La trappe à la pauvreté


Comparaison des revenus mensuels nets disponibles

Ce graphique décrit l'évolution des revenus de deux personnes perdant leur emploi au Smic en décembre de l'année zéro.

Le premier reste au chômage : il perçoit l'Allocation unique dégressive (AUD) jusqu'en juin 2003, en subit la dégressivité, perçoit l'allocation logement de juin 2002 à juillet 2003 puis bascule dans le RMI en août 2003.

Le second retrouve un Smic a mi-temps en mai 2001 : il cumule son salaire et des indemnités journalières. En mai 2002, il bénéficie de l'allocation logement car son AUD est neutralisée dans ses ressources. En novembre 2002, il perd le bénéfice de l'intéressement au retour à l'emploi et va gagner pendant 21 mois 90 euros de moins que son collègue qui ne travaille pas.

La trappe à la pauvreté : en Australie aussi

Cette situation aberrante dans laquelle il vaut mieux financièrement profiter de l'aide sociale que de vivre de son propre travail est typique de l'État-Providence français. Mais il existe aussi dans d'autres pays qui se sont fourvoyés dans le "tout-social" et qui, contrairement à la France, en sortent.

Bob Gregory, professeur d'économie, a montré devant l'Institut Australien d'études sur la famille que les mères célibataires australiennes sont enfermées dans l'assistanat et ne peuvent y échapper qu'en trouvant un travail à temps plein qui compense ce qu'elle percevrait sans travailler, soit 32 000 dollars australiens. Sur une enquête menée entre 1995 et 2001, le pourcentage de mères célibataires qui sortait des dispositif de l'aide sociale y était le même que celui qui y entrait. Et parmi celles qui en sortaient, une petite partie seront prises en charge par le régime chômage, ou par des pensions d'invalidité ; la plus grande partie se retrouvait dans le système d'allocations pour parents pauvres, ce qui signifie qu'elles en sortent par des unions avec des hommes au chômage ou peu rémunérés. Dans la mesure où ces unions ne duraient pas, elles retournaient quelques temps après dans le dispositif des mères célibataires.

Celles qui réussissaient durablement à sortir de la trappe à la pauvreté le durent par leur union avec un homme travaillant à plein temps. Bob Gregory en déduisait d'une façon quelque peu ironique que le recours au temps partiel même s'il n'est pas financèrement rentable "permet d'augmenter les chances de rencontre avec un homme d'une catégorie sociale plus élevée gagnant relativement bien sa vie."

Questions
1. Pourquoi les emplois à temps partiels ne permettent-ils pas aux femmes célibataires d'échapper à la trappe à la pauvreté ?
2. Ont-elles cependant intérêt à accepter un emploi à temps partiel, pour quelle raison ?
3. La protection sociale des mères célibataires rentre-t-elle dans le cadre d'une logique assurantielle ou d'assistance, expliquez.