur propose à chacun le même marché : "Je sais que le cambrioleur c'est l'un de vous deux ou vous deux ensemble. Donc si tu avoues que c'est toi et que ton complice avoue aussi vous aurez chacun une peine de trois ans de prison, si tu le dénonces en plaidant ton innocence et qu'il en fait autant vous en prendrez pour cinq ans, par contre si tu le dénonces et qu'il avoue, tu seras libéré et lui fera cinq ans de prison, si c'est tu plaides coupable et qu'il te dénonce c'est toi qui fera les cinq ans et lui sera libéré.

 

Si les deux prisonniers se rencontrent on peut supposer qu'ils s'engageront dans la solution la plus avantageuse pour eux qui est de plaider chacun coupable. Mais si le prisonnier 1 est certain que l'autre va plaider coupable, alors il a intérêt à trahir son engagement en le dénonçant et en plaidant son innocence, le prisonnier 2 fera le même calcul, chacun croyant pouvoir ainsi être libéré. Donc chacun va dénoncer l'autre, ils vont bien trahir leur engagement et faire chacun 5 ans de prison.


Détenu 1
avoue (C)
dénonce (T)
Détenu 2
avoue (C)
(3, 3)
(0, 5)
dénonce (T)
(5, 0)
(5, 5)

Lire le principe dans Simonnot, quelle leçon peut-on tirer du dilemme du prisonnier ? (page 83)

À partir du dilemme du prisonnier imaginé par John Nash, les économistes keynésiens oont voulu montrer que la rationalité individuelle (microéconomique) ne garantirait pas nécessairement un résultat optimum au plan collectif (macroéconomique), ce qui signifierait que la somme des intérêts particuliers ne seraient pas toujours l'intérêt général. Dans le dilemme du prisonnier chacun en recherchant son intérêt personnel opte pour la pire solution pour lui-même.

Donc l'État devrait intervenir au nom de l'intérêt général pour imposer certains choix que les individus ne sont pas capables de percevoir, aveuglés par leurs intérêts propres et leurs tendances à ne pas honorer leurs engagements si tel est leur intérêt.

                      2. L'échange libre reste-t-il possible ?

Le dilemme du prisonnier s'applique à des transactions ponctuelles, il ne s'applique pas à des courants d'échange réguliers. Comme l'expose Robert Axelrod : "L'intérêt de l'individu à susciter et à conserver la coopération de ses semblables afin d'être efficace dans la vie, constitue un des facteurs les plus puissants de collaboration et de production volontaire de biens publics dans la société."

Ainsi la stratégie la plus efficace, programmée par le professeur Anatol Rapoport est appelée Tit for Tat. Les règles de conduite qui caractérisent cette stratégie ressemblent à celles que l'individu civilisé et efficace adopte intuitivement dans ses relations avec autrui :

1. Toujours commencer par coopérer sans arrière-pensée.

2. Exercer des représailles immédiates à l'endroit de celui qui ne coopère pas, en refusant de coopérer au tour suivant.

3. Pardonner rapidement à un tricheur repenti.

4. Ne pas être envieux du succès d'autrui.

5. Ne pas manifester un comportement trop difficile à comprendre et à prévoir.

 

Cela signifie notamment qu'un individu a intérêt à ne pas jouer au passager clandestin. Même quand elle n'est pas immédiatement rémunérée, la coopération réciproque est profitable et dans l'intérêt de chacun.

 

Possède-t-on un avantage à tromper son prochain ? (85-86)  Dans le cas d'un échange unique oui.

La confiance est-elle nécessaire à l'échange -? Le dilemme du prisonnier s'applique-t-il au maintien d'un courant d'échange ? Mais pas dans le cas de l'établissement d'un courant d'échange régulier avec un partenaire désigné, ou même dans le cas de réalisation d'autres échanges avec n'importe qui (voir arbitrage)

 

Le socialisme : l'absence de prix

B. Les biens collectifs et les externalités   

1. Les biens collectifs 

Le marché suppose que la production d'un bien est conditionné par le profit qu'en obtiendra son producteur. On suppose donc, pour que le profit soit possible, que ce bien puisse être acheté par un demandeur dans le sens où il accepte d'en payer le prix. Seulement il existe des biens dont il est possible de profiter sans en payer le prix dans la mesure où l'on ne peut contôler l'accès à ces biens (non exclusivité) et le fait de profiter de ce bien n'en limite pas le profit que les autres en tirent (non-rivalité). Ainsi si les habitants d'une rue souhaitent installer des reverbères pour plus de sécurité, il suffit que quelques uns financent ces travaux pour que tous les autres en profitent. Il est donc rationnel de cacher cette préférence pour que les autres paient à notre place et que l'on en bénéficie sans rien payer. Mais si tous adoptent ce comportement alors aucune chance que des biens collectifs soient produit. On suppose donc que l'État doit intervenir pour imposer ce financement par l'impôt.

2. Le cas des externalités

Définissez les externalités, en donner des exemples (161)

À partir de la caractéristique de non-rivalité des biens collectifs on montre que des biens peuvent avoir des effets positifs sur ceux qui n'en ont pas payé le prix, ces tiers qui profitent d'un contrat qu'ils n'ont pas signé, profitent donc d'effets externes (au contrat) positifs. Par extension, une externalité (ou effet externe) ce sont les conséquences d'une activité d'un agent sur d'autres agents, conséquences qui peuvent être importantes alors que celles-ci n'étaient pas voulues et n'ont donc pas fait l'objet d'une transaction.

Mais les externalités peuvent aussi être négatives :  la fumée de cigarette dont "profitent" ceux qui ne l'ont pas payé, mais surtout l'exemple le plus connu en est la pollution ainsi que toutes les utilisations abusives des ressources naturelles, c'est-à-dire de biens non excluables mais rivaux.

Comme le montre Pigou, dans le cas d'effets externes négatif, le coût social de l'activité est supérieur au coût privé (et vice versa pour le bénéfice dans le cas d'effets externes positifs), l'Etat pourrait donc intervenir en faisant que le coût social et le coût privé s'égalisent (taxer les activités donnant lieu à des externalités négatives, subventionner celles donnant lieu à des externalités positives). Il est possible néanmoins d'internaliser ces effets externes par le principe du pp ou la mise sur le marché de droits de polluer proposé par Coase (page 178), droits détenus par les propriétaires et riverains qui les vendrait aux pollueurs pour réparer la pollution subie, droits plus ou moins élevé selon le prix que l'on accorde à une nature propre et qui permettrait de ne faire payer que les pollueurs et non la collectivité.

Les externalités, le marché et l'Etat

 

Bibliographie :

Libertarianism, a primer : David Boaz, chapitre 8
Antitrust, Alan Greenspan, dans Capitalism, d'Ayn Rand