Le coût de la réglementation du travail


Document 1 : Ce n'est pas le marché qui créé le chômage

Le marché du travail en France est caractérisé aujourd’hui par la coexistence d’un côté d’un nombre important de chômeurs de longue durée et de chômeurs diplômés ; d’un autre côté, par une pénurie croissante de personnel dans un nombre important de secteurs, que ce soit de personnel qualifié ou non. Le moins que l’on puisse observer est donc une grande défaillance dans la quête d’un équilibre du marché du travail. Face à ce constat, on en appelle généralement aux pouvoirs publics. Pour autant, le marché du travail en France est-il l’exemple d’un marché libre ou d’un marché perturbé à force de réglementations ?

Il suffit de mentionner l’existence du S.M.I.C., de la complexité du droit du travail, du poids des charges sociales, des nouvelles réglementations, du poids de l’État dans l’éducation et la formation pour constater qu’il n’existe pas, dans les faits, un réel marché du travail sur le dos duquel on pourrait imputer la responsabilité du chômage.

Pôle emploi

Sans avoir la prétention de trancher une question si complexe, l’économiste n’a pas le droit de s’interdire de se poser la question inverse. N’est-ce pas plutôt les tentatives constantes et maladroites de régulation forcée et de manipulation de l’offre et de la demande de travail, par des mécanismes réglementaires et administratifs (telles les conventions collectives qui se substituent de plus en plus au contrat de travail dont le fondement est individuel) qui neutralisent toutes possibilités d’ajustement fin, qu’il soit quantitatif ou qualitatif. Le moins que l’on puisse constater est que cette tentative de « régulation » se solde par de terribles et coûteux échecs. Si les échecs de la régulation sont plus coûteux que les imperfections de la concurrence qu’elle était censée corriger, n’aurait-on pas plus intérêt à restaurer les conditions du plein épanouissement des lois économiques ?

En tout cas, la redoutable question du chômage nous renseigne plus sur les défaillances de l’administration et de sa gestion que sur les prétendues défaillances inhérentes à un marché libre. Car comment imputer le déséquilibre constaté aux défaillances d’un marché qu’on empêche précisément de fonctionner ?

Jean-Louis CACCOMO, anti-manuel d'économie, 2005

 

Document 2 : Le pari de l'embauche

En France, le marché du travail est perturbé de multiples façons par les réglementations qui pèsent sur lui. D'abord le coût du travail salarié pour l'employeur ne coïncide pas, loin de là avec les salaires nets perçus, ce qui conduit à réduire le volume de travail demandé et offert dans le pays. De plus la difficulté et le coût des licenciements surpénalise les populations dont l'employabilité est, selon les employeurs, la plus faible et ce n'est pas la création d'institutions répressives telles que la HALDE qui risquent de résoudre cette discrimination, bien au contraire.

Ainsi le marché du travail est un marché sur lequel les employeurs font des paris en fonction de données statistiques ou de fantasmes. Ceci est dû au phénomène d'incomplétude du contrat de travail que l'on peut schématiser ainsi : l'employeur sait à l'avance ce que lui coûtera l'embauche d'un salarié supplémentaire, par contre il ne sait pas ce que ce salarié lui rapportera. Or, en pratique, il ne peut embaucher un salarié qui lui coûtera davantage que ce qu'il rapportera.
Son pari consistera donc à ne recruter que le personnel le plus capable de remplir les tâches qu'il entend lui confier, c'est-à-dire un personnel compétent, qui restera durablement dans l'entreprise pour pouvoir être formé, et dont le comportement au travail sera irréprochable. En un mot un personnel à forte employabilité. Il évitera donc d'embaucher des personnes sans expérience professionnelle ou proche de l'âge de la retraite, des demandeurs d'emploi de longue durée, des personnes sans diplômes, vivant dans des quartiers difficiles ou des minorités. Ce n'est pas tant certains individus qu'il excluera mais certaines caractéristiques qu'il leur prête et qui rendent son pari plus risqué.
Les populations à plus faible employabilité, victime de la rigidité du CDI, enchaînent donc les contrats atypiques de type CDD ou intérim, quand ils ne plongent pas dans le chômage d'exclusion.
À cet égard, le CNE déjà enterré, en allongeant la période d'essai à 2 ans limitait les risques liés au pari de l'embauche à durée indéterminée et permettait une meilleure insertion dans le travail. Seulement voila, au nom de la sauvegarde du droit du travail les syndicats ont eu sa peau.

Xavier COLLET, liste ADEL, 8 juillet 2008

 

Questions

 

1. Quels sont les symptômes du dysfonctionnement du marché du travail ?

2. Peut-on vraiment parler de marché du travail, pourquoi ?

3. Comment résoudre les dysfonctionnement en matière d'ajustements de l'offre et de la demande sur le marché du travail selon l'auteur du premier texte ?

4. Expliquer la phrase en italique du second texte.

5. Comment expliquer qu'une partie de la population ne trouve à se faire embaucher que par le biais de contrats précaires ?

6. Quelle moralité peut-on tirer de la conclusion du second texte ?