De l'utilité


 

Questions et interrogations à partir de la leçon "de l'utilité" tiré des 39 leçons d'économie contemporaine de Philippe Simonnot.

 

Certains économistes et sociologues prétendent que nous ne sommes pas les meilleurs juges de ce qui nous est utile.

Galbraith, par exemple, prétend que ce sont les industriels qui nous conditionnent pour que nous pensions que leurs produits nous sont utiles, Marx énonce que nos goûts sont déterminés par nos origines de classe.

Les uns comme les autres sont déterministes et cherchent à montrer que nous ne sommes pas libres de nos choix même si nous le croyons, ainsi il est possible de mettre un arsenal théorique permettant à l'Etat de violer les libertés individuelles pour "notre bien" ou au nom d'un mythique intérêt général.

 

Qu'est ce que le déterminisme ?

 

Je suppose par le raisonnement que je suis déterminé comme tout le monde l'est, mais ne suis-je pas déterminé à penser que je suis déterminé ? Dans ce cas je ne pense pas que je suis déterminé par l'utilisation de ma raison (raisonner soi-même suppose que l'on soit libre de ses raisonnements) mais par d'autres qui veulent me faire croire que je suis déterminé.

 

Exemple :

Tu penses que tu es déterminé parce que tu es sociologue.

Mais non cela n'a rien à voir !

Alors qu'est ce qui te fait croire que l'on est déterminé ?

Parce que je vois comment les gens agissent, ils écoutent une musique et ils veulent l'acheter.

Pas toi ?

Non moi je sais que la pub nous influence donc je ne me fais pas avoir.

Mais toi tu lis dans toutes les revues de sociologie et dans les media que les gens sont déterminés, tu es donc déterminé toi aussi.

Non, nous les sociologues on a découvert cela par notre raisonnement sans être déterminé à le penser.

Donc seuls vous pouvez raisonner librement et sans être déterminé, influencé ?

Oui.

Une conclusion scientifique est valable si elle s'applique à tous et en tout lieu, si toi tu n'es pas déterminé (à penser que l'on est déterminé) alors tu es l'exception qui montre que nous ne sommes pas déterminés.

 

Le principe du déterminisme suppose deux postulats :

 l'homme n'est pas libre mais déterminé par son environnement ;

les mêmes causes créent les mêmes effets or nous pouvons connaître et contrôler toutes les causes.

        

Le premier postulat suppose donc que l'homme soit déterminé  dans ses goûts et ses comportements par des éléments extérieurs, sa culture, la publicité, son origine sociale etc …

La psychanalyse nous montre une détermination venue de l'enfance, la sociologie montre que des déterminismes sociaux influencent notre comportement.

Expliquer que nous sommes déterminé par notre environnement implique d'identifier les éléments qui nous déterminent, si nous savons ce qui nous influence alors nous pouvons agir pour ne pas être influencés donc nous pouvons être libres et autonomes.

 

On peut illustrer le déterminisme par le démon de Laplace. Laplace est un physicien de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècle. Une intelligence qui connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée (le démon de Laplace), aussi bien les plus grands corps de la nature que les plus légers atomes, pourrait prévoir entièrement l'avenir.

 

En utilisant les deux postulats déterministes,  on croit pouvoir changer l'homme en modifiant les éléments qui le déterminent (à l'extrême c'est la vision communiste de l'homme nouveau : celui qui ne serait plus mû par son seul intérêt). Le déterminisme suppose aussi que les économistes avec les hommes politiques puissent intervenir dans l'économie pour obtenir les résultats qu'ils veulent (ex : il suffit de passer aux 35 heures pour qu'il y ait du travail pour tous).

 

Les Libéraux au contraire pensent que l'homme et la société sont complexes, on ne peut pas dire confronté aux mêmes environnement tous réagissent de la même manière, on suppose donc le libre arbitre de l'homme, on ne suppose pas non plus qu'il suffise d'adopter une mesure pour obtenir ce que l'on désire, créer du travail pour tous résulte d'une multitude de facteurs que les économistes et les politiciens ne connaissent pas ou ne peuvent contrôler.

On pourra illustrer ce principe par le papillon de Lorenz, réfutation de l'image du démon de Laplace. Cet exemple porte sur la météorologie. Pour prévoir le temps, il faut connaître l'état exact de toutes les molécules d'air (des milliards de milliards!). Supposons qu'on connaisse l'état des molécules d'air et qu'on les programme dans un ordinateur (distribution des températures, des nuages, des vents etc.). On met la machine en marche et on calcule : dans un an il fera beau temps. Or, au moment où l'on met la machine en marche, un papillon s'envole à l'autre bout de la terre. Le souffle provoqué par le mouvement de ses ailes déplace quelques molécules d'air qui en déplacent d'autres etc. Le pronostic météorologique en est modifié : dans un an, il pleuvra.

 

Pourquoi la science économique est-elle critiquée ?

 

Dismal Science, c'est le nom que l'on avait donné à la science économique au XVIIIème siècle. On voulait alors la présenter comme s'intéressant uniquement aux mécanismes de l'enrichissement,  de l'échange, de la production, de la consommation, de l'investissement. Toutes ces choses très matérialistes et auxquelles on ne devait pas s'intéresser quand on est un homme de goût car parler d'argent c'est vulgaire "vulgus = du peuple". N'oublions pas que sous l'ancien régime un noble ne pouvait pas, sous peine de déchoir, exercer d'autres métiers que ceux de la guerre ou de l'administration, les activités de banques étaient laissées aux bourgeois Italiens ou au Juifs, les activités de commerce aux bourgeois qui appartenaient au Tiers-Etat.

Mais le domaine de l'économie est bien plus large que celui que lui avait donné Smith, on dirait aujourd'hui que l'économie s'intéresse à tout ce qui est marchandise (sujet à un marché donc à échange) donc à l'art, à la culturelle, etc … Le bénévolat, la charité qui sont loin de conceptions matérialistes, peuvent aussi être étudiés comme des objets d'échanges. En s'affranchissant de la morale et des "bons comportements citoyens", l'économie est donc "une menace pour les pouvoirs établis" (voir fable des abeilles).
L'économie s'intéresse aussi à l'Etat, aux mécanismes du pouvoir, à la politique, des économistes ont étudié notamment les motivations des dirigeants et ont montré que la recherche de l'intérêt général n'était pas leur première motivation.

 

Quelle différence entre les notions de valeur-travail et de valeur-utilité ?

 

Valeur travail : la valeur d'un bien dépend du nombre d'heures de travail nécessaires pour le produire.

Valeur utilité : la valeur dépend du besoin que l'on a du produit, et de fait un produit dont on a pas besoin ne vaut rien même si il nécessite beaucoup d'heures de travail.